(Lc 18, 35-43)
Il existe de nombreuses, de très nombreuses choses dans le monde dont l’homme ne fait pas l’usage prévu ou dont il fait un mauvais usage.
Nombre d’hommes portent leurs montres avec d’épaisses chaînes d’or – on commencera avec cela – non à cause de la montre, mais pour que les gens voient quel ornement ils possèdent !
Nombre d’hommes entretiennent des chevaux imposants et des équipages rutilants, non pour en disposer dans leurs déplacements, mais pour épater le monde et braver leurs adversaires ! Ceux qui considèrent que des chevaux dépourvus de conscience et des roues sans vie améliorent leur réputation, sont à plaindre au centuple !
Nombre de gens s’habillent de façon inconvenante, non pour cacher leur nudité navrante et protéger leur corps du froid et de la poussière, mais pour accroître leur séduction. O beauté non jalouse, que des herbes sèches et des peaux de bêtes peuvent tellement magnifier!
Nombre de gens encombrent leur maison de vaisselle d’or et d’argent ainsi que d’autres bijoux inutiles, dans le seul but d’avoir au moins quelque chose à protéger des voleurs jusqu’à la mort. Frères misérables, ne vous rendez-vous pas compte que vous protégez ainsi des voleurs, le plus grand des voleurs, celui qui s’est emparé de votre âme et l’a desséchée ? Si vous aviez protégé votre âme avec autant de vigilance que vos bijoux, votre âme aurait survécu à vos bijoux ; mais ainsi, ce sont vos bijoux qui survivront à votre âme.
Et que dire alors de la nourriture et de la boisson, que Dieu a accordées aux hommes pour nourrir le corps, mais dont les hommes se servent pour leur déchéance physique et spirituelle ?
Et que dire du langage, qui a été donné aux hommes pour glorifier Dieu, instruire et réconforter les uns les autres, mais que les hommes utilisent pour injurier Dieu, se vanter, proférer des malédictions, commettre de mauvaises actions et s’empoisonner l’âme ?
Et que dire de la raison qui a été donnée aux hommes pour défricher la route vers la vérité divine, mais que les hommes utilisent comme auxiliaire et mercenaire de leurs péchés et vices ?
Et que dire encore du cœur humain qui a été donné aux hommes pour être un organe de l’amour, un organe destiné à voir Dieu et le monde céleste, mais que les hommes ont transformé en une outre remplie d’impuretés : luxure, amour de l’argent, orgueil et haine ?
On pourrait dire la même chose pour les yeux. Dieu a donné les yeux aux hommes pour qu’en regardant ce monde-ci, ils aient une vision proche de l’autre, du monde fondamental et immortel. Mais de même que quelqu’un qui ne fixerait que l’ombre d’un arbre en oublierait l’arbre auquel l’ombre appartient, de même de nombreux hommes, qui ne fixent leur regard que sur le monde sensible, finissent par avoir une âme tout à fait fermée à Dieu et au monde céleste. A quoi leur servent alors les yeux? Ne sont-ils pas devenus des symboles de la perte de leur âme ? Les yeux ne leur ont pas permis de trouver la voie vers la vérité éternelle, mais les ont détournés du bon chemin initial où Dieu place toutes les âmes jeunes, pour les conduire vers un enchevêtrement de broussailles sans issue, d’où on ne voit rien d’autre que cet enchevêtrement de broussailles. Pour des millions d’êtres humains, les yeux ont conduit à la déchéance totale de l’âme! Peut-on dénombrer combien il y eut de rois dans l’histoire, qui ont perdu leur royaume à cause de leur cupidité? Et combien d’esprits sages ont perdu la raison? Et combien d’hommes et de femmes honnêtes, leur honneur? Combien de familles prospères ont connu la déchéance à cause de bijoux de femmes, parfaitement inutiles à un aveugle ! Combien d’hôpitaux seraient pleins de ceux qui ont d’abord péché avec les yeux, puis payé leur péché par la putréfaction physique et les ténèbres spirituelles ! En vérité, si l’homme pouvait dénombrer toutes les victimes des regards cupides et séducteurs, il ne pourrait pas ne pas s’écrier : il faut envier les aveugles !
C’est pourquoi le Seigneur Jésus n’a jamais appelé aveugle, aucun des aveugles physiques qui se sont présentés devant Lui, alors qu’il a donné cet épithète aux chefs du peuple, aux chefs religieux et aux scribes, qui avaient des yeux mais n’ont rien vu (Mt 13, 15). Celui qui est aveugle charnellement est aveugle dans le temps et dans ce monde-ci ; mais celui qui est aveugle en esprit est aveugle dans les deux mondes, celui-ci et l’autre, dans le temps et l’éternité. La cécité physique n’est que le pâle reflet de la cécité spirituelle, et une mise en garde claire aux aveugles spirituels, qui ne voient pas Dieu ni le Royaume céleste, pour qu’ils se ressaisissent et se soignent quand il en est encore temps. A travers la cécité physique, Dieu souhaite révéler la cécité des aveugles en esprit. La cécité n’arrive pas aux hommes de Dieu, mais comme toutes les autres tares et maladies, elle vient du péché humain. En effet, s’il n’y avait pas de cécité spirituelle chez les hommes, tous les aveugles physiques se mettraient à voir aussitôt. Mais tant qu’il y a des aveugles en esprit, qui ne voient pas Dieu en esprit, Dieu représentera leur cécité sur les yeux clos des aveugles physiques.
S’il n’y avait pas de sourds ni de muets en esprit parmi les hommes, en un instant tous les sourds entendraient et les muets parleraient. Mais tant qu’il y aura des hommes n’ayant pas d’oreille pour entendre la loi de Dieu ni de bouche pour parler de la grandeur et de la gloire de Dieu, Dieu aura recours aux sourds physiques et aux muets physiques pour exprimer la surdité et “le mutisme spirituel des premiers.
S’il n’y avait pas de lèpre spirituelle, de tuberculose, de paralysie, de fièvre ni d’autres maladies de l’esprit, tous ceux qui souffrent physiquement de ces maux seraient instantanément guéris de ces maladies qui se manifestent dans le corps parce que l’esprit malade les pousse à se manifester et à montrer l’état où il se trouve. Tant que ces maux subsisteront dans l’esprit de l’homme, ces maladies apparaîtront dans le corps humain.
Ainsi, la cécité physique revêt un sens spirituel profond et ne s’explique que par l’enseignement spirituel. Celui qui ne connaît pas l’enseignement spirituel, ne sait ni ne peut apprendre en dehors de cet enseignement, l’origine de la cécité physique, de la surdité, ‘du mutisme et de toutes les autres maladies et infortunes du corps humain. Un tel homme ne pourra que rester bouche bée devant un aveugle, être plein de compassion et se dire : Dieu merci, je ne suis pas aveugle ! Mais qui te dit que tu n’es pas aveugle ? Et pourquoi plains-tu celui qui a été envoyé par la Providence mystérieuse pour être à tes côtés, par compassion à ton égard ? Si tu n’étais pas aveugle spirituellement, un aveugle ne se serait même pas montré près de toi. Or il s’est manifesté comme le diagnostic vivant de ta maladie, de ta cécité intérieure. Si cet aveugle n’a suscité que de la compassion chez toi – ce qui t’a poussé à lui donner l’aumône -, alors ni toi ni lui n’avez bien tenu votre rôle. Le rôle de cet aveugle, lors de votre rencontre, était, grâce à sa cécité extérieure, de te montrer ta cécité intérieure ; quant à toi, ton rôle était de bien t’imprégner de cet enseignement, de te préoccuper de ta propre cécité et de te dépêcher de guérir de cette cécité de l’esprit.
Mais te dépêcher pour aller où? Vers qui? Qui est le médecin des aveugles dans ce monde ? Aucun être mortel. Seul Celui qui a créé la vue spirituelle et physique est en mesure de guérir la cécité, tant spirituelle que physique.
Mais pourquoi, te demanderas-tu, le Seigneur Jésus, dès lors qu’il avait le pouvoir de guérir les aveugles, n’a-t-Il pas guéri tous les aveugles sur la terre ? Mais comment alors la cécité spirituelle des hommes aurait-elle été évidente ? Quel intérêt y aurait-il eu à écrire des livres sur la cécité spirituelle si les hommes peinent à tirer des leçons des aveugles vivants qu’ils voient devant eux ? Tant que subsistera la cécité spirituelle, la cécité physique demeurera.
Considérons maintenant l’évangile de ce jour, où nous verrons pourquoi le Seigneur Jésus a guéri précisément ceux qu’il a guéris, et eux seulement.
Or il advint, comme il approchait de Jéricho, qu’un aveugle était assis au bord du chemin et mendiait (Lc 18, 35). Le Seigneur Jésus qui se rendait de Galilée à Jérusalem, se trouvait sur une route longeant la vallée du Jourdain, à proximité de Jéricho. Cela devait être Sa dernière visite à cette ville. La première avait eu lieu quelque trois ans auparavant, quand le Seigneur était apparu avec la foule, au bord du Jourdain, pour être baptisé par Jean le Précurseur. Quelle différence y avait-il entre cette visite et celle-ci ? À l’époque, le Seigneur marchait au milieu de la masse populaire, encore inconnu; nul dans cette foule enthousiasmée par Jean, ne L’avait remarqué, Lui qui était plus grand que Jean, jusqu’au moment où Jean Le désigna du doigt en disant: Voici l’Agneau de Dieu! et: C’est lui (Jn 1, 29-30). Maintenant, Ses disciples L’accompagnaient ainsi qu’une foule considérable (Mc 10,46); l’écho de Sa renommée était même parvenu jusqu’aux aveugles de Jéricho. À l’époque, Il venait à peine de commencer Sa mission divine, maintenant II s’approchait du terme sanglant et victorieux de cette mission.
En apparence, tout se déroulait quasi fortuitement dans la vie du Christ, mais en fait tout suivait – jusqu’aux moindres détails – le plan de Dieu conçu pour le salut de l’homme.
Un aveugle était assis au bord du chemin. Comme par hasard ! Et comme par hasard le Christ se retrouva à ses côtés. En fait, tout cela répondait au dessein de Dieu. Le Seigneur devait ouvrir les yeux physiques de ce pauvre aveugle quelques jours seulement avant que des aveugles en esprit ne Le crucifient à Jérusalem. Il voulait que la foi de cet aveugle fît honte à l’incrédulité des dignitaires religieux et des scribes de Jérusalem. Il voulait encore une fois montrer clairement que, dans ce monde, tout avait été mis à l’envers à la suite du péché de l’homme, c’est-à-dire que ceux qui ne regardaient pas voyaient et que ceux qui regardaient ne voyaient pas. Comme II l’avait dit précédemment, Il était venu dans ce monde pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles (Jn 9, 39). Ceux qui chaque jour dans le temple regardaient de leurs yeux l’Écriture Sainte et la commentaient au peuple, ne pouvaient voir le Messie et le Sauveur dans le Seigneur Jésus, alors que cet aveugle de Jéricho qui était incapable de lire l’Ecriture Sainte et a fortiori de la commenter, a vu dans le Christ le Seigneur et le Sauveur du monde. L’évangile de Marc montre que cet aveugle était le fils d’un certain Timée, ce qui faisait que lui-même s’appelait Bartimée. L’évangéliste Matthieu, lui, fait mention de deux aveugles au lieu d’un seul. Mais il n’y là aucune contradiction, car comme dans le cas des deux démoniaques de Gadara, un évangéliste en évoque deux alors qu’un autre ne parle que de celui qui était le plus connu dans les environs. Il se peut même que ces deux aveugles ne vivaient pas côte à côte, mais chacun à une extrémité de la ville. Il arrivait souvent en effet que le Seigneur accomplît de nombreux miracles dans une même ville et guérît de nombreux malades en un seul jour. Bartimée, l’aveugle qui est mentionné ici, est celui qui était le plus connu dans sa ville.
Cet homme n’était pas seulement aveugle, mais aussi pauvre, car il est dit quun aveugle était assis au bord du chemin et mendiait. La plupart des aveugles dans le monde vivent de mendicité. Comment ne pas voir le doigt de Dieu dans le fait que, parmi les pauvres, se trouve la majorité des aveugles dans le monde ? Faute de pouvoir voir, l’aveugle doit impérativement être vu par les autres. Il apparaît ainsi comme une mise en garde vivante de l’autre monde. L’aveugle riche qui vit au milieu de quatre murs est doublement aveugle, car il ne voit pas et il n’est pas vu, n’étant ainsi d’aucune utilité pour lui-même comme pour les autres. L’aveugle pauvre, lui, est contraint de se déplacer au milieu des hommes afin de mendier.
C’est ainsi que Bartimée était assis, comme à son habitude, au bord du chemin plein de poussière, et demandait l’aumône aux passants.
Entendant une foule marcher, il s’enquérait de ce que cela pouvait être (Lc 18, 36). Une foule considérable était en train de marcher à la suite du Christ. La rumeur que faisait cette multitude parvint aux oreilles de Bartimée, dont l’ouïe était très aiguisée comme chez tous les aveugles. On lui annonça que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Alors il s’écria : «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!» (Lc 18, 37-39). Il avait suffi qu’il entendît ce grand nom pour que l’aveugle Bartimée s’écriât de toutes ses forces. Cela signifie qu’il connaissait le Seigneur Jésus non seulement par Son nom, mais aussi par Ses œuvres. Il devait savoir que nombre de ses compagnons d’infortune dans la cécité avaient été guéris par le Christ. Ainsi devait- il depuis longtemps nourrir l’espoir que ce Guérisseur unique marchât par le chemin où lui-même passait ses journées, ne pouvant s’attendre dans cette vie à rien d’autre que de rencontrer le Christ ou de mourir. Nourrissant depuis longtemps l’espoir de Le voir passer par ce chemin, Bartimée avait une exclamation toute prête sur ses lèvres : «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!» Pourquoi L’appelle-t-il, Fils de David? Parce que le Messie attendu devait provenir de la lignée de David, comme cela se produisit en effet, puisque la Très Sainte Vierge Marie en était issue. Aie pitié de moi! c’est-à-dire: accorde-moi ce que toi seul peut accorder. Aie pitié de la poussière dans la poussière ! Les petites gens me donnent l’aumône avec difficulté, afin de pouvoir nourrir mon corps. Toi, tu peux me donner tout ce que je souhaite. Or, je ne souhaite qu’une seule chose: ouvrir les yeux. Je crois en ta miséricorde ; je crois que tu me donneras la capacité de voir plus facilement et de bon gré que les hommes qui me donnent des pièces d’argent. Car tu es un Roi riche en dons et en grâces. Jésus, aie pitié de moi!
Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire, mais lui criait de plus belle: «Fils de David, aie pitié de moi!» (Lc 18, 39). La foule était telle que les uns couraient devant le Christ, alors que d’autres se hâtaient à Sa suite. Bartimée avait dû crier très fort, au point qu’on essayait de le faire taire, voire de le menacer, afin qu’il se tût. Il est probable que sa voix désespérée se faisait entendre plus fort que tout le bruit fait par cette énorme masse populaire. Il est probable que ses cris avaient commencé à indisposer un grand nombre de gens, décidés à le faire taire. Mais Bartimée n’était pas disposé à se taire. Il savait que l’heure décisive était arrivée pour lui : soit être guéri par le Christ le Thaumaturge, soit rester jusqu’à la mort au bord du chemin, au milieu de la nuit de son existence. Aussi n’attachait-il aucune importance aux menaces et aux tentatives de le faire taire de ceux qui, au plus fort de leur générosité, ne pouvaient lui donner que quelques maigres pièces ; il continuait à implorer Celui qui pouvait lui donner ce que Dieu seul accorde. Jésus, aie pitié de moi!
Hélas, de telles scènes se répètent encore aujourd’hui à de très nombreuses reprises. Nombreux sont ceux qui veulent s’approcher du Seigneur Jésus, mais en sont empêchés par ceux qui sont dans les premiers rangs – dirigeants politiques, chefs spirituels, écrivains -, et nombre de ceux qui crient vers le Christ, sont raillés et réduits au silence. Des hommes ordinaires et pauvres, dont le cœur n’a pas été endurci par la méchanceté et les vices, souffrent pour s’approcher du Christ et crient Son Nom, tandis que ceux qui ont perdu le sens de l’orientation et se sont égarés dans les buissons épineux de ce monde, les menacent et les repoussent loin du Christ. Ce qui se passe avec certains individus, se produit avec des peuples entiers. Des masses populaires dans toute l’Europe, crient aujourd’hui le Nom du Christ comme étant le seul guide visionnaire et sauveur, tandis que ceux qui dirigent les peuples européens se moquent d’eux, les réduisent au silence et vont parfois jusqu’à interdire au peuple de prononcer Son Nom saint et salvateur. Ceux qui marchaient devant et voulaient faire taire l’aveugle Bartimée, étaient en fait plus aveugles que lui-même, de même que la plupart des dirigeants politiques, des écrivains et de ceux qui prétendent éduquer le peuple en Europe sont plus aveugles que les paysans européens. C’est ainsi que se vérifient encore aujourd’hui ces paroles du Christ: ceux qui ne voient pas voient et ceux qui voient deviennent aveugles.
Mais voyez quel merveilleux exemple de persévérance dans la foi donne à nous tous l’aveugle Bartimée! On le menace, mais il n’en a cure. On veut le faire taire, mais il crie de plus en plus fort. A quoi bon faire attention à des roseaux secs, qui sont aveugles au-dedans comme au-dehors ? Son âme assoiffée pressent qu’à travers le Christ, coule le torrent d’une vie fraîche et parfaite ; il pressent que ce Jésus, dont il a tellement entendu parler et au sujet duquel il a tant réfléchi, porte le ciel dans Sa tête, la sagesse sur les lèvres, la miséricorde dans le cœur et la santé dans les mains. Que représentent, à côté du Jésus source-de-vie, tous les pharisiens, les grands-prêtres et les scribes, qui tirent vanité de leur savoir séculier et se chamaillent à propos de livres et d’idées? Des roseaux secs qui tintent dans le vide; des ossements morts qui grincent en se frottant les uns contre les autres ! Avec tout leur savoir, sagesse, pouvoir et vanité, ils ne peuvent donner à l’aveugle désespéré qu’il est, rien de plus que quelques pièces de monnaie sales et d’origine douteuse. Ils le menacent du poing et veulent le faire taire, alors que le Sage véritable, le véritable Ami-des-hommes et Médecin véritable, daigne fouler de Ses pieds la poussière de la route qui tombe sur les trous béants des anciens yeux de Bartimée. Doit-il les écouter en cette heure fatidique ? Doit-il s’effrayer du bruit des roseaux secs et du claquement d’ossements morts? Non, à aucun prix, Bartimée! Mieux vaut rendre l’âme sous leurs coups que de rester au bord de la route et dépendre de leurs pièces de monnaie. À aucun prix, ô Bartimée, tu ne dois être effrayé par ceux qui se dressent entre toi et le Christ, dussent-ils porter des couronnes royales sur la tête, des matraques en fer dans les mains ou tout le savoir de ce monde dans leur tête. Car, à côté du Christ, ils ne sont tous que des roseaux secs et des os morts. Eux-mêmes ne voient rien, pas plus qu’ils ne peuvent permettre de voir; ils n’ont pas de vie en eux, ni ne peuvent en donner ; eux-mêmes ne connaissent rien et ne peuvent rien t’apprendre. Chrétien, persévère dans ton cri vers le Christ, comme l’aveugle Bartimée ! Crie, crie de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il t’entende. Qu’on te menace, que les aveugles en esprit se moquent de toi, que bruissent les roseaux secs, que grincent les os morts – toi, persévère dans ton cri : Jésus, aie pitié’ de moi!
En vérité, l’aveugle Bartimée n’était pas aveugle dans son esprit. Sa foi forte et irrésistible dans le Seigneur Jésus donnait la vue à son esprit. C’est en esprit qu’il regardait et voyait Dieu, bien que ses yeux physiques ne lui permissent pas de voir les créatures de Dieu. Il regardait et voyait ce qui est essentiel, ce qui est fort, immuable, immortel, incorruptible et toujours vivant et plein de joie. Ceux qui s’efforçaient de le faire taire étaient des aveugles véritables et inguérissables. C’est en vain qu’ils couraient devant le Christ comme Son avant-garde : ils étaient plus aveugles que Bartimée, car ils ne savaient pas devant Qui ils couraient et Qui marchait derrière eux. Quelle terrible et magnifique leçon pour les prêtres du Christ de nos jours, pour ceux qui marchent devant et dirigent la vie spirituelle du peuple ! Qu’ils regardent au fond de leur âme et s’interrogent eux-mêmes s’ils sont en vérité plus visionnaires que cet aveugle nommé Bartimée, qui avec ses yeux ne pouvait voir ni les arbres, ni les pierres, ni les animaux, ni les morts, mais qui en esprit regardait Dieu, regardait et voyait la divinité du Christ Seigneur? Est-ce que certains d’entre eux ne ressemblent pas beaucoup à ceux qui marchaient devant, quand eux-mêmes menacent des hommes véritablement croyants, quand ils se moquent des âmes humaines qui crient vers le Christ vivant, quand ils réduisent au silence et répriment de vrais fidèles ?
Le Seigneur Jésus finit par s’approcher, entendit les cris de l’aveugle Bartimée et vit ceux qui le menaçaient. Jésus s’arrêta et ordonna de le Lui amener (Lc 18, 40). Des milliers de gens étaient passés à côté de cet aveugle désespéré, ne s’étaient pas arrêtés et n’avaient pas eu pitié, lui ordonnant même de se taire, afin de ne pas importuner leurs oreilles. Mais Jésus le vit et s’arrêta. Comment ne pas s’arrêter devant un aveugle, qui est un homme aussi, alors que Lui-même est venu en ce monde à cause des hommes? Comment ne pas s’arrêter devant un homme qui crie et implore Son aide, devant un homme bon, plein d’une âme visionnaire? Parce qu’il se dépêche d’arriver à Jérusalem? Là-bas se trouvent Hérode, Pilate et Caïphe, des hommes pires et plus aveugles que ce Bartimée. Ce dernier implore son salut auprès de Lui, tandis que ceux-là confectionnent la croix pour Lui. Il s’arrêta et ordonna à ceux qui couraient impitoyablement devant Lui de s’arrêter aussi et d’avoir pitié d’un de leurs frères. Aujourd’hui de même, le Seigneur ordonnerait de s’arrêter à tous ceux qui courent en quête du prétendu progrès et, indifférents, laissent leurs frères pauvres qui sont dans le bourbier près de la route du progrès, pleurer et crier en vain’. Pour Lui, l’homme est plus grand que tout progrès humain, apparent et mensonger, que toute civilisation, toute université, tous les livres, toute les machines. La miséricorde est plus importante que toutes les phrases d’hommes, que toutes les créations humaines, intellectuelles et matérielles. Ceux qui courent devant se dirigent en se référant à de petites valeurs, le Christ se dirige toujours en se référant aux valeurs les plus élevées. Ceux qui courent devant sont des hommes d’argent, qui amassent et répartissent l’argent; le Christ est le riche véritable qui porte et partage les plus grands trésors.
L’évangéliste Marc rapporte qu’après que le Christ eût ordonné de faire venir l’aveugle, certains s’approchèrent de Bartimée et lui crièrent: Aie confiance! Lève-toi, Il t’appelle. Et lui, rejetant son manteau, bondit et vint à Jésus (Mc 10,49-50). On voit ainsi que Bartimée, qui jusqu’alors se tenait assis, avait crié, beaucoup crié, afin d’être entendu par le Christ. Il semble qu’il avait été incapable de se lever avant d’être appelé, du fait de son énorme émotion et de sa crainte que le Christ passât près de lui sans l’entendre. Mais maintenant, sous l’effet de la joie d’être appelé par Lui, il bondit, rejette son manteau et vient à Jésus.
Ces mots recèlent un sens plus profond; ils cachent en fait tout le déroulement du salut de notre âme. Dans notre cécité spirituelle, nous aussi, nous sommes assis dans la poussière de ce monde. En ressentant la proximité de Dieu, nous ressentons en même temps très douloureusement notre aveuglement dans le péché, notre impuissance, notre impureté, notre futilité. Alors en larmes, nous commençons à implorer le secours de Dieu, tout en étant toujours assis, car nous ne pouvons-nous élever au-dessus de la boue du péché, malgré toute notre haine du péché, tant que nous n’avons pas senti que Dieu a entendu notre supplication et y a répondu. Aie confiance! Lève-toi, Il t’appelle! Le pécheur qui vient de s’éveiller a besoin d’entendre ces mots avant de se relever du péché et de s’approcher résolument de Dieu. Car en ressentant la proximité du Seigneur et son propre aveuglement dans le péché, le pécheur est saisi par une peur indicible du Jugement de Dieu. Il est assis comme paralysé, il tremble de peur et implore le secours de Dieu. Il a besoin qu’on lui dise d’abord de ne pas avoir peur, puis de se lever du bourbier de son impuissance et de son état de pécheur, avant que Dieu l’appelle. Qui va dire cela au pécheur qui vient de s’éveiller? C’est l’Église. Elle existe d’ailleurs pour cela, pour encourager les pécheurs qui viennent de s’éveiller, les aider à se lever et les convaincre de la miséricorde de Dieu. Elle est là, pour répondre à quiconque appelle Dieu à l’aide : Aie confiance! Lève-toi, Il t’appelle ! Mais pourquoi Bartimée a-t-il rejeté son manteau avant de se lever et de s’approcher du Christ? Ce geste revêt également un sens profond : ce manteau symbolise le tissu de péchés et de vices dont est revêtue l’âme des pécheurs aveuglés. Ce manteau de péchés et de vices avait rendu leur âme aveugle, les empêchant ainsi de voir Dieu ; lourd comme le plomb, ce manteau les empêche de se lever et de s’approcher de Dieu. Ils doivent donc rejeter ce manteau impur, lourd et opaque de leur âme – c’est-à-dire qu’ils doivent d’abord rejeter tout péché d’eux-mêmes – afin de pouvoir, alors seulement, venir près de Dieu.
Tout tremblant, telle une corde de violon, l’aveugle Bartimée s’approche du Seigneur Jésus. Quand il fut près, Il lui demanda: «Que veux-tu que je fasse pour toi?» «Seigneur, dit-il, que je recouvre la vue!» (Lc 18, 40-41). Pourquoi le Christ demande-t-Il à cet aveugle ce qu’il souhaite, puisqu’il le sait à l’avance? En vérité, Il savait à l’avance non seulement ce que l’aveugle souhaitait qu’il lui fît, mais II savait aussi, avant même d’arriver à Jéricho, que tout ce qui allait se produire ce jour-là allait se produire à Jéricho. Lui qui avait prédit, quarante ans à l’avance, la destruction de Jérusalem et la dispersion des Juifs à travers le monde, qui a prédit la fin de ce monde et le Jugement Dernier plusieurs milliers d’années avant que cela doive se produire, pouvait facilement prédire ce qui allait avoir lieu ce jour-là à Jéricho, et a fortiori ce que l’aveugle Bartimée voulait qu’il lui fît. Il pose donc cette question à Bartimée à cause de Bartimée lui-même, et à cause du peuple présent. Il l’interroge d’abord pour que Bartimée exprime clairement son souhait et révèle en paroles ce que son cœur ressent. Le Seigneur nous enseigne ainsi, à nous tous, qu’il est nécessaire de donner à chacune de nos prières à Dieu une formulation claire. La prière exprimée en paroles cristallise, épure et fortifie notre prière dans le cœur. C’est aussi à cause du peuple assemblé que le Seigneur demande, afin que toute l’assistance l’entende, ce que cet homme aveugle attend de Lui afin que tous puissent entendre que l’aveugle Bartimée n’attend pas de Lui une aumône en argent, mais qu’il implore une miséricorde que les hommes mortels ne sont pas en mesure de lui donner et que seul le Dieu vivant accorde. Car jusqu’à cet instant, Bartimée n’avait pas exprimé clairement ce qu’il voulait obtenir précisément du Christ, bien qu’il sentît clairement en son cœur et sût dans son esprit quel était son souhait. Jusqu’à cet instant, il n’avait fait que crier: Aie pitié de moi! Mais il avait aussi crié vers d’autres hommes, dont il espérait l’aumône en argent. Il pouvait crier à tous ceux qui passaient près de lui : Aie pitié de moi ! Voilà pourquoi le Seigneur veut que l’aveugle exprime clairement et devant tous, ce qu’il veut obtenir du Christ.
Seigneur, que je recouvre la vue! C’est par ces mots que Bartimée répond à la question posée par le Christ. Que je recouvre la vue! Vous remarquerez qu’en s’approchant du Christ, Bartimée ne l’appelle plus ni Jésus ni Fils de David, mais Seigneur. Quand il est proche du Christ, il prend conscience qu’il s’agit de Jésus le Seigneur. Il en est de même pour tous les fidèles : de loin, le Christ leur apparaît comme un homme, mais un grand homme. De loin, nous L’appelons de Son nom d’homme et parlons de Son origine terrestre. Mais en nous rapprochant de Lui, en sentant Son souffle puissant et vivifiant, alors seulement nous comprenons qu’il est d’origine divine, qu’il n’est pas de ce monde, qu’il vient de l’éternité visiter les voyageurs dans le temps, et qu’il est en vérité le Seigneur. Seigneur, que je recouvre la vue! dit la voix tremblante de l’aveugle Bartimée. Jésus lui dit: «Recouvre la vue; ta foi t’a sauvé». Et à l’instant même, il recouvra la vue et il Le suivait en glorifiant Dieu (Lc 18, 42-43). Une seule parole puissante : Recouvre la vue! et l’aveugle Bartimée recouvrit la vue.
Il ne s’agit nullement d’une suggestion de magicien, comme le prétendent de nombreux esprits charlatans de notre époque. Il s’agit d’une forte parole divine qui, aussitôt prononcée, se trouve accomplie. De même que, au début de la Création, Dieu dit: « Que la lumière soit» et la lumière fut (Gn 1, 3). La suggestion est utilisée par les renards devant les poules, non par Dieu devant les hommes. Car si un tel miracle est expliqué par le recours à la suggestion par les aveugles en esprit qui ne supportent pas la toute-puissance et la proximité de Dieu, alors c’est aussi par la suggestion qu’on devrait expliquer la flétrissure du figuier à la suite d’une parole du Christ, de même que l’apaisement de la tempête sur les flots et l’arrêt du vent à la suite d’un mot du Christ. On ne peut même pas concevoir que quelqu’un puisse, par suggestion, flétrir un arbre en un instant, apaiser des éléments inanimés comme la mer ou le vent. Qui a jamais eu un pouvoir de suggestion sur les vents et la tempête ?
Ta foi t’a sauvé! C’est pour apprendre l’humilité et la docilité que le Seigneur Jésus prononce ces mots. C’est ainsi qu’il s’exprimait souvent devant ceux qui venaient d’être guéris de maladies terribles. C’est ainsi qu’il a parlé à la femme hémorroïsse, qui avait pendant douze ans souffert d’hémorragies et qui fut guérie en touchant le manteau du Christ: Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée! (Mt 9, 22). Quelle foi a pu aider tant de possédés guéris par le Seigneur ? Quelle foi a pu aider à la résurrection du fils de la veuve de Nain, quand le Seigneur a ressuscité un enfant de façon soudaine, alors que personne ne l’avait réclamé ni ne s’y attendait? Et le Seigneur n’a-t-Il pas ressuscité Lazare, non grâce à la foi de Marthe et Marie, mais à l’encontre de leur suspicion ? Le fait de donner la vue à l’aveugle Bartimée correspond donc à l’accomplissement de la puissance du Christ, mais le Seigneur veut imputer cet acte à la foi de Bartimée, afin de nous enseigner l’humilité et la docilité, d’écraser ainsi la tête de l’orgueil satanique chez certains hommes qui donnent des pièces à un aveugle et en tirent gloire dans leur cœur comme s’ils avaient fait quelque chose de très grand. C’est dans le même esprit que s’exprime l’apôtre Paul : N’accordez rien à l’esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l’humilité estime les autres supérieurs à soi (Ph 2, 3). En disant ces mots à Bartimée, le Christ veut aussi rendre hommage à la dignité de l’homme ; Il souhaite montrer que les hommes sont conviés à collaborer avec Dieu pour le bien général. Hommes, si vous voulez savoir en quoi vous pouvez collaborer avec Dieu, alors sachez que cela réside dans la foi dans le Christ Seigneur. C’est la seule chose qui vous est demandée, et la seule chose que vous pouvez faire. Ayez la foi et Dieu accomplira pour vous ce que vous souhaitez, grâce à votre foi.
Et à l’instant même, il recouvra la vue et il le suivait en glorifiant Dieu / Dès qu’il eut ouvert les yeux, Bartimée vit le Seigneur Jésus devant lui. Heureux soit-il : en ouvrant les yeux, il a vu le sujet le plus digne d’être regardé ! Il ne pouvait détourner ses yeux de Lui, de Sa beauté et de Sa noblesse; comme cloué à Lui, il Le suivit. Que pouvait-il regarder d’autre, en effet ? La sale cité de Jéricho, son sombre lieu de souffrances? Ou l’herbe qui allait se faner? Ou les nuages qui allaient se disperser? Ou le bétail promis à l’abattoir? Ou les hommes qui se dépêchent de façon irrépressible vers la tombe et la corruption ? Ou tout ce monde bariolé qui naît dans la douleur, vit dans la souffrance et meurt dans la souffrance, dans l’attente de la fin et du tombeau? Non, Bartimée dévisageait Jésus l’immortel, plus puissant que le monde entier, plus fort que le tombeau et plus puissant que toutes les forces infernales, et son regard était resté fixé sur Lui. Tout ce que l’œil peut voir dans le monde doit servir de repère en vue de la vision la plus douce, la vision de Dieu. Si cela ne sert pas à cela, alors cela lui sert de jalon sur la route des ténèbres spirituelles et de la déchéance ultime. Dès qu’il put voir, Bartimée vit Dieu sans aucune médiation de la nature, et alors il ne voulut plus regarder autre chose. Pourquoi regarder le visage de la mort, quand il a vu Celui qui ne peut être corrompu ? Pourquoi regarder l’éphémère quand il se tient aux côtés de l’Eternel ? Pourquoi s’occuper de choses impuissantes de ce monde, quand il est accroché au Tout-puissant ? Et il le suivait en glorifiant Dieu! Ses yeux dirigent dorénavant ses lèvres, ses jambes, tout son corps et toute son âme. En voyant le Christ vivant, il sait maintenant à quoi sa bouche doit servir : glorifier Dieu. Et il se met à glorifier et à louer Dieu. Ainsi Bartimée n’a pas utilisé ses yeux pour se livrer à la débauche et tomber dans la déchéance, mais à faire ce pour quoi Dieu a donné des yeux à l’homme : voir la grandeur et la gloire de Dieu. Et toute la multitude de gens qui était là et qui avait vu ce miracle glorieux, louait Dieu. Le don que le Seigneur Jésus avait accordé à Bartimée se répandit vite à beaucoup d’autres, et un grand nombre de ceux qui doutaient et étaient incrédules, aveuglés par la suspicion et l’incrédulité, ouvrirent leurs yeux spirituels et se mirent à glorifier Dieu.
Tout ce qui s’est produit avec l’aveugle Bartimée, se produit de nos jours avec de nombreux aveugles quand ils ont recouvré leur vue spirituelle. Ils se mettent alors à suivre le Christ et ne regardent nulle part ailleurs. Ils louent Dieu et ne veulent louer rien d’autre.
Ah, quel hôpital que ce monde ! Et le plus grand nombre de malades dans cet hôpital sont des aveugles. Le seul Médecin de cet hôpital est le Christ Seigneur. Ah, que ce monde ressemble à la route pleine de poussière de Jéricho, et quelle multitude sombre se hâte sur cette route ! Mais un seul marche au milieu de cette foule, qui peut donner la vue à tous les aveugles. C’est le Christ Seigneur. Un aveugle physique, Bartimée, se retrouva au milieu de cette foule d’aveugles spirituels. Telle est la véritable proportion encore de nos jours. Aujourd’hui encore, le nombre d’aveugles physiques est extrêmement réduit par rapport au nombre énorme d’aveugles spirituels, auxquels les aveugles physiques ne servent que comme une mise en garde vivante, une image vivante et un diagnostic vivant. Mais au fur et à mesure qu’augmente le nombre d’aveugles spirituels, augmente aussi celui des aveugles physiques. La culture européenne peut cacher tous les aveugles physiques dans les hôpitaux, mais elle ne peut pas diminuer leur nombre. Elle peut les enfermer entre des murs afin que le monde ne les voie pas, mais ce sera alors pire pour le monde ! Les innombrables aveugles spirituels ne pourront pas alors voir, aux coins des rues des villes et aux carrefours des villages, l’image de leur âme et lire le diagnostic de leur maladie spirituelle.
Après avoir quitté Jéricho pour se rendre à Jérusalem, le Seigneur Jésus fut tué par des aveugles spirituels, Hérode, Pilate et Caïphe, et par une multitude aveugle de dignitaires et de scribes. Mais Son tombeau n’a pu Le garder que trois jours, puis dut Le relâcher. Il fut en mesure d’ordonner à la terre de Le relâcher du tombeau, comme II avait ordonné à la cécité de Bartimée de disparaître des yeux de Bartimée: et Son tombeau est devenu comme un œil brillant pour l’ensemble du monde. Le Seigneur est ressuscité et II marche vivant de nos jours, invisible pour des yeux de chair, mais visible pour les yeux spirituels des hommes ; Il marche sur la route poussiéreuse de ce monde et attend qu’un aveugle Lui crie au secours : Seigneur Jésus, aie pitié de moi! Il est prêt à avoir pitié de quiconque est prêt à crier vers Lui, comme II a eu pitié de Bartimée. Et quiconque recevra de Lui la vue spirituelle, Le suivra et glorifiera Dieu. Gloire et louange à notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, avec Son Père et avec le Saint-Esprit, Trinité unique et indissociable, maintenant et toujours, de tout temps et de toute éternité. Amen.
[1] La péricope évangélique du trentième dimanche après la Pentecôte a été commentée pour le douzième dimanche après la Pentecôte.