”La sainte et grande martyre Parascève naquit dans un village proche de Rome, sous le règne d’Hadrien (117-138), de parents chrétiens, Agathon et Politeia, qui avaient longtemps supplié le Seigneur de leur donner une progéniture. Dieu, qui comble toujours le désir de ceux qui le craignent, leur accorda donc une fille, qu’ils appelèrent Parascève, car elle était née un vendredi [En grec : Paraskévie] et par dévotion pour la Passion vivifiante de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dès sa plus tendre enfance, elle se consacra tout entière aux choses de Dieu. N’éprouvant aucun attrait pour les jeux puérils, elle passait tout son temps soit dans l’église pour assister aux offices, soit à la maison, pour s’adonner à la méditation de la Parole de Dieu ou à la prière. Quand ses parents moururent, alors qu’elle était âgée de douze ans [Selon d’autres 20 ans], elle distribua leurs grandes richesses aux nécessiteux, puis se retira dans un monastère où elle reçut le voile, signe de sa consécration à Dieu. Après y avoir passé quelque temps dans une complète soumission à sa supérieure, l’âme avide de faire partager aux autres hommes le trésor de la foi, elle quitta le monastère pour aller proclamer le Nom du Christ par villes et campagnes.
Elle amena ainsi beaucoup de païens à la vraie foi, suscitant la jalousie et la haine des Juifs, qui la dénoncèrent au roi de la contrée dans laquelle elle se trouvait. [Selon les versions récentes, au nouvel empereur, Antonin le Pieux (vers 140).] Le souverain ordonna aussitôt d’arrêter la noble chrétienne et de la faire comparaître devant lui. Lorsqu’il la vit, il resta d’abord stupéfait devant sa beauté, puis essaya de l’attirer par des flatteries, disant : « Si tu te laisses convaincre par mes paroles et acceptes de sacrifier aux dieux, tu recevras de grandes richesses; mais si tu t’obstines, sache que je vais te livrer à de terribles tourments. » La frêle jeune fille lui répondit avec une virile assurance : « Jamais je ne renierai mon très doux Jésus-Christ, et nul supplice ne pourra me séparer de son amour. Car c’est Lui qui a dit : Je suis la Lumière du monde, et qui me suivra ne marchera point dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie (Jn 8, 12). Quant à vos dieux, qui n’ont fait ni le ciel ni la terre, ils seront exterminés de la terre et de dessous le ciel (Jér. 10, 11) ».
La colère du roi s’enflamma alors, et il donna l’ordre aux soldats de poser sur la tête de la sainte un casque de fer rougi au feu. Recouverte de rosée, comme les Trois Jeunes Gens dans la fournaise, sainte Parascève ne ressentit aucune souffrance. Après avoir eu les seins arrachés, elle fut jetée en prison, avec une lourde pierre posée sur la poitrine, mais fut guérie par un ange apparu dans un grand tremblement de terre. Constatant le miracle, soixante-dix soldats de la garnison se convertirent ; ils furent aussitôt exécutés sur ordre du tyran qui fit de nouveau comparaître Parascève. Ayant réitéré son ardente
confession de foi, la sainte fut plongée dans un chaudron d’airain rempli de plomb en fusion. Mais là encore, son corps ayant reçu, par l’ascèse et la virginité, les arrhes de l’incorruptibilité future, resta invulnérable. Ne croyant pas que le mélange fût vraiment brûlant, le tyran s’approcha et se trouva aveuglé par l’ardeur de la fournaise. [Dans les passions récentes, il est aveuglé par le mélange de poix et d’huile que lui jette Parascève.] Prenant conscience de sa faute sous l’effet de la douleur, il se mit à crier : « Aie pitié de moi, servante du vrai Dieu, et rends la lumière à mes yeux, et je croirai au Dieu que tu proclames. » À la prière de la sainte, il recouvra non seulement la vue, mais reçut aussi la lumière de la foi, et à sa demande, il fut baptisé au nom de la Sainte Trinité, avec tout son entourage.
Libérée, sainte Parascève quitta la contrée, en vue de poursuivre ses missions. Alors qu’elle se trouvait dans une ville, gouvernée par un certain Asclépios, et y proclamait le Christ, elle fut arrêtée et traduite au tribunal. À la question d’Asclépios, lui demandant de décliner son identité, la sainte fit le signe de la sainte Croix, et déclara qu’elle était servante du Dieu qui a créé le ciel et la terre, qui s’est offert à la croix et à la mort pour notre Salut, et qui reviendra en gloire juger les vivants et les morts. Le tyran la fit frapper de verges, mais la sainte continuait de glorifier Dieu, le regard tourné vers le ciel, et quand Asclépios interrompit les bourreaux pour lui proposer de sacrifier, elle lui cracha avec mépris au visage. Hors de lui, il la fit fustiger jusqu’aux os. Mais après une nuit passée dans le cachot, les soldats la découvrirent, au matin, indemne. Comme elle demandait au roi à se rendre au temple d’Apollon, tous les païens se réjouirent, croyant qu’elle acceptait de sacrifier. Lorsqu’elle traça le signe de la Croix, après avoir longuement prié, les idoles s’effondrèrent dans un grand fracas, et le peuple s’écria : « Grand est le Dieu des chrétiens! » Les prêtres des idoles, dans une grande fureur, ayant réclamé au roi d’en finir avec elle, elle fut précipitée dans une fosse, où elle mit à mort, par sa prière, un dragon et des reptiles qui s’y trouvaient. Constatant que toutes ses entreprises étaient restées vaines, Asclépios l’envoya dans un autre royaume, dirigé parle cruel Tàrasios. [Dans les passions récentes, Asclépios se convertit, et la sainte poursuivit d’elle-même sa mission dans le royaume de Tarasios.]
Comme elle y guérissait par l’invocation du Nom du Christ tous les malades qu’on lui présentait, le roi la fit comparaître, en l’inculpant de pratiques magiques, et ordonna de la jeter dans une fosse puante, remplie de bêtes venimeuses. Par le signe de la Croix, cette fange devint semblable à une prairie parfumée au printemps, et la sainte, protégée par un ange, resta invulnérable à toutes les autres tortures qu’on lui infligea. Aussi, ne contenant plus sa rage, le roi ordonna à ses bourreaux de trancher la tête de la servante de Dieu. Tombant à genoux, Parascève pria avec larmes, confiant son âme valeureuse au Christ son Époux et lui demandant d’accorder le pardon des péchés à ceux qui honoreraient sa mémoire. Quand sa tête tomba sous le glaive, on entendit une voix céleste lui souhaiter la bienvenue dans le Royaume des Cieux, dont elle avait annoncé la venue par sa parole et par des œuvres de puissance. Depuis, les fragments de ses reliques, dispersés dans les saintes églises, n’ont cessé d’accomplir de nombreuses guérisons, en particulier pour les maladies des yeux.