”Né vers 250, saint Alexandre occupa durant l’épiscopat de saint Pierre d’Alexandrie (cf. 24 nov.) une place importante dans le clergé de la métropole d’Égypte. Homme pieux, animé d’un saint zèle, doux, affable et modeste, il avait un grand amour de ses frères et se souciait tout particulièrement des pauvres. À la mort d’Achille, qui n’occupa le siège épiscopal que pendant cinq mois, ce fut Alexandre qui fut élu pour lui succéder (313). Assumant la reconstitution de l’Église d’Égypte après la persécution, il prit soin de la formation de son clergé, et éleva à la cléricature et à l’épiscopat des hommes qui s’étaient sanctifiés dans l’ascèse et la solitude. Il fit édifier la grande église de SaintThéonas à Alexandrie et organisa l’assistance envers les fidèles éprouvés. Il eut d’abord à affronter les partisans de l’évêque Mélèce de Lycopolis qui avait ordonné des clercs dans les évêchés vacants pendant la persécution, et qui pour justifier son schisme avait adopté les positions extrémistes de ceux qui refusaient la réconciliation des lapsi. Pendant les premiers temps, le prêtre Arius, autrefois partisan des mélétiens, qui avait été rétabli dans la communion ecclésiastique grâce à l’entremise d’Alexandre, entretint avec lui des relations cordiales. Mais, en 318, il commença à contredire l’enseignement de l’archevêque, en enseignant, à l’aide d’arguments dialectiques, que le Verbe de Dieu n’a pas été de tout temps, qu’Il est une simple créature, et que par conséquent on ne peut pas parler d’unité des Trois Personnes divines. Alexandre, averti de ses menées, ne prit pas immédiatement des mesures contre Arius, essayant de le ramener à la doctrine orthodoxe par des entretiens et de paternelles exhortations. Mais ces efforts s’avérèrent inutiles, et l’hérésie s’étendit bientôt à toute l’Égypte qui se trouvait alors divisée entre les Orthodoxes, les partisans d’Arius et les mélétiens qui défendaient la doctrine de la monarchie divine. Alexandre décida d’excommunier Arius, mais celui-ci ayant trouvé des appuis en Palestine, Syrie et Asie Mineure, il fallut réunir un concile d’une centaine d’évêques à Alexandrie, pour confirmer la sentence et décider l’exil d’Arius et de ses disciples.
En Palestine, l’hérétique se fit passer pour un innocent persécuté et réussit à se gagner des prélats influents, tel Eusèbe de Nicomédie, qui se réunirent en concile et demandèrent à Alexandre de révoquer sa sentence et de l’accepter de nouveau dans sa communion. Mais saint Alexandre tint ferme et résista à toutes les sollicitations, et dans une lettre où il protestait contre l’ingérence d’Eusèbe de Nicomédie, il fit un exposé de la nouvelle hérésie, montrant qu’elle renversait toute la doctrine du Salut. Alors qu’Arius se targuait d’approcher les mystères de la foi au moyen des syllogismes et de la philosophie, Alexandre, s’appuyant sur la Tradition de l’Église, proclamait que c’est parce que le Verbe est Fils de Dieu par nature, que nous sommes constitués par Lui fils adoptifs et pouvons jouir de la vie éternelle, et il se déclarait prêt à mourir pour la défense de cette sainte vérité. Profitant des rivalités entre Constantin et Licinius, Arius rentra en Égypte, où il s’acquit de nombreux partisans dans le peuple, grâce à la composition de chansons et de poèmes rendant facilement assimilables ses erreurs. L’hérésie avait pris une dimension universelle lorsque Constantin resta seul au pouvoir (323). Sur l’influence d’Eusèbe de Nicomédie, l’empereur écrivit à Alexandre et à Arius, en leur reprochant de créer des désordres pour des riens, et il envoya saint Osius de Cordoue (cf. 27 août) en Égypte pour lui faire un rapport sur la situation. Osius réalisa la gravité de l’hérésie et, sur le conseil d’Alexandre, avisa l’empereur qu’on ne pourrait la vaincre sans un concile œcuménique. L’année suivante Constantin (325) réunit le premier saint Concile Œcuménique à Nicée. Saint Alexandre s’y rendit, malgré son grand âge et ses infirmités, et il y prit une part décisive, secondé par son protégé, saint Athanase [Sur tous ces événements cf la notice de S. Athanase, au 18 janv]. Arius et ses partisans y furent clairement condamnés, et le Fils de Dieu déclaré « Consubstantiel » au Père. Le Concile régla également le schisme des mélétiens, en cantonnant Mélèce dans son propre diocèse, et reconnut à l’archevêque d’Alexandrie la juridiction sur l’Égypte, la Libye et la Pentapole. Saint Alexandre joua de plus un rôle décisif dans la fixation de la date de Pâques, et le Concile décida que l’archevêque d’Alexandrie devrait, chaque année, adresser une lettre encyclique à toutes les Églises, annonçant la date commune de Pâques. Cet usage persista jusqu’au Concile de Chalcédoine (451), époque à laquelle la plus grande partie de l’Égypte tomba dans le monophysisme. Le Concile terminé, saint Alexandre rentra en triomphe dans sa cité épiscopale où il travailla à réparer les maux causés par l’hérésie et le schisme, restant inflexible à l’égard des tentatives faites par des gens haut placés pour rétablir Arius. Il s’endormit en paix le 26 février 326 (ou 327), et saint Athanase fut aussitôt élu par l’assemblée des évêques d’Égypte, pour continuer brillamment son œuvre de défense de la vraie foi et de confirmation de l’Église.