”Saint Innocent était originaire d’une famille princière de Moscou. D’abord moine au monastère de Saint Cyrille du Lac-Blanc (cf. 9 juin), il devint le premier disciple de saint Nil (cf. 7 mai), avant même la fondation de sa skite de la Sora, et voyagea avec lui à Constantinople et au Mont Athos. Puis il l’aida dans la fondation de la skite et dans la direction des frères. Humble et doux, il passait tout le temps qu’il ne consacrait pas à la prière à étudier, comme son maître, les saintes écritures, en les scrutant avec tout son esprit. Sentant sa fin prochaine, saint Nil envoya Innocent à Komel, dans le district de Vologda, en lui disant : « C’est là que Dieu te glorifiera, et tu y fonderas un monastère qui sera cénobitique. » Saint Innocent accomplit ce commandement dès le bienheureux repos de saint Nil, et il fonda une skite sur le modèle de celle de la Sora, dans un lieu quasiment inaccessible, au milieu de forêts et de fourrés impénétrables. Mais, par la volonté de Dieu, de nombreux frères à l’âme altérée vinrent à lui comme auprès d’une source d’eau vive.

Au terme de longues années remplies de grâce, le saint laissa avant de mourir un testament à ses disciples, dans lequel il disait :« Souvenez-vous de moi, pécheur, dans vos saintes prières. Je me prosterne devant vous, Pères et Frères, et je vous exhorte à éviter toute querelle ou dispute, mais que règnent parmi vous l’amour du Christ et la paix spirituelle, en suivant fidèlement toutes les prescriptions du saint staretz Nil. » Et il leur demanda d’édifier une église dédiée à saint Jean le Précurseur, le Père des moines, avant de s’endormir en paix, le 19 mars 1521 (ou 1491). Par la suite la skite devint un monastère cénobitique, conformément à la prédiction de saint Nil. Saint Innocent rédigea une Introduction aux écrits de saint Nil de la Sora, dans laquelle il enseigne que la purification du cœur des passions et des pensées mauvaises se réalise plus par la vigilance et la prière intérieure que par les prescriptions extérieures et l’ascèse corporelle. Puis, après avoir recommandé la vie des skites, à deux ou trois frères ensemble, comme la plus convenable aux débutants, la vie érémitique n’étant accessible qu’à ceux qui ont été longuement éprouvés dans l’obéissance, il ajoute un chapitre sur la signification du jeûne, dans lequel il propose de suivre la voie royale : manger avec mesure, juste assez pour soutenir ses forces, avec foi en Dieu seul et sans s’enorgueillir de ses exploits ascétiques.