”Après la Pentecôte et l’effusion du Saint-Esprit sur les Apôtres, nombreux furent ceux qui commencèrent à se convertirent, saisis par les paroles de feu des Apôtres et par leurs prodiges. Une fois devenus membres du Corps du Christ par le saint Baptême, les croyants abandonnaient tous leurs biens pour en déposer le prix aux pieds des Apôtres et, se détachant ainsi de tout lien et de toute affection du monde, ils menaient vie commune, n’ayant qu’un cœur et qu’une âme. Après s’être acquittés assidûment de leurs devoirs religieux au Temple, ils se réunissaient en particulier pour suivre l’enseignement des Apôtres, louer le Seigneur Jésus-Christ et participer avec allégresse au festin de la vie éternelle, la sainte Eucharistie, sceau de leur communion avec Dieu et de leur mutuelle charité (cf. Actes 2, 42-47; 5, 32-34).

Comme les disciples augmentaient sans cesse, les Douze décidèrent de désigner sept frères, appréciés de tous pour leur sagesse et remplis de l’Esprit Saint, pour les soulager dans le soin matériel de la communauté, notamment dans le service des frères pendant les repas communs et dans l’assistance des veuves et des déshérités, de sorte que les Apôtres pussent se consacrer sans autre souci à la prière et à l’enseignement. [Diacre vient du verbe diakonein = «servir»; non pas au sens de la soumission à une autorité, mais en tant qu’imitation du Christ qui s’est fait Lui-même le Serviteur de tous par Son Incarnation (cf. Le. 22, 27; Jn. 13, 14). Le «service» chrétien est une expression de la charité fraternelle, «lien de la perfection» (Col. 3, 14).] Ces sept diacres, auxquels les Apôtes imposèrent les mains, étaient: Étienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas (Actes 6, 1-6). L’activité d’Étienne, qui était à leur tête, s’étendait bien au-delà de la seule subsistance matérielle de la communauté. Rempli de la grâce de l’Esprit Saint pour accomplir des miracles et parler avec l’autorité des envoyés de Dieu, il faisait l’admiration de tous, à tel point qu’un jour des Juifs, furieux de ne pouvoir répondre à ses arguments, l’accusèrent faussement de blasphème et de complot contre les institutions de la Loi, et le traduisirent devant le Sanhédrin, le tribunal du grand-prêtre.

Le jeune homme s’avança sans crainte devant les juges et l’Esprit que le Christ a promis de donner à ses disciples en de telles circonstances (Mat. 10, 19), lui inspira un discours enflammé, dans lequel il rappelait aux Juifs durs de cœur quelle bienveillance et quelle patience Dieu n’a cessé de montrer pour son peuple, promettant Son alliance aux patriarches et venant sans cesse au secours de ses élus. Merveilles, prodiges, actions d’éclat, promesses, révélations terrifiantes par l’entremise de Moise, au Sinaï, dans le désert et dans toute l’histoire d’Israël, sans se lasser Dieu fit tout pour élever son peuple élu au-dessus de l’attachement aux créatures et pour le délivrer de l’idolâtrie; mais toujours ils résistèrent, et lorsque vint sur la terre le Juste, le Sauveur et Rédempteur, la promesse des Patriarches et l’accomplissement des prophéties, ils montrèrent le même cœur incirconcis, la même résistance obstinée aux voies de l’Esprit Saint: «Tels furent vos pères, tels vous êtes! Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécutés? Ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous venez de trahir et d’assassiner» (Actes 7, 51-52).

La grâce de Dieu, qui remplissait le cœur d’Étienne et le rendait semblable au Ciel, faisait jaillir de sa bouche ces paroles inspirées et se répandait aussi sur son corps, irradiant son visage d’une
lumière divine, comme le Seigneur le jour de sa Transfiguration (cf. Mat. 17, 6; Luc 9, 29). En le voyant ainsi revêtu de gloire étincelante, tel un Ange de Dieu (Actes 6, 15), les Juifs siégeant au tribunal grinçaient les dents de haine, et leur rage éclata quand, levant les yeux au ciel et contemplant la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite du Père aussi clairement que lorsqu’Il reviendra à la fin des temps, le saint s’écria: «Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu» (Act. 7, 56). Incapables de supporter cette révélation de l’exaltation au ciel de Jésus-Christ et de son séjour corporel dans le sein de la bienheureuse Trinité, les Juifs se bouchèrent les oreilles et, se ruant sur Étienne, ils le menèrent hors de la ville où ils le lapidèrent.
Tandis qu’on le mettait à mort, Étienne, calme et radieux, exultait de joie de suivre ainsi l’exemple
de son Maître, et les pierres qu’on lui jetait devenaient pour lui autant de degrés qui l’élevaient jusqu’à la vision glorieuse du Christ qu’il avait entrevue. En invoquant-le Nom du Seigneur, il laissa échapper dans son dernier souffle, comme Jésus sur la Croix, ce cri de suprême amour pour ses ennemis: «Seigneur ne leur impute pas ce péché!» (Actes 7, 60. Cf. Lc. 23, 34).

Ornant l’Église des perles précieuses de son sang, Étienne fut le premier à emprunter la voie que le
Christ a ouvert vers le Ciel par Sa Passion. Sa mort volontaire pour la vérité lui a ouvert les Cieux et lui a fait voir la gloire de Dieu. Sa parfaite charité envers Dieu et pour son prochain, allant jusqu’au pardon de ses bourreaux, l’a fait siéger au premier rang des amis de Dieu; c’est pourquoi les fervents émules des martyrs, qui contemplent en ce jour la lumière resplendissante de son visage mêlée à celle de l’astre de Bethléem, se fient avec confiance en son intercession.

Le corps de saint Étienne, enseveli par des hommes pieux, fut retrouvé en 415 à Caphargamala par le prêtre Lucien, à la suite d’une apparition, et transféré à Jérusalem dans l’église bâtie en son honneur par l’impératrice Eudocie, épouse de Théodose le Jeune. Par la suite, on le transféra à Constantinople. [On célèbre l’invention des reliques de saint Étienne (en 415) le 15 septembre et leur transfert à Jérusalem puis à Constantinople le 2 août.]