”Fils de Jean le grand-prince de Vladimir et de Moscou, saint Dimitris naquit en 1350. Élevé dans un esprit de grande piété, le jeune prince passait le plus clair de son temps en prière et à visiter les saints lieux. Sous la direction spirituelle du Métropolite saint Alexis (cf. 12 fév.) qui, à la mort de son père (1359), assura la régence, il apprit à accomplir les devoirs de son état en conformité avec les principes évangéliques, et à rechercher en toutes choses la gloire de Dieu. La longue et implacable domination tatare avait réduit la Russie à un état lamentable et tout y était à reconstruire, particulièrement dans le domaine moral et spirituel. La divine Providence confia au prince Dimitris cette tâche de rénovation du royaume et de l’Église, pour préparer l’émancipation définitive du joug mongol, alors qu’au plan spirituel saint Serge de Radonège et ses disciples (cf. 25 sept.) présentaient au peuple la vie monastique comme le modèle de la perfection chrétienne. C’est sous la direction des saints : saint Alexis, saint Serge et saint Théodore archevêque de Rostov (cf. 28 nov.), et grâce à l’influence bénéfique de sa pieuse épouse sainte Eudocie (cf. 7 juillet), que le grand-prince entreprit d’abord d’unifier les différentes principautés russes et d’assurer l’indépendance de l’Église.

Après avoir vaincu le prince de Souzdal et ses alliés (1360), il dut affronter, en plus des ennemis extérieurs, Tatares et Lituaniens, les rivalités jalouses des princes de Ryazan et de Tver. Il obtint leurs soumissions en 1375, mais ne profita pas de cette victoire pour piller ou occuper leurs cités. Le but de sa politique était de constituer un État unifié, par la libre soumission des principautés au grand-prince de Moscou, selon le modèle de l’amour mutuel des Personnes de la Sainte Trinité. Visitant fréquemment le monastère de saint Serge, il se fit aussi son collaborateur dans son œuvre de renaissance spirituelle et fonda de nombreux monastères, à la tête desquels il plaçait des disciples du saint [Comme le Monastère de la Dormition, fondé en action de grâces après la bataille de Koulikovo, et dont l’higoumène fut saint Sabas de Zvenogorod (cf. 3 déc.)].
À cette époque, le joug tatare s’étant relâché en Russie à cause de difficultés internes à la Horde d’Or, cette situation avait suscité quelques espoirs chez les peuples soumis. Mais il leur manquait un esprit de cohésion et d’organisation. C’est cette tâche que le grand-prince Dimitris assuma à partir de 1370. En 1378 une grande armée tatare, ayant pour but de parvenir jusqu’à Moscou, envahit la principauté de Ryazan. Le Prince Dimitris et son armée vinrent à leur rencontre et remportèrent une première victoire.

En 1380, le khan, soulevant une immense armée dans tous ses royaumes vassaux, entra en Russie avec près de quatre cent mille hommes. Réalisant que le moment décisif, préparé depuis son enfance par la Providence, était arrivé, le grand-prince, recueillant les fruits de sa patiente politique d’union des principautés russes, rassembla alors une puissante armée aux environs de Moscou, sous le mot d’ordre : « Dieu est notre refuge et notre force! » Après la fête de la Dormition, il se rendit au monastère de la Sainte-Trinité et saint Serge lui donna sa bénédiction pour engager le combat contre les « sans-dieux », en lui prédisant la victoire.

La veille de la Nativité de la Mère de Dieu (7 septembre), les troupes, à la tête desquelles le Prince, tel un nouveau Constantin, avait fait placer la croix vivifiante, franchirent le Don et parvinrent dans la plaine de Koulikovo. Le moment du combat étant venu, saint Dimitris harangua ses hommes en disant : « Mes chers frères, combattons pour Dieu, pour les saintes églises et pour la foi chrétienne. Si nous devons mourir, cette mort n’est pas une mort, mais vie éternelle. Ne pensez à rien de terrestre, mes frères. N’abandonnons pas le combat et alors nous serons couronnés victorieusement par le Christ notre Dieu et le Sauveur de nos âmes. » C’est un novice du monastère de saint Serge qui s’élança le premier au combat et fut la première victime. La bataille fut terrible, la plus grande que la terre russe n’ait jamais connue. Les hommes ne mouraient pas seulement dans la mêlée, mais aussi écrasés par cette foule de soldats qui se pressait dans la plaine trop étroite. Pendant ce temps, saint Serge voyait en esprit le déroulement du combat et donnait le nom des victimes, pour qu’on célèbre des panikhides à leur mémoire. Finalement l’armée russe remporta une éclatante victoire, qui constitua une étape décisive dans la libération du joug tatare et la création de l’État russe. La bataille de Koulikovo est devenue le symbole de l’éveil spirituel et national du peuple russe et de la victoire de la lumière du Christ sur les ténèbres du paganisme.

De retour à Moscou, après s’être remis de ses blessures, le grand-prince Dimitris ne connut cependant pas la paix. En 1382, une armée tatare dévasta Moscou et l’obligea à fuir à Kostroma. Mais, malgré les dégâts infligés à la cité, les Tatares ne furent pas capables d’assurer leurs positions, et le mouvement d’émancipation continua son cours, sans que le prince Dimitris puisse toutefois jouir des résultats. Épuisé par les maladies, il transmit ses pouvoirs à son fils aîné Basile, et, après avoir reçu les sacrements des mains de saint Serge, il remit son âme à Dieu, le 19 mai 1389, à l’âge de quarante ans.