”Sainte Anne naquit au sein d’une famille illustre et fort riche, au temps de la persécution de Théophile contre les saintes icônes (vers 840). Après la mort prématurée de son père, elle fut élevée par sa mère, qui cultiva en elle les semences de la piété et de la chasteté. La mort de sa mère la laissa à la tête d’une immense fortune qu’elle consacra au service des pauvres. Comme sa réputation grandissait à la suite de ces bonnes œuvres, un homme peu recommandable, d’origine sarrasine, fit pression auprès de l’empereur Basile le Macédonien (867-886) pour obtenir sa main. Le souverain demanda à la pieuse Anne d’accepter, mais celle-ci refusa énergiquement, déclarant qu’elle désirait consacrer sa virginité au Seigneur. Elle eut à supporter maintes poursuites et mauvais traitements de la part de ce prétendant qui avait décidé de recourir à tous les moyens pour parvenir à ses fins.

Finalement Dieu entendit les prières et les larmes de la sainte, et priva subitement le Sarrasin de la vie. Anne renonça alors à tout ce qui la retenait au monde et se rendit dans une église dédiée à la Mère de Dieu. Après avoir longuement prié pour exprimer à Dieu sa reconnaissance, elle y établit sa résidence et embrassa une vie de plus en plus ascétique. Elle passait souvent toute la semaine sans manger, et persévérait nuit et jour dans la prière. Elle flétrit tellement son corps, que tous ses nerfs et ses muscles apparaissaient sous sa chair desséchée, comme si elle n’avait plus que la peau sur les os. Elle mena ce mode de vie angélique pendant cinquante ans, et rendit en paix son âme à Dieu après une légère maladie (vers 918). Ses proches ensevelirent son corps dans le tombeau de sa famille. Après de longues années, la tombe fut ouverte à la demande de plusieurs possédés, et l’on y découvrit son corps parfaitement conservé et exhalant une odeur céleste, de sorte qu’on pouvait lui appliquer ces paroles de David : « Le Seigneur veille sur les os de ses saints, pas un ne sera brisé » (Ps. 33, 21). La grâce qui émanait de ces reliques procura la guérison à de nombreux malades, délivra des possédés, rendit la vue à des aveugles et l’usage de leurs membres à des hommes perclus; en un mot elles accordaient à tous ceux qui les vénéraient la grâce du Salut.