”Saint Eustathe servait dans l’armée romaine, en Galatie. Mais, estimant qu’il était avant tout au service du Christ, il ne craignait pas de Le proclamer clairement et attira ainsi un grand nombre de païens à la foi. Traduit devant Corneille, le gouverneur d’Ancyre, il confessa bravement la glorieuse Économie de Notre Seigneur Jésus-Christ. Aux propositions d’honneurs et de riches présents, il répondit que tout cela ne contribue en aucune façon à la gloire promise aux chrétiens et que nul homme sensé n’abandonnerait ce qui est éternel pour obtenir des biens périssables. Irrité, le gouverneur le fit flageller. Sous les coups, alors que son sang rougissait le sol, le saint rendait grâces au Christ de l’avoir jugé digne de souffrir pour son Nom. Après un second interrogatoire, on lui perça les chevilles pour y passer une corde, et il fut ainsi traîné d’Ancyre jusqu’au fleuve Sangarios, sous le regard satisfait de Corneille. Une fois parvenu sur la rive, ce dernier ordonna à ses hommes d’enfermer le saint dans un sac et de le jeter dans le fleuve. Mais un ange intervint, se saisit du sac et le remit sur la terre ferme. Indemne et miraculeusement guéri de ses blessures, le saint entonna le Psaume : « Celui qui demeure sous la protection du Très-Haut, repose à l’abri du Dieu du ciel (…) le malheur ne pourra t’atteindre, ni le fléau approcher de ta tente, car il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder dans toutes tes voies » (Ps. 90).
Apprenant que toutes ses entreprises avaient échoué, le tyran, couvert de honte, tira son glaive et se donna la mort. Le saint martyr restait pendant ce temps en prière et, après avoir reçu la sainte communion d’une colombe envoyée du ciel, il remit son âme entre les mains de l’ange qui l’avait sauvé du fleuve. Son corps fut enseveli dans la ville d’Ancyre, qui l’honora comme l’un de ses protecteurs.