”Hongrois d’origine, saint Moïse servait, avec son frère Georges, à la cour du prince-martyr Boris (cf. 24 juil.), qui lui témoignait une grande affection. Lors du meurtre de saint Boris, il resta seul survivant et put trouver refuge à Kiev, dans la demeure de Prédislava, la sœur du prince Iaroslav, où il passait son temps en prière. Iaroslav ayant vaincu Sviatopolk, celui-ci s’enfuit en Pologne ; mais, revenu bientôt avec de nouvelles troupes, il chassa Iaroslav et occupa Kiev. Saint Moïse fut alors emmené captif en Pologne par le roi Boleslav. Une riche veuve de la noblesse, ayant remarqué sa force et sa belle prestance, l’acheta pour trois mille pièces d’or, et essaya de l’attirer à la luxure par toutes sortes de promesses. Mais ce nouveau Joseph, résista à la tentation en multipliant les jeûnes et les mortifications. Considérant cette résistance comme un affront, la femme ordonna de l’enfermer dans un cachot, dans le but de le faire mourir de faim. Mais le Seigneur inspira à l’un des domestiques de lui porter en secret de la nourriture. Les amis du saint essayèrent de le convaincre d’accepter les propositions de mariage de la veuve, mais il leur répondit que leurs conseils étaient pires que ceux du serpent au Paradis, car il s’était engagé à rester chaste pour vaquer sans soucis à l’amour du Seigneur. Ces paroles ayant été rapportées à la femme, elle le fit monter sur un cheval et visiter toutes ses propriétés, annonçant aux paysans qu’il serait leur maître et son époux. Saint Moïse, pris de pitié pour ces entreprises dérisoires, lui assura que rien ne pourrait l’arracher au désir des biens incorruptibles promis aux élus. Et, après avoir été tonsuré en secret par un moine athonite de passage dans la contrée, il se présenta devant sa maîtresse revêtu de l’Habit monastique. Éclatant de rage, la veuve le livra à la torture et le fit frapper avec des tiges de métal, jusqu’à ce que le sol soit recouvert de son sang. Aux bourreaux qui voulaient lui épargner de plus cruels supplices, le saint répondit : « Frères, il m’est impossible de renoncer à mes engagements monastiques. Ni les tourments, ni le feu, ni le glaive ne pourront me séparer de l’amour de Dieu et du saint Habit angélique. »
L’affaire ayant été portée devant le roi Boleslav, il essaya de convaincre Moïse d’accepter la main de sa maîtresse ; et, s’étant opposé au même refus de la part du saint, il donna licence à la femme de faire de lui ce qui lui plairait, de peur que son exemple porte d’autres esclaves à la rébellion contre leurs maîtres. Saint Moïse, après avoir été amputé de ses membres intimes, reçut quotidiennement cent coups de fouets et endura vaillamment injures et mauvais traitements pendant de longs jours. Conformément à sa prédiction, Dieu manifesta finalement sa justice. Boleslav, qui avait déclenché une violente persécution contre les moines, fut soudain frappé de maladie et mourut la nuit suivante. Une révolte éclata alors dans tout le royaume, les insurgés mirent à mort leurs évêques et les nobles, et la maîtresse de saint Moïse périt à son tour au cours de ces événements.
Rendu à la liberté au terme d’une épreuve de six années, qui avait fait resplendir sa vertu comme celle de Job et du chaste Joseph, saint Moïse put regagner Kiev. Il entra à la Laure des Grottes et, sous la direction de saint Antoine, s’adonna au silence et à la prière pendant une dizaine d’années. Ayant atteint une haute stature spirituelle et rayonnant de grâce, il trouva le repos le 26 juillet 1043. Ses précieuses reliques sont conservées incorrompues dans la Grotte de saint Antoine, et, au cours des siècles, ses prières ont délivré un grand nombre de fidèles de la luxure et des tentations de la chair. [Cf. S. Jean l’Endurant, au 18 juil.]