”Notre saint Père Anoub était le plus âgé des sept frères d’Abba Poimen (cf. 27 août), qui s’étaient tous retirés à Scété pour y mener la vie angélique. Depuis le jour où il s’était installé au désert Anoub ne mangea plus de nourriture humaine, car tout entier tourné vers Dieu, il recevait d’un ange ce qui était nécessaire à sa subsistance. Lors de la mise à sac de ce grand centre monastique par les barbares Maziques (en 407), de nombreux pères furent massacrés; mais la plupart purent s’enfuir, dont Poimen et ses frères qui prirent la route des exploitants de nitre vers Térénuthis, sur les rives du Nil, en Haute Égypte. En chemin, ils s’arrêtèrent dans le temple païen abandonné, où saint Macaire, soixante ans plus tôt, s’était servi d’un cercueil comme oreiller.
Ils s’y installèrent, chacun séparément, et passèrent une semaine environ dans l’hésychia. Chaque matin Anoub allait jeter des pierres contre l’idole restée dans le temple, et le soir il venait lui faire une métanie en disant : « Pardonne-moi ». À la fin de la semaine Poimen demanda à son frère la raison de cet étrange comportement. Anoub lui répondit qu’il avait agi ainsi pour leur montrer que s’ils voulaient vivre ensemble, ils devraient imiter l’impassibilité de l’idole et ne pas s’émouvoir s’ils étaient injuriés ou loués. Les pères acceptèrent cette condition et fixèrent les bases d’une vie cénobitique. Anoub établit un « économe » qui leur procurait tout ce qui était nécessaire pour la nourriture et le travail, et ils passaient ainsi leur vie dans la paix et la quiétude. Pour abba Anoub, la recherche de Dieu tenait lieu de repos et de sommeil, c’est pourquoi le Seigneur lui accordait tout ce qu’il Lui demandait. Sur la fin de ses jours, il entra en extase et vit le chœur des martyrs, des justes et des saints ascètes qui louaient Dieu dans une joie indicible, et il fit connaître aux moines qui se tenaient auprès de lui qu’une telle gloire était réservée au Paradis à tous ceux qui observent les commandements de Dieu. Trois jours plus tard, il s’endormit en paix, et les pères purent entendre les mélodies des anges qui étaient venus prendre son âme.