”Né de parents pieux dans l’île de Paros, en 1722, notre saint Père Athanase reçut sa première éducation dans sa patrie et dans diverses écoles situées dans les îles. Nourrissant un zèle ardent pour approfondir ses connaissances, il s’inscrivit en 1745 à la fameuse « École Évangélique » de Smyrne, où il resta six ans. De là, il se rendit à l’Athoniade, académie fondée sur le Mont Athos, qui avait le projet d’allier l’enseignement encyclopédique à la tradition orthodoxe telle qu’elle restait intégralement préservée sur la Sainte Montagne. Grâce à l’enseignement des deux grands savants de l’époque, qui furent tour à tour directeur de cet établissement : Néophyte de Kavsokalyvia et Eugène Boulgaris, Athanase abreuva son esprit avide de connaissances.
Il excellait dans tous les domaines, mais surtout dans l’étude de l’Écriture Sainte et la prédication. Il fut nommé professeur en 1757 et, sa réputation ayant rapidement dépassé les limites de l’Athos, on lui confia bientôt la direction de l’École de Thessalonique. Il brilla quatre années dans cette charge (1758-1762), non seulement par son enseignement, mais aussi par ses sermons, vibrants de foi et de confiance en Dieu, qui lui acquirent l’affection du peuple. Une épidémie de peste ayant entraîné la fermeture de l’école, il se rendit alors à Corfou, où il se redevint élève, pour compléter ses connaissances en philosophie, physique et rhétorique auprès de Nicéphore Théotokis († 1800), un des hommes d’Église les plus cultivés de son temps. Invité ensuite à Mésolongion pour enseigner dans l’école fondée par son condisciple et ami Panaghiotis Palamas, il contribua grandement au développement de cette école, qui brilla jusqu’à la Révolution de 1821. En 1771, il fut nommé directeur de l’Athoniade par le Patriarcat et assura pendant six années la succession d’Eugène Boulgaris. Ordonné prêtre, malgré les résistances de son humilité, par saint Macaire de Corinthe (cf. 17 av.), qui séjournait au Mont Athos, il contribua, avec saint Nicodème (cf. 14 juil.), au programme d’éditions et de restauration des sources de la spiritualité orthodoxe promu par le saint hiérarque, qu’on a justement appelé : « Renaissance philocalique ». C’est pourquoi, lorsqu’éclata la querelle au sujet des commémorations des défunts le dimanche et de la communion fréquente, il se rangea avec tout son zèle aux côtés de ceux qu’on appelait avec mépris les « Collyvadès » : saint Macaire, saint Nicodème, Jacques du Péloponnèse, Néophyte de Kavsokalyvia, Christophore Prodromite et Agapios de Chypre.
Cette controverse allait bien au-delà de détails rituels. Il s’agissait en fait de défendre la Tradition de l’Église contre l’esprit sécularisé, issu de l’Europe des Lumières, qui commençait à se répandre dans certains milieux de l’élite grecque de Constantinople. Honteusement calomniés, les « Collyvadès » furent déposés et exilés dans divers endroits. Ils n’en cessèrent cependant pas de confesser la foi et les traditions reçues des saints Pères, et leur exil devint ainsi providentiellement l’occasion d’un profond mouvement de renouveau spirituel en Thessalie, en Épire, dans le Péloponnèse et surtout dans les îles de la mer Égée. Après sa déposition, saint Athanase écrivit une vibrante apologie, si convaincante qu’il fut innocenté (1777). Peu après avoir été restauré dans son ministère, il fut appelé à assumer de nouveau la direction de l’École de Thessalonique, qui avait repris ses activités (1778-1786).
On lui proposa même la direction de l’École Patriarcale de Constantinople, en lui faisant miroiter la promesse d’une consécration épiscopale; mais il refusa net et déclara qu’à la gloire et aux avantages matériels, il préférait la quiétude de la vie monastique et servir le peuple de Dieu dans sa patrie. Il démissionna donc et s’embarqua pour Paros. Mais, pendant la traversée, on apprit le déclenchement de la guerre russo-turque, et le navire dut s’arrêter à Chio. Athanase se retira dans un petit monastère de l’île, pour y attendre dans l’hésychia le moment favorable pour continuer son voyage. Il fut cependant bientôt découvert par les habitants de Chio, qui lui demandèrent de prendre la direction de leur école. Malgré son ferme refus, ils parvinrent à le convaincre d’assurer au moins l’enseignement de la rhétorique, jusqu’à la fin du conflit. Comme la guerre continuait, il donna aussi, à l’issue de ses cours, des leçons de théologie dogmatique et de logique.
Son enseignement connut un tel succès qu’à la fin de la guerre, les habitants et les notables, soutenus par des autorités ecclésiastiques, réussirent à vaincre les résistances de l’homme de Dieu. Obéissant au dessein de la Providence, Athanase assura, jusqu’en 1812, la direction de l' »École Philosophique » de Chio, qu’il éleva à une telle réputation que les élèves affluaient par centaines de tous les endroits de Grèce, et aussi d’Égypte, de Palestine et même d’Arménie. Il y enseignait la logique, la métaphysique, la théologie, la rhétorique et l’éthique, mais manifestait surtout en sa propre personne le modèle de la parfaite conduite évangélique. Ce n’est qu’après avoir atteint une profonde vieillesse qu’il put se retirer dans un petit monastère, en compagnie de quelques anciens élèves et disciples, pour enfin trouver l’hésychia qu’il avait désirée toute sa vie.
Il rédigea là plusieurs ouvrages, qui complétèrent la liste de ses œuvres, composée surtout de traités apologétiques visant à défendre l’identité de la tradition Orthodoxe contre les influences occidentales. Ardent zélateur de la Tradition, Athanase avait surtout souci de préserver la conception orthodoxe de la foi confessée par le sacrifice de la vie, c’est pourquoi il fut un des promoteurs les plus actifs du culte des nouveaux-martyrs. Alors qu’il rédigeait un livre intitulé : « Sur la vraie foi et qu’est-ce que la vraie philosophie », il fut victime d’une crise d’apoplexie, et quelques jours plus tard, le 24 juin 1813, il remit en paix son âme à Dieu. On ne trouva alors chez lui qu’un pauvre vêtement usagé, une lampe et un encrier.