”Ce saint et glorieux souverain, devenu martyr par amour du Christ, était le fils de Nééman, fils du roi bulgare Syméon d’Ochrid (890-927), qui régnait sur les principautés serbes de Zahumlié et Prévala (également appelées Zéta). Dès son enfance, Vladimir se distingua par sa douceur, son humilité, sa crainte de Dieu et son amour de la chasteté. Lorsqu’il hérita de la couronne, il s’adonna avec un zèle redoublé aux œuvres charitables et, brûlant du désir de réunir tous ses sujets dans la sainte Église, il envoya dans tout le royaume des prédicateurs pour enseigner la vraie foi et convertir les bogomiles et autres hérétiques qui y semaient la division. Par la suite, il fonda des monastères, des églises et des établissements de bienfaisance.

Alors qu’il chevauchait un jour pour chasser dans une forêt épaisse, en compagnie de trois dignitaires, il vit soudain un aigle d’or, qui avait une croix resplendissante suspendue au cou. Se précipitant pour l’attraper, le roi s’enfonça dans la forêt. L’aigle s’arrêta alors et se transforma en un ange lumineux qui portait une croix sur la poitrine. Le roi Vladimir se prosterna devant lui et, par la suite, il fit ériger à cet endroit une église, dans laquelle il se rendait sept fois par jour pour y prier. [Ce miracle, rappelant la conversion de S. Eustathe et de S. Constantin, n’est rapporté que par le Synaxaire grec, et non par les sources slaves.]
Malgré son désir de rester en paix avec les souverains voisins, pendant le reste de son règne, saint Vladimir eut à résister aux attaques de l’empereur byzantin Basile II et du tsar bulgare Samuel (976- 1014). Lorsque ce dernier entreprit une offensive contre son royaume, préférant la retraite à un combat meurtrier, il se retira avec son armée sur une montagne. Samuel lui envoya un messager pour l’exhorter à se rendre. Le bienheureux refusa, mais, trahi par un nouveau Judas, il fut arrêté. En prison, il passait tout son temps en prière. Un jour, un ange lui apparut pour le réconforter; il lui annonça qu’il serait bientôt libéré, mais qu’il devait recevoir par la suite la palme du martyre.
Le tsar Samuel avait une fille, nommée Kosara, qui avait coutume de visiter les prisons pour laver les pieds des détenus et les consoler. C’est ainsi qu’elle fit connaissance de Vladimir et, le prenant en affection, elle alla intercéder pour lui auprès de son père, et lui demanda de l’épouser. Le tsar Samuel accepta et c’est avec honneurs qu’il laissa repartir le bienheureux dans sa patrie. De retour dans leur royaume, saint Vladimir proposa à son épouse de garder la virginité, afin d’imiter ici-bas la vie des anges, et ils s’adonnèrent de concert aux œuvres de piété.

Quelque temps plus tard, le tsar Samuel mourut et son fils Radomir prit la succession. Mais il fut bientôt assassiné par son cousin, Jean Vladislav, homme violent et avide de pouvoir, qui s’empara du trône de Bulgarie et chercha aussitôt à accaparer également le royaume de Vladimir. Dans le dessein de l’assassiner, il l’invita à venir lui rendre visite à sa cour, et en gage de sa bonne foi, il confia une croix en or au messager. Le saint lui fit répondre : « Nous savons que Notre Seigneur Jésus-Christ qui est mort pour nous, n’a été crucifié ni sur une croix en or, ni sur une croix en argent, mais sur une croix de bois. Si ta foi est sincère et tes paroles vraies, envoie-moi, par des hommes consacrés à Dieu, une croix de bois, et je viendrai, au nom de la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. » Ne reculant devant aucune perfidie, le tsar lui envoya deux évêques et un ermite, porteurs d’une croix de bois. De bonne foi, Vladimir se mit alors en route. Ayant échappé, par la protection de Dieu, à des pièges qui lui avaient été tendus sur le chemin, il parvint à la cour du tsar. Surpris de le voir vivant, Jean se précipita sur lui pour le tuer, mais il n’y parvint pas. Vladimir lui tendit sa propre épée et lui dit : « Prends-la et tue-moi, car je suis prêt à mourir comme Isaac et Abel! » Aveugle et fou de rage, le tsar s’empara de l’arme et décapita le bienheureux. On raconte que le saint prit alors sa propre tête entre ses mains, remonta sur son cheval et se dirigea vers l’église. Arrivé là, il descendit de sa monture et dit : « Entre Tes mains, Seigneur, je remets mon esprit », et il s’endormit, ayant reçut la couronne inflétrissable des martyrs, le 22 mai 1015. Il fut inhumé dans cette église et son tombeau, au-dessus duquel on pouvait voir souvent une lumière céleste, devint par la suite une source de guérisons pour ceux qui venaient y prier.

À la suite de ces événements merveilleux, le tsar assassin permit à l’épouse du bienheureux de transférer dans sa patrie (au monastère de Saint-Jean à Elbasan, en Albanie) ses saintes reliques, qui étaient restées incorrompues et dégageaient un merveilleux parfum. [Ces précieuses reliques ont été retrouvées récemment et sont vénérées par les Orthodoxes d’Albanie comme un de leurs plus précieux trésors.] Dans sa main, le saint tenait la croix que son meurtrier lui avait envoyée en gage de sa parole. On rapporte qu’au cours d’une campagne contre la Serbie, Jean Vladislav vit apparaître devant lui un soldat qui avait l’aspect de Jean Vladimir. Effrayé, il voulut prendre la fuite, mais un ange le transperça et c’est ainsi qu’il trouva la mort (1018).