”Originaire de Mytilène, né de parents musulmans, saint Constantin montra cependant dès son enfance une forte inclination à la vertu. À quinze ans, victime d’une magicienne qui lui avait fait boire une potion empoisonnée, il devint aveugle et resta alité pendant trois années. Une pieuse chrétienne l’ayant pris en pitié, recommanda à sa mère d’aller le plonger dans une fontaine miraculeuse, où il fut guéri. Par la suite, il alla travailler avec son frère à Smyrne, dans une boutique de marchands de fruits. Il avait souvent l’occasion de faire des livraisons au palais épiscopal, où il écoutait avec intérêt les récits des chrétiens. C’est ainsi que le feu de l’amour divin s’alluma peu à peu dans son cœur. Entraîné cependant par de mauvaises fréquentations, il se livra quelque temps à une vie de débauche; mais il ne tarda pas à prendre conscience de sa misère et décida de s’embarquer pour le Mont Athos, afin d’y devenir chrétien. Il fit part de son projet dans diverses skites et à la Grande Lavra, mais les moines effrayés le renvoyèrent au Patriarche saint Grégoire V, qui se trouvait alors relégué au monastère d’Iviron (cf. 10 av.). Celui-ci l’écouta avec bienveillance et lui recommanda d’aller se préparer pendant six mois à la skite de Kavsokalyvia. Lorsque vint enfin le jour de son baptême, une lumière à l’éclat insoutenable rayonna de son visage au sortir du bain de la régénération. Par la suite, Constantin vécut comme un être incorporel dans la skite. Après avoir vénéré les reliques des saints nouveaux-martyrs à la skite du Précurseur d’Iviron, il fut saisi d’un ardent désir de les imiter, et son esprit étant sans cesse préoccupé par cette pensée, il donnait l’impression d’être triste et sombre.

Il fit part de son projet à son père spirituel qui décida de l’éprouver par quarante jours de jeûne strict et d’ascèse. Mais à la suite d’une vision, son désir du martyre s’estompa et il décida de se rendre à Magnésie, pour y convertir sa sœur. Parvenu à Kydonia (Aïvali), il fut reconnu par un Turc et, au moment où il s’apprêtait à prendre la fuite pour Smyrne, il fut arrêté et conduit devant l’aga. Les circonstances ravivant en lui son saint désir, il confessa sans hésitation qu’il était effectivement d’origine turque mais qu’il s’était converti au christianisme. Après un nouvel interrogatoire devant le juge de la région, les chrétiens, informés de son cas, trouvèrent le moyen de s’insinuer dans sa prison pour l’encourager en vue des combats qu’il allait endurer. Lors de la comparution suivante, un chaudronnier qui avait déjà servi de tortionnaire pour le saint martyr Georges de Chio (1807, cf. 26 nov.), se proposa pour l’éprouver. Avec une ingéniosité diabolique, il confectionna un casque de métal qu’il fit rougir au feu, et l’appliqua sur la tête du saint. Puis il lui serra des boules de plomb sur les temps avec une lanière, de sorte que ses pupilles en sortirent de leur orbite. La nuit suivante, de pieux chrétiens virent une lumière sortirent de l’église du nouveau-martyr Georges et pénétrer dans la prison de Constantin. Quelques jours plus tard, comparaissant une nouvelle fois devant les juges, Constantin demanda à être délié, et il fit un grand signe de croix en disant : « Voyez ce que je suis, et n’espérez pas que je changerai d’avis ! » Le juge courroucé tira son glaive et frappa le saint à la poitrine d’un signe de croix, mais seul son vêtement se fendit et une croix d’or resplendissante apparut alors sur sa poitrine. Vers le 23 avril 1819, il fut de nouveau livré à la fustigation et on le chargea de lourdes chaînes: pendant la journée il était assis les pieds enserrés dans un étau et la nuit on le laissait suspendu en l’air, par ses entraves.

De plus, Satan le troublait par quantité d’apparitions et de tentations. Mais le saint tenait bon, encouragé par un jeune écolier qui s’était introduit dans sa prison et l’encourageait en lui racontant les exploits des martyrs du Christ, tandis que tous les chrétiens de Kydonia s’étaient rassemblés dans les églises et priaient pour qu’il soit affermi dans sa confession de la foi. Une nuit, il eut une vision de la Mère de Dieu qui le salua comme un fidèle serviteur de Son Fils et lui annonça l’issue glorieuse de son combat, ainsi que la catastrophe imminente qui allait s’abattre sur la ville. Comme il se montrait irréductible, il fut transféré à Constantinople, où après avoir confessé avec ardeur sa foi au gouverneur sous la torture, il fut enfermé dans un bain public. Un prêtre vint lui proposer de le faire libérer, mais le saint refusa en lui montrant ses plaies, preuves de son endurance, et il le supplia de ne rien entreprendre pour ne pas faire obstacle à la prédiction de la Mère de Dieu. À l’issue de deux nouveaux interrogatoires, Constantin souhaita au juge, en soupirant, de réaliser quel était l’intérêt de son âme et de se convertir lui aussi. Ces paroles déclenchèrent la colère du magistrat qui le frappa au visage et donna l’ordre de le torturer, puis de l’exécuter par pendaison. Après son exécution, le 2 juin, ses bourreaux enterrèrent le corps du glorieux martyr dans le cimetière turc, pour que les chrétiens ne puissent pas venir le vénérer.