”Cette sainte brebis du Christ était originaire d’un village de l’île de Chio. Sa mère étant morte, elle fut élevée par son père. En grandissant, elle croissait en vertu, de telle manière que son corps resplendissait du débordement de la pureté de son âme. Le diable, jaloux d’une vertu si éclatante, essaya de lui suggérer des pensées impures, mais la sainte repoussait aisément toutes tentations par la puissance de la Croix. Le prince des ténèbres se tourna alors vers son père, et provoqua en cet homme charnel et de peu de foi un désir impudique envers sa propre fille. Ayant laissé les pensées germer en son âme, il se mit à faire des propositions inconvenantes à la jeune fille qui, troublée par une telle impudence, s’enfuit du village et alla se réfugier dans la montagne. Cet échec ne fit qu’aviver la flamme qui consumait le cœur de l’insensé et, tel un possédé, il se mit à sa recherche par monts et par vaux. En le voyant approcher, sainte Marcelle courut vers la mer et se cacha dans un grand buisson. Mais elle ne put échapper à l’attention de son père qui, ne pouvant pénétrer dans le buisson, y mit le feu. Marcelle s’esquiva par un autre endroit et se mit à courir le long du rivage, sur les rochers.

Comme son père ne pouvait la rattraper, il décocha contre elle une flèche, qui blessa la bienheureuse mais ne l’empêcha pas de poursuivre sa course effrénée. Réalisant que ses forces l’abandonnaient, elle éleva une prière vers son Époux céleste, le suppliant de lui venir en aide. Aussitôt, le Seigneur fit se fendre un rocher qui reçut la sainte, de la même manière que sainte Thècle autrefois (cf. 24 sept.). Lorsque son père arriva, ne pouvant la tirer du rocher, il trancha les seins de sa fille, puis la décapita et jeta sa tête dans la mer, lui ouvrant ainsi les portes de la cour céleste, parmi les vierges sages qui escortent l’Époux. [On suppose que le crâne de la sainte fut transféré en Italie, lors de l’occupation de Chio par les Vénitiens.] Du rocher qui abrita la sainte, jaillit une eau claire, aux vertus thérapeutiques (hagiasma), qui a la propriété de recouvrir les galets d’une pellicule rougeâtre, nommée le « saint sang » par les habitants de l’île qui accourent en foule à ce pèlerinage. Ils ramassent ces galets et, après les avoir grattés, en déposent les débris dans des vases et s’en servent pour soigner toutes sortes de maladies. La sainte est apparue par ailleurs, à de nombreuses reprises, portant des vêtements monastiques et semblant surgir de la mer, à des malades venus passer la nuit dans l’église édifiée sur l’emplacement du buisson.