”La bienheureuse Olympias naquit à Constantinople (entre 361 et 368) dans une famille de la haute aristocratie. Son père, le comte Séleucos, et sa mère étant décédés alors qu’elle était enfant, elle fut placée sous la tutelle d’un de ses parents, Procope, gouverneur de Constantinople, qui confia son éducation à Théodosie, la sœur de saint Amphiloque d’Iconium (cf. 23 nov.). Par son intermédiaire, Olympias entretint des rapports amicaux et familiers avec saint Grégoire le Théologien, saint Grégoire de Nysse [Il lui dédia son commentaire sur le Cantique des cantiques] et d’autres illustres hommes d’Église. Parvenue à l’âge adulte, elle brillait autant par sa beauté corporelle que par sa sagesse et sa piété. En 386, elle épousa Nébridios, le préfet de Constantinople, qui décéda, peu après, avant d’avoir eu commerce avec elle. Elle décida alors de consacrer le reste de sa vie au Seigneur, comme veuve et vierge tout à la fois, et de mettre son immense fortune au service de l’Église. Ayant refusé de contracter un second mariage avec Elpidios, parent de l’empereur Théodose, l’État confisqua ses biens, et on l’empêcha de fréquenter les hommes d’Église tant qu’elle ne se serait pas soumise. Mais à son retour de campagne contre Maxime (388), l’empereur, admirant son zèle pour l’ascèse et la vertu, lui fit restituer ses biens. Elle commença aussitôt à distribuer en aumônes et en œuvres de bienfaisance ses immenses richesses. Elle vendit les propriétés qu’elle possédait en Thrace, en Galatie, en Cappadoce et en Bithynie, ainsi que ses somptueuses demeures de Constantinople, afin de faire édifier partout des hôtelleries pour les voyageurs, des hôpitaux, des églises et un monastère, adossé au portique méridional de Sainte-Sophie, qui abritait plus de deux cent cinquante religieuses : d’abord ses servantes et ses parentes, auxquelles se joignirent ensuite d’autres femmes de la haute société.

Vêtue de vêtements pauvres et sans apprêt, le visage sans fard, le corps allégé par les veilles et les prières qui lui tenaient lieu de nourriture et de boisson, le cœur apaisé et l’esprit étranger à toute curiosité mondaine, la sainte était pour tous une image même de la vertu. Malgré les épreuves qu’elle eut à endurer, jamais une parole de reproche ne sortit de sa bouche, et sa charité s’étendait sur tous, dignes et indignes. Elle passa toute sa vie à contempler en tout temps le Christ, sans distraction, et les yeux baignés de larmes de componction. La renommée de sa vertu était si grande qu’à peine âgée de trente ans, elle fut ordonnée diaconesse par le Patriarche saint Nectaire (cf. 11 oct.), et elle devint sa conseillère dans de nombreuses affaires ecclésiastiques. [Les diaconesses, choisies parmi les vierges ou les veuves d’un âge avancé (60 ans alors, puis 40 ans), étaient ordonnées par imposition des mains et avaient accès au sanctuaire, mais elles n’étaient pas considérées comme faisant partie du clergé. Leur ministère consistait principalement dans l’assistance du baptême des femmes, la visite des malades et certaines tâches auxiliaires, mais elles ne pouvaient ni enseigner en public ni baptiser (Constitutions Apostoliques 3, 6, 1-2). Cette fonction tomba en désuétude avec la disparition du baptême des adultes (XIIe s.), mais nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, souhaitent sa restauration.]

Quand saint Jean Chrysostome succéda à Nectaire (398), Olympias trouva en lui non seulement le père spirituel qu’elle désirait, l’autorité en matière d’interprétation de l’Écriture, le pasteur qui prenait soin de toute l’Église plus que de son propre corps, mais aussi le compagnon et l’ami, tant dans les jours heureux que dans les tribulations subies pour la cause de la vérité et de la droiture des mœurs. Elle se mit à son service avec zèle, pourvoyant à tous les besoins matériels du saint et répandant largement les aumônes, conformément à ses prescriptions. Seule personne masculine admise à l’intérieur du monastère d’Olympias, le saint évêque y venait fréquemment instruire les religieuses et il ordonna diaconesses plusieurs de ses disciples.

Après le bannissement de saint Chrysostome en Arménie (404), Olympias refusa de reconnaître son successeur et entreprit de défendre sa cause. Accusée par le préfet Optat d’avoir provoqué un incendie qui, déclenché à Sainte-Sophie, avait détruit le palais attenant, elle refusa toute concession et fut condamnée à payer une forte amende. Elle se retira alors à Cyzique et, après une nouvelle comparution devant le préfet, elle fut envoyée en exil à Nicomédie, où saint Jean Chrysostome lui adressa dix-sept admirables lettres de consolation, pour l’exhorter à endurer l’épreuve et l’injustice avec foi et patience [Lettres à Olympias (SC 13)]. Grâce à ces encouragements, sainte Olympias fit de l’exil une occasion de progrès dans la patience et l’humilité. Après avoir livré de rudes combats pour l’Église, avoir instruit beaucoup de femmes dans la voie de la vertu, avoir honoré les prêtres et s’être
mise au service des évêques, elle remit son âme à Dieu, à Nicomédie, le 25 juillet 408, remportant la couronne des confesseurs de la foi.

Conformément à son vœu, son corps, enfermé dans un cercueil, fut abandonné en mer. Parvenu à proximité du monastère de Saint-Thomas de Brochtoi, sur la côte asiatique du Bosphore, un ange avertit l’higoumène qui alla le recueillir et le déposa près de l’autel, où il commença à accomplir des guérisons. Le monastère de la sainte à Constantinople, détruit lors de la révolte de Nicétas (532), fut reconstruit par Justinien, et ses reliques y furent transférées, au début du VIIe siècle, sous la menace d’une invasion perse.