“Saint Varus était descendant d’une pieuse et noble famille. Il servait dans l’armée, en Égypte, sous le règne de Maximien (vers 304). Son courage et sa vertu en avaient fait un favori de l’empereur, mais ces honneurs ne pouvaient l’empêcher de regarder avec admiration et envie le zèle des saints martyrs. Il avait coutume d’aller rendre visite dans leur cachot à sept saints ascètes qui se trouvaient enfermés déjà depuis quelque temps pour la foi. Or, comme le jour de leur jugement approchait, l’un d’eux vint à mourir. Varus vit là un signe divin qui lui indiquait le moyen de vaincre sa crainte d’aller seul se livrer aux bourreaux. Il décida de se ranger aux côtés des martyrs et de se présenter devant le juge à la place du défunt. Lorsqu’il s’avança et révéla son identité, le juge ne put retenir sa surprise. Puis sa fureur se déclencha sans frein lorsque le saint lui déclara que rien ne pourrait lui faire modifier sa résolution et préférer les plaisirs de ce monde aux délices éternels promis aux fidèles combattants du Seigneur.
Après l’avoir fait suspendre à un chevalet, le juge ordonna qu’on lui rompit les os avec de grossières lanières. Le saint dirigea alors son regard vers les six autres ascètes qui étaient témoins de ce spectacle, et il leur demanda d’adresser leur prière à Dieu pour qu’il trouve force dans l’épreuve, car «l’esprit est ardent mais la chair est faible» (Mat. 26, 41). Aussitôt que les saints eurent levé leurs mains vers le ciel et adressé leur fervente prière au Seigneur, Varus sentit comme une main qui le soutenait et amortissait les verges et les coups de fouets avant qu’ils ne l’atteignent. L’aigreur des supplices se changea en agrément sous l’effet de la grâce de l’Esprit qui le recouvrait, et c’est désormais avec joie que le saint endura les sévices. Ce calme et cette assurance eurent pour effet de décupler la rage de ses persécuteurs qui, après l’avoir attaché à terre et lui avoir déchiré les flancs de telle sorte que ses entrailles se répandaient sur le sol, le suspendirent à nouveau sur une potence. Il ne rendit son âme à Dieu que cinq heures après, pendant lesquelles il trouva encore la force d’adresser des encouragement à ses compagnons. [Nous suivons ici la Passion syriaque de S. Sadoth.]