”Né en terre byzantine à l’époque où l’Église se parait à nouveau des saintes icônes (vers 843), notre Père Nahum devint disciple des glorieux apôtres des Slaves: saints Constantin (Cyrille), Méthode et Clément, et partit avec eux en mission vers les régions peu civilisées d’Europe Centrale (vers 863) [Voir la notice de Saints Cyrille (Constantin) et Méthode, le 11 mai, et celle de Saint Clément d’Ochrid, le 27 juillet. D’après son office, Saint Nahum devrait être commémoré le 20 juin]. Le jeune royaume de Moravie (région du moyen Danube, entre la Bohème, la Bavière et la Slovaquie) était composé de populations slaves aux mœurs encore barbares, et c’est au prix d’épreuves sans nombre, constamment affligés, objets des moqueries et des mauvais traitements des païens, souffrant la faim, le froid et les coups, que les véritables apôtres du Christ parcouraient les villages et les campagnes pour prêcher la parole de Dieu. Ils connurent néanmoins bien vite un grand succès, car — contrairement aux missionnaires francs, venus de Germanie, qui tentaient d’imposer la langue et les usages latins— ils connaissaient le dialecte des habitants de ces régions et avaient commencé à traduire en slave la sainte Écriture et la Liturgie de Saint Jean Chrysostome. Comme cette langue était dépourvue d’alphabet, les saints en avaient constitué un, et donnaient par l’écriture et les livres de solides fondements à leur mission.

L’œuvre étant bien avancée, ils se rendirent à Rome pour obtenir le soutien et la caution du pape Hadrien II (867-872). Ils furent brillamment reçus à la cour du patriarche d’Occident et honorés comme de véritables envoyés de Dieu. Après comparaison avec le texte grec, leurs traductions furent trouvées en tout point fidèles et dignes d’être utilisées pour l’évangélisation des peuples slaves. Le pape leur donna avec joie sa bénédiction, conféra le sacerdoce à nombre de leurs disciples et fit célébrer la liturgie en slave dans des églises de la ville. Pendant ce séjour, Dieu montrait à tel point ses faveurs à l’égard de ses serviteurs que d’un seul regard, ils guérissaient miraculeusement les malades et les éprouvés qui venaient demander leurs prières. Pour être le plus jeune, saint Nahum n’en était pas toutefois inférieur à ses compagnons pour le zèle apostolique et la puissance thaumaturgique.
Après avoir laissé saint Constantin finir en paix ses jours dans un monastère de la ville, sous le nom de Cyrille; saint Méthode et ses compagnons reprirent la route pour les plaines du Nord. Nommé par le pape archevêque de Pannonie, sur l’ancien siège épiscopal de Sirmium, avec juridiction sur les territoires slaves de Pannonie, Moravie, Slovaquie et sur une part de la Croatie, Méthode était chargé de poursuivre l’œuvre entamée. Mais la situation avait changé. Le souverain de Moravie, cherchant la protection du roi franc Louis le Germanique, avait livré ces territoires à l’influence des missionnaires allemands, qui cherchaient à répandre l’hérésie latine du Filioque et voulaient imposer partout la liturgie en latin, ne permettant l’usage du Slave que pour la prédication. Parvenus dans leur diocèse, l’archevêque Méthode et ses missionnaires furent donc considérés comme des usurpateurs. Arrêtés et malmenés, ils furent jetés au secret dans une prison de Souabe, où ils manquaient du nécessaire pour se protéger des rigueurs du climat.

En prison, saint Nahum montra à nouveau le pouvoir de sa prière en faisant miraculeusement ouvrir les portes. Ils furent finalement libérés et purent reprendre leur œuvre de fondation de l’Église slave d’Europe Centrale, au milieu de difficultés et d’épreuves constantes, dues désormais moins aux barbares qu’au clergé franc. À la mort de saint Méthode (885), son successeur Gorazd et ses principaux disciples: Laurent, Clément, Angelarius et Nahum furent derechef mis en prison, à la suite des intrigues des missionnaires allemands, et les trois derniers furent exilés. Saint Clément et ses compagnons se rendirent alors vers le royaume orthodoxe de Bulgarie, où ils furent accueillis avec joie et considération par le roi Boris, et reçurent toute facilité pour poursuivre leurs missions, en usant désormais librement de la langue slave.

Au cours de ces pérégrinations missionnaires, saint Nahum fonda un monastère, portant depuis lors son nom, sur la rive méridionale du lac d’Ochrid. C’est là, qu’après son bienheureux trépas, son corps fut enterré et qu’il est vénéré avec ferveur par les chrétiens de la région.