”Probablement originaire du nord de la Gaule, saint Vincent occupait des fonctions importantes dans le monde [Selon certains, il était frère de S. Loup de Troyes (29 juil.) et devint son compagnon d’ascèse à Lérins]; mais il sut se dégager à temps de cette vaine tourmente, et se retira au monastère de Lérins, fondé quelque temps auparavant par saint Honorat (cf. 16 janv.). Il s’y livra, dans l’hésychia, à l’étude assidue de l’Écriture sainte et des saints Pères, et devint éminent, tant par sa science et son éloquence, que par sa sainteté. Vers 434, peu après le Concile d’Éphèse, sentant l’approche de la mort, il rédigea un Aide-Mémoire (Commonitorium), qui énonce avec brièveté les règles à observer pour distinguer la vraie Foi de toutes les hérésies. Celles-ci se résument en cette formule : « Tenir pour vérité de foi ce qui a été cru partout, toujours et par tous » [Commonitorium, 2].
Il y définit aussi admirablement la Tradition de l’Église, non comme un ensemble de formules figées, mais comme un corps vivant qui croît et se développe, tout en restant toujours identique à lui-même [Idem 22-23. Du point de vue orthodoxe, cette interprétation de la Tradition n’implique pas nécessairement la doctrine de l' »évolution » du dogme, telle qu’elle a été énoncée par l’Église Romaine au Concile Vatican I (1871). Il s’agit simplement d’une variation des formulations de la même Foi, en fonction des circonstances historiques. L’Église étant la « Plénitude de Celui qui remplit tout », Elle inclut aussi l’histoire, qu’Elle oriente vers sa fin, dans le Christ]. Cet ouvrage connu un succès considérable en Occident, et reste aujourd’hui un des guides les plus sûrs de la foi orthodoxe. Saint Vincent finit ses jours paisiblement au monastère et s’endormit dans le Christ, un peu avant 450.