(Jn 20,19-31)
Comme est admirable le rapport entre une mère et son enfant ! D’un côté, l’amour et le sacrifice, et de l’autre, la foi et l’obéissance.
Y a-t-il d’autre chemin vers le bonheur pour un enfant que d’avoir confiance en sa mère et de lui obéir ? Y a-t-il pire monstre qu’un enfant qui n’a pas confiance en sa mère et ne lui obéit pas ?
La foi est le chemin le plus chaste vers la prise de conscience. Quiconque dévie de ce chemin, devient malhonnête, impur.
La foi est le chemin le plus rapide de la prise de conscience. Quiconque dévie de ce chemin, se retrouve sur une voie secondaire.
Là où il y a la foi, il y a aussi un conseil ; là où il n’y a pas de foi, le conseil n’aide pas.
Là où il y a la foi, il y a aussi le dialogue; là où la foi manque, le dialogue manque également; alors le doute et la tentation prennent la place du dialogue.
Un étranger n’a pas confiance dans un autre étranger; un proche a confiance dans l’un de ses proches. Quand la foi s’installe au milieu de gens étrangers les uns aux autres, ces derniers deviennent des proches ; quand la foi s’évanouit au milieu de gens proches les uns des autres, ces derniers deviennent des étrangers les uns pour les autres.
Est-ce qu’un fermier pourrait dormir tranquille après avoir enfermé dans un même enclos, un loup et des moutons? Comment un homme pourrait-il être détendu et serein, si le doute s’est introduit dans son âme et a porté atteinte à sa confiance ?
Quand la confiance n’a pas le doute pour voisin, l’âme de l’homme est paisible et forte, et son visage est radieux.
Quel spectacle lamentable que de voir deux hommes mortels, tous deux créés par Celui qui a aussi créé les séraphins, dans une situation où chacun essaie de mettre l’autre à l’épreuve alors que l’autre écoute en doutant !
Il n’existe qu’une seule vision plus lamentable, qui est celle d’une créature humaine qui écoute la parole évangélique de son Sauveur et doute d’elle.
Le grand Moïse n’a douté qu’une seule fois de la parole de Dieu, et il fut alors puni à ne pas pouvoir entrer dans le pays vers lequel il avait voyagé pendant quarante ans. Le prophète Zacharie ne crut pas dans les paroles de l’archange Gabriel sur la naissance de Jean le Précurseur et devint muet à cet instant.
Et quel terrible châtiment fut infligé à la suite du premier doute exprimé par nos lointains aïeux ! Adam et Eve furent chassés du paradis parce qu’ils avaient douté de la parole de Dieu mais s’étaient fiés à leurs propres yeux, faisant confiance à eux-mêmes et au diable.
Tant que les ancêtres des hommes n’avaient eu foi que dans la parole de Dieu, tout était très bon (Gn 1,31) pour eux-mêmes et pour toutes les créatures. Mais dès qu’ils eurent transgressé cette foi, le paradis se ferma et à la porte du paradis furent postés les chérubins et la flamme du glaive fulgurant (Gn 3, 24), afin qu’aucun de ceux qui avaient douté et manqué de foi ne pût revenir au paradis.
De tous les exemples lamentables d’incrédulité des hommes en Dieu, les deux les plus lamentables et les plus incroyables pour un être sensé concernent, l’un l’arbre de la connaissance et l’autre l’arbre de vie. Dans le premier cas, Dieu avait mis en garde les hommes du danger mortel représenté par Satan, et dans l’autre cas, Dieu avait montré à la descendance mortelle d’Adam, la vie éternelle dans le Christ ressuscité. Quand Dieu eut dit aux hommes de ne pas aller vers la mort, ils se dirigèrent vers la mort. Quand Dieu eut appelé les hommes à s’approcher de la vie, nombreux furent ceux qui refusèrent de s’approcher.
Tous les hommes aiment la vie, aiment la joie, souhaitent l’immortalité, aspirent au bonheur. Or, quand Dieu leur révèle tout cela et le leur propose, certains hésitent et se mettent à douter. Les habitants de cette vallée des larmes soupçonnent qu’il existe un royaume de vie meilleur que celui-ci ! Les esclaves de la mort soupçonnent qu’il y a peut-être un Etat de Dieu où la mort serait absente ! Les vers et les chenilles soupçonnent que Dieu peut les transformer en vers immortels, en compagnons des anges lumineux !
Le doute émis par les hommes sur la révélation du Christ est la dernière maladie des hommes dans le grand hôpital mondial : il n’y a pas de remède à cette maladie. Le Christ ressuscité est le remède unique; comment celui qui ne prend pas ce remède, pourrait-il guérir ?
Le Seigneur Jésus a confirmé Sa révélation de la vérité par Sa victoire de la Résurrection sur la mort. Comment celui qui ne croit pas à Sa Résurrection d’entre les morts pourrait-il croire à toutes les autres choses qu’il a dites et accomplies? En effet quel esprit pourrait croire qu’il a vraiment ressuscité des morts, alors qu’il est resté dans le tombeau, exposé à la décomposition? Quelle langue pourrait professer que Ses paroles sont des paroles de vie, si Sa vie s’est éteinte à jamais sur la Croix du Golgotha ?
Frères, le Seigneur est ressuscité et vivant! De quelle preuve supplémentaire aurait-on besoin, quand il s’agit du fait le plus probant de l’histoire du monde? Par philanthropie, la Providence divine a fait en sorte qu’il s’agisse du fait le plus éprouvé de l’histoire du monde. De tous les événements survenus dans tout le passé de l’humanité, aucun n’a été autant démontré que la résurrection du Seigneur. Le Seigneur Jésus est apparu au milieu des hommes alors que la foi était très faible parmi eux ; c’est pourquoi la Providence divine a fait en sorte que la résurrection du Seigneur soit accessible même aux hommes de peu de foi. Pourquoi Dieu n’a-t-Il pas dit à Adam et Eve quelque chose de plus sur le danger qu’il y avait à manger le fruit défendu au paradis ? Pourquoi ne leur-a- t-Il pas fourni d’indice à ce propos, leur donnant ne fut-ce qu’une brève interdiction? En vérité c’est parce qu’Adam et Eve étaient alors sans péché, et en tant que tels leur foi était forte. La résurrection /lu Christ, Dieu l’a attestée par d’innombrables preuves, et même plus que cela : par des démonstrations. Car à l’époque de la résurrection du Christ, le genre humain était pécheur, grand pécheur, et avait une foi faible, très faible.
L’évangile de ce jour apporte une preuve particulière de la résurrection du Christ, une preuve qui a conforté dans la foi l’apôtre Thomas et avec lui des milliers d’autres chrétiens depuis le début de l’histoire du salut jusqu’à nos jours.
Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et II leur dit: «Paix à vous!» (Jn 20,19). Le premier jour de la semaine, c’est le lendemain du samedi, comme le montre clairement l’évangile de Marc : Quand le sabbat fut passé [..], le premier jour de la semaine (Mc 16, 1-2).
C’est dimanche, le jour même où, tôt le matin, le Seigneur est ressuscité. Tard dans la soirée, ce même jour, Ses disciples étaient réunis, tous à l’exception de Thomas, dans une maison de Jérusalem. Il est arrivé ce qui avait été prédit : le pasteur avait été frappé et les brebis s’étaient dispersées (Mc 14,27). Mais les apôtres n’avaient quand même pas agi comme des brebis inconscientes, qui se seraient dispersées n’importe où ; ils s’étaient rapidement de nouveau réunis en un lieu, pour y attendre ensemble la suite des événements, prier Dieu ensemble et se réconforter mutuellement. Par peur des Juifs, ils avaient fermé les portes.
Ils devaient certainement se souvenir de la prophétie de leur Maître qui leur avait prédit les persécutions devant les tribunaux et les flagellations dans les synagogues (Mt 10, 17). Comment auraient- ils pu d’ailleurs oublier des paroles terribles comme celles-ci: l’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu (Jn 16, 2)? Au demeurant, l’angoisse des apôtres en ces journées où sous leurs yeux un crime sanglant et insensé fut commis sur leur Maître, est plus que compréhensible. À quoi pouvaient s’attendre les hommes sans pouvoir qu’ils étaient, de la part des grands-prêtres juifs sanguinaires dont ils avaient déjà éprouvé la mauvaise foi lors du procès intenté au Christ le thaumaturge sans péché et tout-puissant ? Mais le Christ, même dans le tombeau, avait réfléchi à leur propos de façon qu’aucun mal ne leur arrive, qu’ils ne se trahissent pas les uns les autres et ne se dispersent pas aux quatre coins du monde avant de L’avoir vu vivant et en gloire.
Et voici qu’en ce quatrième soir après le jour où Ses disciples se furent éloignés de leur Maître arrêté et traduit en justice, qui était le premier soir après Sa résurrection, le Seigneur leur apparaît vivant et en gloire. Il se retrouve parmi eux et se tient au milieu d’eux alors que les portes restent closes. De même que tous les miracles du Seigneur Jésus ont été conçus et prémédités pour être utiles aux hommes, il en fut ainsi pour ce miracle. L’évangéliste ne laisse aucun doute sur le caractère miraculeux de l’entrée du Seigneur dans cette pièce fermée. Le Seigneur est apparu de cette façon au milieu de Ses disciples afin de ne pas les effrayer en frappant à la porte. Ils avaient déjà été suffisamment effrayés par les Juifs, et le Seigneur ami-des-hommes ne voulait pas, fut-ce une seconde, augmenter leur frayeur. En outre – et cela est prépondérant – Il souhaitait montrer Sa toute-puissance retrouvée après Son impuissance apparente et Sa défaite apparente au cours de ces dernières journées. Peu après, Il l’exprimera aussi en paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre» (Mt 28, 18). Comment le Seigneur aurait-Il pu, sans un miracle aussi puissant, ranimer la foi chancelante de Ses disciples en Lui-même ? Comment le vaincu aurait-Il pu apparaître comme le vainqueur ? Comment Celui qui avait été humilié, couvert de crachats, mis à mort, tué et mis au tombeau, aurait-Il pu apparaître autrement, en gloire ? Comment aurait-Il pu convaincre Ses amis que les souffrances et la mort n’avaient rien enlevé de Sa puissance, mais quelles avaient au contraire beaucoup apporté à Sa puissance comme homme? Enfin quelle matière pourrait s’opposer à la volonté du Très Saint et Très Pur ? Toute la nature est soumise à la sainteté et à la pureté. Tant qu’il était dans un corps mortel, les mers et les vents étaient soumis à Sa volonté. Maintenant qu’il était dans Son corps glorieux, comment une porte en bois et des murs de pierre pourraient-ils s’opposer à Sa volonté ? Quand II le souhaite – et II le souhaite au moment opportun, comme dans ce cas – toutes les choses sont comme si elles n’existaient pas: l’espace et le temps, le caractère solide ou liquide des choses, la hauteur et la profondeur, l’intérieur et l’extérieur – tout devient indistinct, faible, ouvert, soumis et vide de toute force de résistance.
Paix à vous! (Jn 20, 19). C’est avec ces mots que le Vainqueur de la mort salue Sa petite armée. Le Seigneur bénit Son peuple dans la paix – c’est ainsi que le prophète David a vu à travers l’obscurité séculaire ce moment lumineux (Ps 29, 11). Paix à vous – c’est en fait une salutation habituelle en Orient, mais dans la bouche du Christ cette salutation revêt un contenu particulier et un sens particulier. Antérieurement, au moment de se séparer de Ses disciples, le Seigneur avait dit: C’est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne; que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie (Jn 14, 27). Dans le tribunal vide de ce monde, Il a versé Son vin ; à une salutation habituelle dans le monde, Il a donné une saveur et un goût paradisiaques. Quand des hommes dépourvus de paix intérieure, perturbés par des préoccupations terrestres, disent « Paix à vous ! », ils proposent quelque chose qu’eux-mêmes ne possèdent pas. Leur salutation n’a donc pas pour effet d’accroître leur paix ni celle de ceux qu’ils saluent en paix. Quand ils prononcent ces paroles, ils s’expriment par habitude et par politesse, sans réfléchir, à vide: ils disent la même chose quand ils se rencontrent pour faire la fête ou quand ils se rendent au tribunal pour tromper l’autre. Le Christ donne autre chose et autrement. Il donne ce que Lui-même possède. Sa paix est celle du vainqueur, qui a vaincu partout. C’est pourquoi Sa paix est joie, courage, santé, silence et force. Il ne donne pas tout cela comme le monde le fait, c’est-à-dire seulement par la parole, mais de toute Son âme, de tout Son cœur et de tout Son esprit, comme l’amour se donne à l’amour. En leur donnant Sa paix, Il transmet miraculeusement pour ainsi dire Son être en eux. C’est la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence (Ph 4, 7). Une telle paix marque le règne de Dieu dans l’âme humaine. Une telle paix est le sommet, le fruit et la couronne de la vie spirituelle d’un chrétien véritable.
En saluant Ses disciples le Seigneur commence par les convaincre qu’il n’est pas un esprit comme certains d’entre eux pouvaient le penser en cet instant (Lc 24,37), mais leur maître et Seigneur véritable et vivant.
Ayant dit cela, Il leur montra Ses mains et Son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur (Jn 20,20). Pourquoi le Seigneur a-t-Il montré Ses mains et Son côté? A l’évidence, à cause des blessures qui Lui avaient été infligées sur la Croix, avec les clous et les chaînes. En leur montrant Ses blessures, le Seigneur veut aussi les convaincre et les avertir ; les convaincre que c’est bien Lui, car qui d’autre aurait pu avoir de telles blessures aux mains et sur le côté, sinon Lui ? Mais les avertir qu’il porterait aussi ces cicatrices dans Sa gloire immortelle en tant que témoignage éternel de Son amour et de Son martyre pour le genre humain.
Alors les disciples se réjouirent, en voyant et en reconnaissant leur Seigneur. Le Sauveur clairvoyant avait auparavant prédit aussi le moment joyeux de Sa nouvelle rencontre avec les disciples. Cela s’était passé à la veille même de Sa passion, quand Ses disciples étaient extrêmement tristes. Lui-même, qui avait, comme homme, tellement besoin de réconfort à la veille de subir de telles souffrances sur la Croix, s’était oublié personnellement et s’efforçait de consoler Ses disciples plongés dans le chagrin: Maintenant vous voilà tristes-, mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie (Jn 16,22). Voilà le moment où cette admirable prédiction s’est réalisée! Voilà la transfiguration inattendue de cœurs attristés en cœurs joyeux !
Il leur dit alors, de nouveau: «Paix à vous!» Comme le Père ma envoyé, moi aussi je vous envoie (Jn 20, 21). Pourquoi le Seigneur leur dit-Il de nouveau: Paix à vous} C’est parce qu’il souhaite les armer avec une double paix pour le combat qui les attend et auquel II les destine: la paix intérieure et la paix extérieure. En d’autres termes: la paix avec soi-même et la paix avec le monde. En leur disant pour la première fois Paix à vous!, Il leur avait montré qu’il était parmi eux, comme leur Maître véritable, par le corps et par l’esprit. Il avait voulu ainsi leur dire : si vous avez un combat intérieur contre les passions, les pensées et les aspirations de ce monde, et que je sois dans votre voisinage, c’est-à-dire dans votre cœur, vous n’avez pas à avoir peur de quoi que ce soit. Je suis la paix et le créateur de paix dans vos cœurs. Maintenant qu’il les envoie dans le monde, c’est-à-dire dans un combat extérieur avec le monde, Il les salue de nouveau et les raccompagne dans la paix, afin qu’ils n’aient pas peur du monde, qu’ils persévèrent dans le combat et deviennent des semeurs de paix dans les cœurs des hommes. Il leur donne un surplus de paix, car ils doivent non seulement avoir la paix en eux-mêmes et pour eux-mêmes, mais aussi la donner à d’autres, comme II le leur avait recommandé auparavant: En entrant dans la maison, saluez-la : si cette maison en est digne, que votre paix soit sur elle (Mt 10,12) ! Ce double don de paix peut être interprété comme un don de paix à l’âme et au corps, comme le comprennent d’ailleurs certains saints Pères. En fait, la paix dans le corps et la paix dans le monde représentent en fin de compte une même paix, car qu’est-ce que le monde sinon convoitise de la chair et convoitise des yeux (2 Jn 1,16) ?
Après les avoir ainsi armés de paix à un double niveau, de paix surabondante, le Seigneur les envoie dans le monde. Comment les y envoie-t-Il ? Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie (Jn 20, 21). Or le Père avait envoyé Son Fils par amour pour ceux à qui II L’avait envoyé. C’est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé Son Fils (1 Jn 4,10 : Jn 3, 16). Par amour envers le genre humain, voilà que le Seigneur Jésus envoie aussi Ses disciples. Le Père avait envoyé Son Fils dans le monde avec la force et l’autorité : tout ma été remis par mon Père (Mt 11,27) ; tout ce qu’a le Père est à moi (Jn 16, 15). Et voilà que le Seigneur ressuscité donne à Ses disciples la force et le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, comme on le verra un peu plus tard. Le Seigneur a dit Lui-même qu’il avait été envoyé par le Père non pour accomplir Sa propre volonté, mais celle du Père (Jn 6, 38). De même, Il envoie maintenant Ses disciples non pour accomplir leur volonté, mais Sa volonté. En outre, même si Lui-même a été envoyé par le Père, Il ne s’est pas un instant éloigné du Père : parce que je ne suis pas seul; mais il y a moi et Celui qui m’a envoyé (Jn 8, 16). De même, Lui aussi envoie Ses disciples dans le monde en leur promettant qu’il sera à leurs côtés pour toujours jusqu’à la fin de l’âge (Mt 28,20). Pour enseigner l’humilité au genre humain à l’orgueil insensé, le Seigneur a attribué à Son Père l’intégralité de Ses œuvres (Jn 5,19) et tout Son enseignement (Jn 7,19). Il avertit les disciples de la nécessité de l’humilité en leur disant: hors de moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5). Enfin, Il les envoie comme des brebis au milieu des loups (Mt 10, 16), car c’est ainsi que Lui-même fut envoyé. Eux-mêmes ont été les témoins de la façon dont des pécheurs ont hurlé comme des loups autour de Lui au cours des derniers jours, et avec la férocité de loups sanguinaires, ils L’ont tué au milieu des souffrances. Or, Il est maintenant un témoin vivant de la façon dont les pécheurs, en se tuant eux-mêmes et en tuant les autres, ne tuent toujours qu’eux-mêmes et non les autres. Sa victoire à Lui est la garantie de leur victoire à l’avenir.
Ayant dit cela, Il souffla et leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20,22-23). Nous avons vu comment le Seigneur a d’abord armé Ses disciples d’une abondance de paix, puis comment II a élevé leur dignité en mettant leur apostolat au niveau du Sien en les envoyant comme Lui-même avait été envoyé par le Père ; et nous voyons maintenant comment II leur confère force et pouvoir. Il leur donne la force en leur soufflant au visage, et le pouvoir par les paroles qu’il venait de leur dire. Le régénérateur du monde procède comme le Créateur du monde. En donnant forme à l’homme à partir de la poussière terrestre, le Créateur avait insufflé dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant (Gn 2, 7). Le régénérateur du monde agit maintenant de manière identique. Il insuffle l’esprit de vie dans les hommes, épuisés par le péché. Avec Son esprit de vie, Il ranime, restaure, ressuscite en fait les âmes humaines trop absorbées par des préoccupations terrestres. En soufflant au visage des disciples, le Seigneur leur dit: Recevez l’Esprit Saint! C’est le premier don du Saint-Esprit. Le second don interviendra au cinquantième jour suivant cette soirée mémorable. Le premier don a pour but de ranimer et fortifier les disciples eux-mêmes, tandis que le second concerne leur activité apostolique dans le monde – afin de ranimer le monde. En leur donnant une telle force, le Seigneur leur donne aussi le pouvoir de remettre les péchés, comme de retenir les péchés. Ah, comme le monde souffre de gens qui s’emparent du pouvoir sans avoir en eux la force de Dieu, sans avoir l’Esprit Saint! L’homme qui s’est emparé du pouvoir de juger et de conduire le peuple, est un bourreau pour ses citoyens. C’est un cadavre attaché à la selle d’un cheval non tenu en bride. Cela se passe ainsi chez les païens où on s’arrache le pouvoir ; mais il ne doit pas en être ainsi parmi les chrétiens, où le pouvoir venu de Dieu est attribué à ceux à qui on donne d’abord la force du Saint-Esprit. Regardez comme tout est ordonné, prémédité et conçu avec sagesse dans le royaume construit par le Christ !
Le pouvoir de pardonner les péchés et de les retenir, le pouvoir de lier et de délier, le Seigneur l’avait déjà auparavant promis d’abord à l’apôtre Pierre (Mt 16,19), puis aux autres apôtres (Mt 18, 18). Cette promesse, le Seigneur l’accomplit le jour même de Sa très glorieuse résurrection. Il ne distingue plus Pierre des autres, mais accorde également à tous la force et le pouvoir. Il n’a jamais accordé à Pierre en particulier la force et le pouvoir ; Il lui a seulement fait une promesse en particulier, et cela dans un moment lumineux d’exaltation de Pierre, quand ce dernier a confessé le Christ comme le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). En guise d’approbation de cette confession et afin de conforter tous les disciples dans cette foi, le Seigneur a donné cette promesse à Pierre qu’il allait peu après donner à tous Ses disciples et qu’il a accomplie à l’égard de tous de façon égale, le jour de Sa résurrection. Cette force et ce pouvoir, les apôtres l’ont ensuite transmise à leurs successeurs, les évêques, et à travers eux aux prêtres, de façon telle que cette force et ce pouvoir sont encore de nos jours à l’œuvre au sein de l’Église de Dieu.
Or Thomas, l’un des Douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux, lorsque vint Jésus. Les autres disciples lui dirent donc: «Nous avons vu le Seigneur!» Mais il leur dit: « Si je ne vois pas dans Ses mains la marque des clous, sije ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans Son côté, je ne croirai pas» (Jn 20,24-25). Didyme (Lc jumeau) n’était pas le surnom de Thomas, c’était simplement le sens de son nom en hébreu. Peut-être ce nom lui avait-il été donné selon un dessein mystérieux et impénétrable, pour marquer la dualité de son âme, la dualité du doute et de la foi. Tout au long de son cheminement au côté du Seigneur, on ne met nulle part l’accent ni sur sa foi ni sur son doute. En une circonstance, il a manifesté son courage personnel et son attachement au Seigneur, à la suite d’un manque de compréhension. Ce fut au moment où parvint la nouvelle de la mort de Lazare et que le Seigneur dit à Ses disciples : Allons auprès de lui! Thomas crut que le Seigneur les invitait à mourir, car il n’avait pas encore compris que pour le Seigneur vivant, il n’y a pas de morts ; il n’avait pas non plus pu deviner en esprit l’intention du Christ de ressusciter Lazare. L’évangéliste l’exprime ainsi : Alors Thomas, appelé Didyme, dit aux condisciples : «Allons, nous aussi, pour mourir avec Lui» (Jn 11, 16) ! Bien que ces mots aient été prononcés à la suite d’un manque de compréhension, ils caractérisent néanmoins un cœur courageux et dévoué. En cette circonstance, Thomas fut témoin de la résurrection de Lazare, comme dans un autre moment il fut témoin de la résurrection du fils de la veuve de Naïn. Il est vrai que lors de la résurrection de la fille de Jaïre, il ne fut pas personnellement présent dans la chambre de la morte, où ne furent appelés que les trois principaux apôtres, mais il n’est dit nulle part qu’il ait émis de doute au sujet de cet acte miraculeux du Seigneur. Enfin, il fut témoin de tous les plus grands miracles du Christ pendant plusieurs années. Il connaissait la prédiction du Christ selon laquelle II ressusciterait le troisième jour. Il avait maintenant appris de ses dix camarades, que le Seigneur vivant leur était apparu et qu’il leur avait montré Ses plaies. Il avait appris que Pierre et Jean avaient trouvé le tombeau vide. Il pouvait entendre la même chose de la part des femmes myrrophores. Il avait entendu que Marie de Magdala avait vu le Seigneur ressuscité et quelle avait parlé avec Lui. Il avait aussi entendu que deux disciples avaient voyagé avec Lui, vivant, vers Emmaüs. Tout cela, Thomas l’avait entendu et appris ; or tout cela, il n’y croyait pas. Il n’y croyait pas parce qu’il n’avait pas vu personnellement le Seigneur. Son incrédulité est telle qu’il laisse entendre qu’il ne croirait pas ses propres yeux, quand il Le verrait, tant qu’il n’aurait pas touché Ses plaies de ses mains. En vérité, d’un point de vue humain, un tel entêtement, une telle obstination dans l’incrédulité paraissent inhabituels et inconcevables ! Mais qui peut concevoir comment se présente la situation du point de vue du dessein de Dieu? Car l’intensité de la foi dépend de la grâce de Dieu. Qui peut pénétrer les profondeurs mystérieuses de la Providence divine? Qui peut dire que la Providence divine n’a pas voulu utiliser cette incrédulité de Thomas pour asseoir la foi de la multitude? En tout cas, deux faits apparaissent clairement ici: la maladie effrayante de la nature humaine, mise en évidence dans l’incrédulité obstinée d’un apôtre qui avait d’innombrables raisons de croire, et l’abondance de la sagesse de Dieu et de Son amour. Dans Sa pureté et Sa sainteté, Dieu n’a pas recours à des moyens mauvais pour parvenir aux bons résultats, mais dans Sa sagesse et Son amour envers les hommes, Il corrige nos mauvaises orientations et les redresse dans le bon sens.
Thomas affirme qu’il ne croira pas tant qu’il n’aura pas mis ses mains et ses doigts dans les plaies du Christ. Il est évident qu’il s’exprime ainsi parce que ses camarades lui ont raconté que le Seigneur Lui-même leur a montré Ses plaies aux mains et sur le côté.
Mais voici comment le très doux Seigneur va convaincre l’incrédule Thomas : Huit jours après, Ses disciples étaient de nouveau à l’intérieur et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant closes, et 11 se tint au milieu et dit: «Paix à vous» (Jn 20,26). C’était de nouveau le jour de la résurrection, les disciples étaient de nouveau réunis, les portes de nouveau closes et Jésus se tint de nouveau au milieu d’eux et leur dit : Paix à vous! Tout était comme lors de la première apparition, sauf que Thomas se trouvait maintenant aux côtés des autres disciples. Comme si le Seigneur Lui-même avait voulu apparaître à Thomas dans des circonstances parfaitement identiques, afin de justifier devant Thomas les récits des dix autres disciples sur Sa première apparition. Mais pourquoi le Seigneur est-Il apparu pour la seconde fois au huitième jour seulement, et non avant? Premièrement, pour que la similitude des circonstances soit complète, car la première fois II était également apparu un dimanche et II apparait de nouveau un dimanche. Deuxièmement, pour que l’incrédulité de Thomas soit totalement mise en lumière et qu’elle soit encore accrue par une longue attente. Troisièmement, pour habituer les disciples à être patients et persévérants dans la prière pour conforter leur proche dans la foi. Car il est indubitable que les disciples avaient prié le Seigneur d’apparaître de nouveau à cause de Thomas. Quatrièmement, afin que les disciples se rendent compte de toute leur impuissance et de la vanité de leurs efforts pour annoncer le Seigneur ressuscité sans Son aide. Enfin peut-être aussi parce que le chiffre huit désigne les derniers temps, à la veille de la seconde venue du Christ, quand des hommes, à l’instar de Thomas, auront une foi très faible, ne suivant que leurs sens et ne croyant que ce qui est accessible aux perceptions des sens. Car à cette époque les gens diront, comme Thomas : tant que nous ne voyons pas, nous ne croyons pas. Et il leur sera donné de voir. Et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l’on verra le Fils de l’homme (Mt 24,30).
Puis II dit à Thomas : « Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant. » Thomas Lui répondit: «Mon Seigneur et mon Dieu» (Jn 20,27-28) !
Le Seigneur est apparu une seconde fois à cause de Thomas, à cause d’un homme, d’un pécheur. Celui qui est entouré par les chœurs des anges qui Le saluent joyeusement comme le vainqueur de la mort, laisse Son troupeau céleste et se hâte de sauver une brebis égarée. Que Son exemple rende honteux tous ceux qui, ayant acquis une grande gloire et un grand pouvoir en ce monde, oublient leurs amis impuissants et misérables et s’éloignent même deux avec honte et mépris. Du fait de Son amour des hommes, le Seigneur ne recule devant aucune humiliation ni aucun labeur. Par amour des hommes, Il descend pour la deuxième fois dans une modeste demeure de Jérusalem, couvert de gloire et tout-puissant. Ah, bénie soit cette demeure d’où ont été déversées plus de bénédictions sur le genre humain que de tous les palais royaux !
Quand le Seigneur est apparu à Thomas, Thomas s’est écrié joyeusement : Mon Seigneur et mon Dieu ! Par ces mots, Thomas a reconnu le Christ comme homme et comme Dieu, l’un et l’autre dans une personne vivante. Le contact du Seigneur en gloire fut suffisant pour donner à’ Thomas la bénédiction de l’Esprit, cette régénération de la vie, ainsi que le pouvoir de pardonner les péchés et de les retenir, ce que le Seigneur avait donné huit jours plus tôt aux autres apôtres, par la parole et par le souffle de l’Esprit. Car, si le Seigneur a pu, avant même d’être glorifié et alors qu’il était dans le corps d’un homme mortel, par le simple contact de ce corps guérir une femme hémorroïsse et l’emplir de force et de santé, Il a, a fortiori, dans Son corps ressuscité et glorifié, été en mesure de donner, par le toucher, à Thomas, toute la force et le pouvoir qu’il avait précédemment accordé d’une autre façon aux autres apôtres. Bien entendu, on ne peut exclure que le Seigneur ait accordé en cette circonstance la force et le pouvoir à Thomas de la même façon qu’aux autres disciples auparavant, bien que l’Évangile n’en parle pas. Car même de loin, tout n’a pas été écrit de ce que le Seigneur a dit et a fait après Sa glorieuse résurrection, comme l’évangéliste lui-même le confirme d’ailleurs explicitement un peu plus loin. L’essentiel est que Thomas a, de cette façon ou d’une autre, reçu du Seigneur la même force et le même pouvoir que les autres disciples, comme cela a d’ailleurs été clairement démontré au cours de son service apostolique, ses œuvres miraculeuses et sa mort héroïque (la vie du saint apôtre Thomas montre qu’en raison de ses sermons intrépides sur le Seigneur Christ ressuscité, il fut condamné à mort. Cinq soldats ont transpercé avec cinq lances le corps de ce courageux soldat du Christ).
Après avoir restauré et conforté la foi de Thomas, le Seigneur lui adresse un doux reproche: Jésus lui dit: «Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru» (Jn 20,29). Le Seigneur veut dire : toi, Thomas, tu as plus fait confiance à tes sens qu’à ton esprit. Tu as voulu te convaincre avec tes sens ; je t’ai donc fourni une occasion et te voilà maintenant convaincu après m’avoir vu et touché. Mais heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas vu de leurs yeux mais ont deviné en esprit et reçu la foi par le cœur. Heureux soient ceux qui ont cru en Christ et en Son Évangile, sans avoir vu le Christ avec leurs yeux charnels et sans L’avoir touché de leurs mains. Heureux soit l’enfant qui croit tout ce que sa mère lui dit, sans vouloir tout vérifier avec ses yeux et ses mains. Que votre langage soit: «Oui? Oui», «Non? Non» (Mt 5, 37). Le Seigneur avait dit tant de fois qu’il ressusciterait, et il fallait Le croire. Mais afin de convaincre les incrédules et conforter les chancelants, le Seigneur ne s’est pas tenu à la seule prophétie de Sa résurrection, mais II est apparu à de nombreuses reprises après la résurrection. Ce à quoi II tenait le plus, était que les apôtres, et à travers eux tous les croyants, crussent de façon inébranlable à Sa résurrection d’entre les morts. C’est le fondement de la foi et la couronne de la joie pour un chrétien. C’est pourquoi le Seigneur très sage a fait tout pour satisfaire à la fois l’esprit et les sens de Ses apôtres, afin que nul ne fut jamais ébranlé dans la foi que Lui-même, le Seigneur, est vivant et glorifié. En dépit du fait que c’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien (Jn 6, 63), et que les sens peuvent tromper l’homme plus vite que l’esprit, le Seigneur est venu dans Sa condescendance au secours de l’impuissance des hommes et a tout fait pour contenter à la fois le raisonnement sensoriel des hommes et leur logique sensorielle. C’est pour cela que la résurrection du Seigneur est restée en vérité et demeure encore le fait le plus probant de l’histoire humaine. Car quel autre fait issu du passé lointain, a été démontré aussi universellement et soigneusement que celui-là ?
Jésus a fait sous les yeux de Ses disciples encore beaucoup d’autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en Son nom (Jn 20, 30-31). Très probablement, l’évangéliste Jean pense ici aux miracles accomplis par le Seigneur après Sa résurrection. Cela se voit d’abord à cause du rapport avec la description précédente de l’apparition du Seigneur ressuscité. Cela se voit aussi dans les Actes des Apôtres, où il est dit que c’est encore à eux qu’avec de nombreuses preuves II s’était présenté vivant après Sa passion; pendant quarante jours, Il leur était apparu et les avait entretenus du Royaume de Dieu (Ac 1, 3). Où sont décrites ces nombreuses preuves (miracles) apportées au cours de ces quarante jours? Nulle part. Jean lui-même reconnaît que ces signes ne sont pas écrits dans ce livre, c’est-à-dire l’Évangile. Enfin, le fait que l’évangéliste n’évoque ici que les miracles survenus après la résurrection du Seigneur et non tous les miracles accomplis tout au long de Sa vie, est confirmé par les mots avec lesquels cet évangéliste achève son évangile :
Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait (Jn 21, 25). Ces mots se réfèrent à tous les miracles que le Seigneur a accomplis au cours de toute Son existence sur la terre, avant Sa résurrection et après. Or, les mots utilisés dans l’évangile de ce jour ne peuvent avoir la même signification que ces mots avec lesquels saint Jean termine son Evangile. Sinon, pourquoi les répéterait-il?
En fait, ce qui a été écrit dans l’Évangile l’a été dans un but spécifique : pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu (Jn 20, 31). Cela signifie qu’il ne faut pas attendre un autre Messie et Sauveur du monde, car Celui qui devait venir est venu. Celui qui avait été prophétisé par les prophètes en Israël et les sibylles parmi les païens, est apparu en vérité. Tout cela a été écrit également pour qu’en croyant vous ayez la vie en Son nom (Jn 20,31) ; pour que, grâce à cette foi qui a été confirmée également à Thomas de manière sensorielle, vous ayez la vie éternelle. On voit ainsi comment ces derniers mots de l’évangile de ce jour, ont un lien avec l’épisode précédent concernant Thomas et son incrédulité. Le Seigneur n’est donc pas apparu à Thomas seulement à cause de Thomas, mais à cause de nous tous, qui sommes en quête de la vérité et de la vie. Par Son apparition à Thomas, le Seigneur très doux est venu nous aider tous, pour que nous croyions plus facilement en Lui, ressuscité et vivant, et que grâce à cette foi, nous ayons part à la vérité éternelle et à la vie éternelle. En son nom, précise l’évangéliste. Pourquoi en Son nom ? Car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (Ac 4,12). En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Rm 10,13). La seule vraie vie est celle qui est demandée et accordée au nom du Seigneur Jésus. Tout le reste est mort et pourriture. Dans le désert brûlant de l’histoire humaine, le Christ ressuscité est la seule source ouverte et intarissable, qui abreuve, rafraîchit et vivifie. Tout le reste, qui pourrait ressembler à une source au voyageur épuisé et assoiffé, n’est pas une source mais l’éclat du sable brûlant, semblable à l’éclat de l’eau ou à une apparition diabolique.
Le sens intime de l’évangile de ce jour concerne le drame intérieur de l’âme humaine. Quiconque souhaite que le Seigneur ressuscité et vivant se manifeste grâce à l’Esprit de Dieu dans son âme, doit fermer à clef la demeure de son âme afin de la préserver de l’agression du monde extérieur, physique ; comme l’avaient fait les apôtres pour se protéger des Juifs sanguinaires et matérialistes. Les Juifs représentent, du point de vue intérieur, le monde sensible et le matérialisme. C’est à une âme aussi précieusement protégée et gardée sous clef, que le Seigneur apparaîtra en gloire. L’Epoux admirable apparaîtra à Sa sage Épouse. A l’apparition du Seigneur, la peur du monde extérieur s’évanouit et la paix remplit l’âme – mais pas seulement la paix. En effet, le Seigneur est toujours porteur de nombreux dons en même temps ; en donnant la paix, Il donne simultanément la joie, la force et le courage. Il conforte la foi; Il raffermit la vie. Mais même quand le Seigneur apparaît et nous apporte tous ces dons précieux, il reste néanmoins un doute dans un recoin de notre âme. Ce recoin représente l’incrédule Thomas. Afin que ce recoin aussi soit éclairé et réchauffé par la grâce de l’Esprit du Seigneur, nous devons persévérer dans la prière adressée au Seigneur et être patients dans notre attente, sans cesser d’être spirituellement fermés à clef au monde extérieur, aux aspirations et désirs physiques. C’est ainsi que le Seigneur ami-des-hommes aura pitié de nous et accédera à nos prières. Il reviendra illuminer avec Sa présence bienfaisante le dernier recoin sombre de notre âme. Alors et seulement alors, nous pourrons être appelés des âmes vivantes et fils de Dieu par Sa grâce. Et tout cela par le mérite de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à qui reviennent la gloire et la louange, avec le Père et le Saint-Esprit, Trinité unique et indissociable, maintenant et toujours, de tout temps et de toute éternité. Amen.