”Saint Gélase avait mené la vie ascétique dans la solitude depuis sa jeunesse aux environs de Nicopolis, en Palestine. Sur un signe de Dieu et après avoir pris conseil des anciens, il fonda un monastère cénobitique, à l’époque de la réunion du Quatrième Concile Œcuménique à Chalcédoine (451). Comme il avait reçu de l’argent, des bêtes de somme et quantité de dons, un saint ascète lui confia son inquiétude: «Je crains, abba Gélase, que ton esprit ne soit enchaîné par les terrains et toutes les affaires du monastère». Mais il le rassura, en disant: «Ton esprit, Père, est plus enchaîné par l’aiguille avec laquelle tu travailles que l’esprit de Gélase par ces biens». Il n’avait en tout et pour tout qu’un manuscrit de valeur de l’Écriture Sainte, qu’il laissait à la disposition de tous dans l’église. Un visiteur le déroba un jour et alla chercher à le vendre en ville. Comme l’acquéreur venait demander conseil à abba Gélase sur son prix, le saint ne laissa rien paraître et lui recommanda de racheter. En apprenant son attitude le voleur, rempli de componction, vint en pleurs lui rendre le livre et resta sous sa direction jusqu’à sa mort.

À la suite du concile de Chalcédoine, les hérétiques monophysites réussirent à attirer à leur parti quantité de moines et d’évêques de Palestine. Saint Gélase fut un des rares à tenir ferme. Convoqué à Jérusalem par le patriarche usurpateur, qui chercha à le séduire par maints détours, le saint abba déclara bien fort: «Je ne connais pas d’autre évêque que Juvénal!» (voir sa mémoire au 2 juillet). Les hérétiques le chassèrent alors en le couvrant de moqueries et l’entourant de fagots, comme pour le brûler vif; mais, par crainte d’un soulèvement du peuple qui lui portait une grande vénération, ils relâchèrent celui qui s’était ainsi offert avec empressement en holocauste au Christ. Entre autres merveilles, on raconte qu’il ressuscita par sa prière un jeune garçon, tué accidentellement par le cuisinier du monastère.