”Saint Erasme menait la vie ascétique dans la région d’Antioche, à l’époque de la persécution de Dioclétien. Il atteignit une telle mesure qu’il fut jugé digne d’abondantes grâces divines et était nourri par des corbeaux, comme le prophète Élie (cf. 20 juil.). Le rayonnement de sa sainteté le fit élire évêque contre son gré. Mais après quelque temps, mû par une inspiration divine, il embrassa la vie apostolique et parcourut diverses régions pour y annoncer l’Évangile, tant par sa parole que par la puissance de ses miracles. [D’après sa Passion latine, il se retira d’abord dans une grotte du Mont Liban, puis fut arrêté et souffrit une première série de tortures. Libéré miraculeusement, il alla alors prêcher l’Évangile pendant sept années en Illyrie, avant de comparaître devant Maximien à Sirmium.] Parvenu à Ochrid, en Macédoine, il y ressuscita un enfant et son père, qu’il baptisa en compagnie de nombreux païens qui avaient été amenés à la foi par ce miracle. Puis il renversa les idoles et, en sept jours de prédications, réussit à convertir tout le peuple. Maximien étant alors de passage à Hermopolis, on lui rapporta qu’un chrétien venu d’Antioche renversait les idoles et entraînait un grand nombre de personnes à la foi chrétienne. Convoqué devant l’empereur et interrogé sur lequel des dieux il adorait, le saint garda le silence.

On le frappa au visage; puis, comme il demandait quel dieu l’empereur voulait qu’il adorât, Maximien l’emmena au temple de Zeus et lui désigna une énorme statue de bronze. Mais dès que le saint jeta sur celle-ci un regard menaçant, la statue s’écroula et un redoutable dragon en sortit. Effrayés, un grand nombre de païens –vingt mille dit-on [Huit mille d’après les sources slaves] – tombèrent aux pieds d’Erasme et furent baptisés par lui. Aussitôt après avoir abattu le monstre, saint Erasme fut arrêté par les soldats et, alors que tous les nouveaux convertis étaient mis à mort sans pitié, on le revêtit d’une cuirasse de bronze incandescent que la grâce divine lui fit supporter comme un vêtement frais et léger. Par la suite, l’Archange Michel le délivra de sa prison et l’emmena à Formie, en Campanie, où il annonça la Bonne Nouvelle avec le même succès. Lorsque vint le temps pour lui de quitter cette vie, saint Erasme se tourna vers l’Orient et pria à trois reprises le Seigneur d’accorder la rémission des péchés à tous ceux qui, dans l’avenir, célébreraient sa mémoire. Puis une couronne resplendissante descendit des cieux et une vaste assemblée de saints vint au-devant de lui pour le conduire jusqu’à la cour céleste.

[En Occident, son culte est attesté depuis le VIe s., comme évêque de Formie en Campanie. En 842, après l’invasion de cette ville par les Sarrasins, ses reliques furent transférées à Gaëte, dont le saint devint le protecteur.]