”Notre saint Père Méthode était originaire d’une riche famille de Syracuse en Sicile. Parvenu à l’âge adulte, il se rendit à Constantinople avec le projet d’y faire une glorieuse carrière. Mais il rencontra là un vieil ascète qui lui suggéra de rechercher plutôt la gloire qui ne passe pas, en prenant sa croix pour suivre le Christ. Le cœur du généreux jeune homme s’enflamma aussitôt d’un zèle spirituel, et il entra au monastère de Chènolakkos, en Bithynie [Cf. la mémoire de son fondateur, S. Étienne, au 14 janv.], où il se fit apprécier pour son obéissance à toute épreuve et pour ses talents de calligraphe. Sous le règne de Michel Ier (811-813), il fut agrégé au clergé du saint Patriarche Nicéphore (cf. 2 juin) et devint archidiacre, puis il fut nommé higoumène de son monastère [De Chènolakkos ou, selon d’autres, du monastère d’Elegmoi, qu’il avait fondé en Bithynie. Selon certaines sources, il serait devenu métropolite de Cyzique, mais cette information est démentie par les historiens]. Il gouverna en paix sa communauté jusqu’à ce que l’empereur Léon déclenche une nouvelle persécution contre les saintes icônes (815). Le patriarche Nicéphore ayant été déposé et les confesseurs étant exilés ou ayant cherché refuge dans les déserts et les antres de la terre, saint Méthode partit pour Rome : non pour épargner sa vie, mais pour y préparer la défense de la vraie foi (817).

Il déploya une activité intense auprès du Pape, et réussit à obtenir qu’il refusât la lettre synodique envoyée par le patriarche hérétique Théodote pour obtenir la reconnaissance de son intronisation. Michel II s’étant emparé du pouvoir (820), Méthode prit le chemin de Constantinople, muni d’une lettre du Pape Pascal Ier assurant le bien-fondé de la vénération des saintes images, et il intercéda auprès du souverain pour obtenir la libération de saint Nicéphore. Mais l’empereur ne tint aucun compte de ce document et, accusant Méthode de fomenter une révolte, il lui fit infliger sept cents coups de fouet, puis le fit jeter dans un cachot étroit comme un tombeau, dans l’île Saint-André au cap Akritas, en compagnie de deux malfaiteurs. L’un d’eux mourut au bout d’une année, et le saint dut endurer la présence de son cadavre en décomposition. Le cachot n’avait qu’une petite ouverture, par laquelle on leur passait du pain et de l’eau, juste de quoi les maintenir en vie. Par la suite, il fut transféré dans l’île d’Antigoni, dans l’archipel des Princes, où il parvint à entretenir une correspondance avec d’autres confesseurs : saint Michel le Syncelle (cf. 18 déc.) et les frères Graptos (cf. 11 oct., 27 déc.). Ces derniers lui écrivirent des vers qui le louaient comme : « Mort vivant, qui endure (pour la vérité) une mort vivifiante. » Il se trouvait incarcéré depuis environ neuf années (839), lorsque l’empereur Théophile s’étant heurté à une difficulté de l’Écriture, que ses théologiens ne pouvaient résoudre, fit appel au sage Méthode, sur la proposition d’un de ses courtisans. Le saint résolut sans peine la difficulté, et Théophile le fit rappeler à Constantinople, le plaçant en résidence forcée dans une ancienne église près du palais. Seul un confident de l’empereur avait accès auprès de lui pour l’interroger sur toutes sortes de questions qui restaient insolubles à l’esprit avide de connaissance du souverain. Théophile l’emmenait aussi dans ses déplacements et ses campagnes militaires, pour jouir de ses conseils, mais aussi parce que, malgré les précautions prises pour le garder au secret, le saint exerçait une influence grandissante, tant dans le peuple qu’à la cour où il avait pu gagner à la cause de l’orthodoxie certains personnages haut placés. Ce ne fut toutefois qu’à la mort du souverain (842) qu’il put être libéré, par ordre de l’impératrice régente sainte Théodora (cf. 11 fév.), ainsi que tous les autres confesseurs. Il gagna le monastère d’Elegmoi, qu’il avait fondé en Bithynie, et y reprit sa vie ascétique.

Pendant le Carême de cette année-là, il recopia sept Psautiers, un par semaine, d’une magnifique écriture, sans rien manger ni boire, excepté le samedi et le dimanche. Les peines de l’incarcération et de l’exil lui avait fait perdre tous ses cheveux et son corps avait plus l’aspect d’un cadavre que celui d’un être vivant, mais sa parole, animée par l’Esprit-Saint, était toute ardente pour proclamer la vraie foi qu’il nommait la « mère des vertus ». En mars 843, un concile, convoqué par l’impératrice Théodora, reconnut le IIe Concile de Nicée, déposa le patriarche hérétique Jean Grammaticos et élut à sa place saint Méthode, conformément à la prédiction de saint Joannice le Grand (cf. 4 nov.). Dès son installation, Méthode fit consacrer saint Théophane Graptos métropolite de Nicée, et il s’assura le concours de saint Syméon de Lesbos (cf. 1er av.) et d’autres confesseurs pour l’administration du Patriarcat. Ces jours-là, saint Joannice et d’autres saints ascètes se rendirent à Constantinople, mus par une révélation divine, et engagèrent le Patriarche et l’impératrice à restaurer officiellement le culte des saintes icônes. À la demande de Théodora, tous les champions de la foi orthodoxe : saints Joannice, Arsakios, Naucrace et les disciples de saint Théodore Studite (cf 18 av.), Théodore et Théophane Graptos, Michel le Syncelle et d’autres, se réunirent autour de saint Méthode, le vendredi de la première semaine du Carême, afin de célébrer une vigile de prière dans Sainte-Sophie pour le pardon de l’âme de Théophile qui, selon son épouse, s’était repenti sur son lit de mort. Dieu ayant révélé qu’Il acceptait leur requête, on organisa, le dimanche 11 mars 843, une grande procession pour célébrer la restauration du culte des saintes icônes et le triomphe de l’Orthodoxie sur toutes les hérésies. Il fut alors décidé que, chaque année, cet événement devrait être commémoré, le Premier dimanche du Grand Carême (Fête de l’Orthodoxie). Mais la paix n’en était pas pour autant assurée dans l’Église. Méthode, qui avait promis de ne pas donner de repos à ses paupières tant qu’il n’aurait pas fait régner la foi orthodoxe, dut encore lutter contre les diverses hérésies qui s’étaient introduites à la faveur de l’Iconoclasme, et il eut surtout a affronter de pénibles divisions parmi les orthodoxes eux-mêmes. Il mena cette action grâce au soutien vigoureux de saint Joannice qui, tel saint Antoine venant jadis assister saint Athanase d’Alexandrie (cf 17 janv.), quitta le Mont Olympe pour Constantinople.

Le patriarche déposé, Jean Grammaticos, soudoya alors une femme pour accuser Méthode de l’avoir violée. L’affaire fut portée en jugement, mais le saint confondit ses accusateurs en dévoilant devant le tribunal sa nudité et laissant apparaître un corps si mortifié qu’il lui aurait été impossible d’être animé de quelque mouvement charnel. Il révéla ensuite qu’ayant été assailli à Rome par une violente tentation, il avait obtenu de saint Pierre la grâce de la chasteté. Conformément à la décision du synode, le saint Patriarche déposa les évêques et les higoumènes qui s’étaient compromis avec les iconoclastes, mais il montra une attitude indulgente envers les clercs inférieurs, interdisant de soumettre quiconque à des châtiments corporels. Il dut cependant pourvoir rapidement aux sièges vacants, et procéda pour cela à des ordinations qui provoquèrent des oppositions au sein du clergé orthodoxe. En particulier, les moines du Studion s’élevèrent violemment contre le prélat, indisposés qu’ils étaient par ses mesures de clémence et parce qu’on ne leur avait pas accordé la place qu’ils estimaient leur revenir à la suite de leurs combats pour la défense de l’Orthodoxie. Malgré le transfert triomphal des reliques de saint Théodore Studite, présidé par le Patriarche, le 26 janvier 844, cette opposition se transforma en révolte ouverte quand Méthode leur demanda de détruire les écrits de saint Théodore Studite dirigés contre ses prédécesseurs, Taraise et Nicéphore, si bien qu’il finit par jeter l’anathème sur tous les moines du Studion. Peu après, alors que l’Église était en proie à ce nouveau schisme, il se rendit auprès de saint Joannice, dont la mort prochaine lui avait été révélée. Le grand ascète exhorta tous ceux qui étaient présents à la paix et à l’unité autour de leur Patriarche, puis il s’endormit en annonçant que Méthode le rejoindrait huit mois plus tard. Effectivement, le saint prélat fut bientôt atteint d’une douloureuse hydropisie. Il attribua cette maladie à la sévérité excessive de sa condamnation des Studites et revint sur sa sentence, imposant seulement des épitémies aux plus irréductibles d’entre eux. Puis il se reposa en paix, le 14 juin 847, et fut inhumé avec de grands honneurs, en présence de tout le peuple, dans l’église des Saints-Apôtres.