”À quelque distance de Karyès, la capitale du Mont Athos, en direction du monastère de Pantocrator, vivait un hiéromoine vertueux et son jeune disciple. Un samedi soir, l’ancien partit pour assister à la vigile célébrée, comme chaque semaine, à l’église du Protaton, laissant seul son disciple. Le soir venu, un moine inconnu frappa à la porte et le disciple l’accueillit pour la nuit. Ils se retrouvèrent à l’aurore, pour chanter l’office de l’orthros dans la chapelle. Mais lorsqu’ils parvinrent à la neuvième ode, alors que le disciple entonnait l’hymne « Plus vénérable que les Chérubins » [Hirmos de la 9e ode du canon du Vendredi saint, composé par S. Cosmas le Mélode et chanté chaque jour avec l’Ode de la Mère de Dieu (Magnificat)] devant l’icône de la Mère de Dieu, l’étranger la fit précéder des paroles suivantes : « Il est vraiment digne de Te proclamer, Mère de Dieu, toujours bienheureuse et Tout-Immaculée, et Mère de notre Dieu… ». Surpris d’entendre ce chant pour la première fois, le disciple demanda à son hôte de l’écrire, et comme ils ne trouvaient pas de papier, le moine grava profondément et sans peine, de son doigt, l’hymne sur une plaque de pierre.
Il ajouta : « Qu’à partir de ce jour, tous les Orthodoxes chantent ainsi l’hymne à la Mère de Dieu. » Et il disparut. Entendant à son retour le récit de cette apparition et voyant la plaque gravée, l’ancien comprit que le moine étranger n’était autre que l’Archange Gabriel, et alla faire part du miracle au Prôtos de la Sainte Montagne et aux anciens. Ceux-ci envoyèrent la plaque au Patriarche et à l’empereur, afin que l’hymne soit diffusée dans tout le monde orthodoxe, et ils transférèrent l’icône, devant laquelle avait eu lieu le miracle, dans l’église du Protaton, où elle siège depuis lors, derrière l’autel, comme Souveraine, Higoumène et Protectrice de la Sainte Montagne. Cette icône de l' »Axion estin » est, avec la Portaïtissa (cf. 13 mai), la plus célèbre des icônes miraculeuses du « Jardin de la Mère de Dieu ». [Presque tous les monastères de l’Athos possèdent une ou plusieurs icônes miraculeuses de la Mère de Dieu : la Portaïtissa à Iviron, l’Oikonomissa à Lavra, la Bimatarissa à Vatopédi, la Trichéroussa à Chilandar, l’icône de l’Acathiste à Dionysiou, la Gorgoypikoos à Docheiariou, la Glykophiloussa à Philothéou etc..] Elle n’en est sortie qu’à trois reprises, pour être vénérée par le peuple (1963, 1985 et 1987), et reçut alors les honneurs dus à un chef d’État. Le lundi de Pâques, elle est portée en procession solennelle dans Karyès et ses environs, afin de sanctifier la nature et de protéger les habitants de tout mal et calamité. [Ce miracle eut lieu, selon la tradition, en 982. Son récit en fut rédigé en 1548, par le Prôtos Séraphim, père spirituel de S. Denys de l’Olympe (cf. 23 janv.).]