”Né dans une famille pieuse de la région de Petch en Serbie, saint Pierre était d’un naturel doux et humble, et préférait le jeûne, la fréquentation de l’église et l’étude des livres saints aux jeux des enfants de son âge. Ayant appris de la sainte Écriture qu’il convient de tout quitter pour l’amour de Dieu, à la mort de son père, il exprima le désir d’embrasser la vie érémitique. Mais sa mère lui ayant rappelé ses devoirs envers sa jeune sœur, Hélène, il resta à la maison, en redoublant ses labeurs ascétiques. Lorsque sa mère décéda, le saint et sa sœur décidèrent de s’engager de concert dans la vie monastique. Après avoir reçu l’Habit d’un vieux moine qui vivait non loin de leur village, Pierre construisit deux petites cellules et lui et sa sœur commencèrent à y mener la vie angélique. Comme des parents et des amis troublaient fréquemment leur hésychia en leur apportant de la nourriture, ils s’installèrent dans un endroit plus éloigné; mais là encore leurs vertus ne purent restées cachées et des visiteurs commencèrent à affluer. Pierre essaya de s’en aller, à l’insu de sa sœur, dans un lieu inconnu, mais Hélène s’en aperçut et elle l’accompagna jusqu’à une montagne élevée, au-dessus de Prizren, près d’un village nommé Koricha (aujourd’hui Kabach). Hélène s’étant endormie, épuisée par la route, le saint traça au-dessus d’elle le signe de la Croix, et partit pour vivre seul, sans aucune consolation humaine.
Il vécut de longues années dans une grotte, où il souffrait du froid rigoureux ou de la chaleur étouffante selon les saisons, se nourrissant de glands et d’herbes sauvages. Les animaux sauvages lui tenaient compagnie, tandis que les démons lui faisaient une guerre acharnée; mais le saint savait les repousser avec science en chantant des psaumes et des hymnes spirituelles. Un jour, alors que le bienheureux avait été attaqué par un serpent redoutable, le saint Archange Michel apparut et de son glaive chassa le reptile. Après ce miracle Pierre redoubla ses ascèses et parvint à une telle pureté de l’intellect qu’il pouvait discerner toutes les embûches des démons et les déjouer, par la prière et la sainte humilité, répétant sans cesse : « Je suis poussière et cendre devant mon Seigneur, et je ne puis rien faire sans Lui ». Un jour une nuée de corbeaux s’abattit sur lui, tentant de lui arracher les yeux, mais le saint les chassa par la prière et la récitation du Symbole de foi. À l’issue de ces victoires sur les épreuves diaboliques, le Seigneur remplit son serviteur d’une joie ineffable par l’apparition d’une lumière divine dans sa grotte. Cette vision dura plusieurs jours, à tel point que le saint en oubliait même sa nourriture. Le Christ ne voulait pas que ce luminaire de la piété restât inconnu du monde, aussi lui envoya-t-il des moines qui le supplièrent avec larmes de les accueillir pour leur enseigner la voie hésychaste. Le saint, qui voyait là le signe de son prochain départ vers le Seigneur, leur désigna un endroit de la grotte en leur disant qu’ils devraient y creuser sa tombe, puis il leur fit le récit de sa vie, de ses combats et des grâces que Dieu lui avait accordées. Après leur avoir délivré cet enseignement, il tomba malade et, ayant communié aux saints Mystères, il s’exclama : « Gloire soit rendue à Dieu pour tout ! » Il pria avec ferveur silencieusement, puis prit congé des frères et s’endormit dans la paix du Christ, le 5 juin 1270 (ou 1275). Cette nuit-là on put voir la lueur d’une grande quantité de cierges illuminer la grotte qui le lendemain se remplit d’un parfum divin. Le roi Douchan fit ensuite construire une église pour abriter ses reliques miraculeuses. À la fin du XVIe siècle, elles furent transférées au monastère de Tsrna Reka, près de Novi Pazar, pour être protégées des Turcs. C’est là qu’elles sont encore vénérées de nos jours.