”Lorsque l’empereur Maximien Galère [Il s’agirait plutôt de Maximin Daïa (vers 310), cf. note chez Anthime (3 septembre)] rentra victorieux de sa guerre contre les Éthiopiens (304), il promulgua d’offrir dans tout l’empire des sacrifices pour remercier les dieux. Parvenu à Nicomédie avec tous ses trophées, il ordonna de rassembler tous les habitants de la région pour qu’ils rendent hommage aux dieux de l’empire, sous peine de mettre à mort quiconque refuserait de se soumettre. Après avoir fait exécuter certains chrétiens, que leurs charges dans l’administration locale ou leurs dignités à la cour rendaient particulièrement dangereux, le tyran envoya ses hommes, ivres de sang, dans tous les quartiers de la ville pour débusquer et mettre à mort dans de redoutables supplices tous les fidèles qui pouvaient se cacher. Chaque jour le nombre des victimes croissait, en rendant au Christ bon témoignage avant de partir vers la demeure éternelle des saints. Comme on approchait alors de la célébration de là Nativité, de perfides païens vinrent rapporter à l’empereur que l’évêque de Nicomédie, Anthime (voir 3 septembre), l’âme de la résistance, avait rassemblé les chrétiens en grande foule dans l’église principale de la ville. Saisissant l’occasion, Maximien fit encercler le bâtiment par ses troupes, de sorte que personne ne puisse s’échapper; puis, ayant fait accumuler tout autour de l’église une grande quantité de bois et de branchages et ayant installé devant la porte un autel des idoles, il fit clamer par ses hérauts aux chrétiens qui se trouvaient à l’intérieur en prière que tous ceux qui voulaient avoir la vie sauve pouvaient sortir et sacrifier aux dieux. Le diacre Agapios s’élança alors vers l’ambon, saisi par un zèle divin plus brûlant que toute flamme de ce monde, et s’écria: «Souvenez-vous, mes frères, combien de fois nous avons admiré et nous avons célébré ces Trois Jeunes Gens qui, jetés dans la fournaise de Babylone, invitaient toute la création à chanter la gloire de Dieu, et comment le Verbe Créateur descendit alors sous une apparence corporelle pour les secourir et les rendre invulnérables, en les entourant d’une fraîcheur de brise et de rosée (Dan. 3).
Le temps est venu pour nous maintenant de les imiter. Offrons-nous donc à cette mort temporaire pour l’amour de notre Maître, afin de régner avec Lui dans l’éternité!» Toute l’assemblée répondit alors d’une seule voix aux envoyés de Maximien: «Nous croyons au Christ Dieu et c’est pour Lui que nous livrons notre vie!» Pendant que les soldats commençaient à mettre le feu à l’immense bûcher, saint Anthime fit rassembler par ses diacres tous ceux qui n’étaient encore que catéchumènes, il les baptisa, les oignit du saint Myron et célébra la divine liturgie, à l’issue de laquelle tous les assistants communièrent au Corps et au Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Armés d’une force divine et étroitement unis comme en un seul corps par le Christ qui habitait en eux, les saints martyrs n’éprouvèrent aucune crainte en voyant les flammes s’élever de toutes parts et l’épaisse fumée commencer à remplir l’église. Ils chantèrent avec allégresse à l’unisson le cantique des Trois Jeunes Gens: «Vous toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-Le et exaltez-Le éternellement» (Dan. 3, 57 et sv.) jusqu’à ce que les derniers d’entre eux rendissent l’âme en suffoquant. L’édifice fut la proie des flammes pendant cinq jours. Quand on put enfin approcher des ruines fumantes, chacun put constater que le lieu était entouré d’une lumière éclatante et qu’au lieu de l’âcre odeur de la chair carbonisée, il était imprégné d’un suave et merveilleux parfum. Les saints qui furent alors glorifiés étaient, dit-on, au nombre de vingt mille. Saint Anthime, quant à lui, échappa par miracle à l’incendie, afin de conduire par son enseignement un grand nombre d’âmes au salut et à la nouvelle naissance par le saint Baptême, avant de consommer à son tour son union au Christ par le martyre.