”Grec de la région de Varna (Bulgarie), saint Procope renonça à sa famille à l’âge de vingt ans, pour s’engager dans la vie monastique au Mont Athos. Après être passé en divers lieux, il devint disciple d’un ancien, nommé Denys, à la skite du Précurseur (d’Iviron). Il faisait l’admiration des autres frères pour sa simplicité, son obéissance et son amour des labeurs ascétiques, mais le diable jaloux ne cessait pourtant de lui suggérer de retourner dans le monde. Vaincu par ces pensées, Procope abandonna la Sainte Montagne et se rendit à Smyrne.
Quand il réalisa la gravité de son péché, il fut cette fois gagné par la pensée de désespoir et il se convertit à l’Islam. Mais dès qu’il eut reçu la circoncision, sa conscience se réveilla et lui rappela que le Seigneur, en son infinie miséricorde, ne désire pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive (cf. Ez. 33, 11). Trompant la surveillance du chef des janissaires, auquel il avait été confié, il se rendit alors auprès d’un prêtre de sa connaissance, auquel il confessa son apostasie et déclara son désir de laver ce péché dans le sang du martyre. Le confesseur l’avertit que les supplices, que ne manquerait pas de lui infliger le terrible chef des janissaires, risquaient de le faire revenir sur sa décision ; il lui rappela qu’aucun péché ne saurait dépasser la miséricorde de Dieu et il lui conseilla de retourner auprès de son ancien pour y faire pénitence. Cependant Procope ne se rendit pas à ces prudents avis, et déclara qu’il espérait que la grâce de Dieu lui procurerait courage et endurance dans les tourments, comme elle l’avait fait pour tant de martyrs avant lui. Comme il pressait le prêtre de le réconcilier au plus vite avec la sainte Église par l’onction du saint Myron, celui-ci lui répondit qu’il n’en avait pas en sa possession, mais que, de toute manière, cela était inutile pour qui allait être baptisé de nouveau dans son propre sang.
Pendant quinze jours, Procope rendit visite en secret au prêtre pour être confirmé par lui dans sa résolution. Le dernier jour venu, après avoir prié ensemble et avoir échangé le baiser de paix, le saint alla se présenter au tribunal. Il jeta à terre son turban et, se couvrant du skouphos monastique qu’il cachait dans son sein, il confessa qu’il avait été trompé par le diable et que désormais il rejetait l’illusion de Mohamed. Les Turcs présents se jetèrent sur lui, en criant au blasphème, et le lièrent avec le tissu de son turban, puis ils allèrent le présenter devant le juge et son maître, le chef des janissaires. Procope répéta ses paroles de blâme à l’égard de l’Islam et, aux questions du magistrat, il répondit :
« Je n’ai plus en moi que Notre Seigneur Jésus-Christ et la Toute-Sainte Mère de Dieu. »
Sur ces entrefaites, un décret du sultan fut publié, annonçant l’imminence d’un grand danger pour l’empire. Troublés par cette nouvelle, le juge et les notables décidèrent de ne pas perdre de temps en torturant l’accusé et prononcèrent la sentence de mort. Le bienheureux courut avec empressement vers le lieu de l’exécution, en saluant en chemin les chrétiens qu’il rencontrait. Une telle joie surnaturelle paralysa ses bourreaux, et nul d’entre eux n’osa lever son glaive sur lui. Finalement, on trouva un chrétien apostat, cruel et insensible, qui lui trancha la tête, le 25 juin 1810.