“Après le décès du métropolite Michel II de Kiev (1145), le prince Iziaslav désigna pour lui succéder Clément, un moine de Grand-Habit, réputé pour sa sagesse et son instruction. Mais désireux de marquer à cette occasion son indépendance, le prince décida de ne point en référer au Patriarcat de Constantinople, dont dépendait alors l’Église russe, pour la consécration du nouveau métropolite. Il convoqua un concile, au cours duquel certains évêques s’opposèrent à cette consécration du fait de son caractère anti-canonique, tandis que d’autres donnèrent leur accord, afin de plaire au prince [Cf. la vie de saint Niphonte de Novgorod, au 8 av.]; finalement la consécration eut lieu. Lorsque le prince Georges Vladimirovitch accéda au trône de Kiev, il souhaita écarter Clément de son siège. À la demande du prince, le Patriarche de Constantinople envoya à Kiev le métropolite Constantin pour prendre possession du siège épiscopal (1155-1158). Au nom du Patriarche, celui-ci destitua Clément et tous les clercs qui avaient été ordonnés par lui. Mais ces événements suscitèrent du trouble dans le peuple : les uns soutenant Clément, les autres Constantin. À la mort du grandprince Georges, les princes russes décidèrent de déposer les deux hiérarques, et, à leur requête, le Patriarche envoya un autre métropolite, Théodore. Désireux d’éviter de nouveaux troubles, le métropolite Constantin se retira à Tchernigov avant l’arrivée de Théodore.
Atteint bientôt d’une maladie mortelle, il confia une enveloppe scellée à l’évêque Antoine de Tchernigov, en lui recommandant d’accomplir tout ce qu’il y écrivait, puis il remit son âme à Dieu (1159). Lorsqu’on ouvrit le testament, on put y lire ces paroles : « Après ma mort, n’enterrez pas mon corps, mais tirezle par des cordes en dehors de la cité et jetez-le en pâture aux chiens. Car j’ai péché et le trouble s’est produit à cause de moi. Que la main du Seigneur soit sur moi à cause de cela. Que je souffre, afin que le Seigneur détourne de son peuple les dissensions et les disputes ! ». Craignant de désobéir mais effrayé, l’évêque Antoine laissa le corps sans sépulture. Un orage terrible éclata alors sur Kiev, pendant trois jours, et huit personnes périrent foudroyées. Pendant ce temps, à Tchernigov, le soleil brillait et on put voir trois colonnes de feu qui, s’élevant du corps du saint, atteignaient jusqu’au ciel. Le prince Sviatoslav ordonna alors d’ensevelir le corps du bienheureux hiérarque avec tous les honneurs qui lui étaient dus, en l’église du Sauveur, où reposait le corps du prince Igor (cf. notice précédente). Le calme revint alors à Kiev, où les habitants s’étaient rassemblés dans les églises, sur l’ordre de leur prince, pour demander pardon de leur péché envers le saint.