”Saint Théophane naquit en 778 en Palestine, de parents pieux qui excellaient dans la vertu de l’hospitalité. Ceux-ci enseignèrent à leurs fils tous ce qu’ils savaient de la science sacrée et de la sagesse profane. Puis ils les envoyèrent au monastère de Saint-Sabas, pour y parfaire leurs connaissances et surtout pour y être initiés à la science des sciences et à l’art des arts: la vie monastique. Théophane suivait en toutes choses l’exemple de son aîné, Théodore, et ne brillait pas moins que lui dans l’humilité et l’obéissance, comme dans le savoir et le don pour la composition des hymnes sacrées. Ils furent tous deux ordonnés prêtres et s’appliquaient à croître chaque jour dans l’amour de Dieu, lorsque Léon l’Arménien (813-820) déclencha une nouvelle vague de persécutions contre ceux qui vénéraient les saintes images. Ses premières mesures furent dirigées contre les évêques orthodoxes, puis il ordonna de supprimer toutes les icônes et d’effacer toutes les fresques dans les églises. Cette impiété attira la colère de Dieu, qui permit alors aux armées arabes d’envahir une grande partie du territoire de l’empire, dont la Palestine et le monastère de SaintSabas. Discernant la main de Dieu à la vue de ces désastres, le patriarche Thomas de Jérusalem décida d’envoyer en ambassade, d’abord à Rome puis à Constantinople, les deux frères Théodore et Théophane avec leur père spirituel, Michel le Syncelle (mémoire le 18 décembre), pour essayer de convaincre l’empereur de son erreur. Léon admira leur courage et leur sagesse et essaya de les attirer à son parti, mais, voyant qu’il ne pourrait pas y parvenir, il fit soumettre les deux frères à la torture et les envoya en exil, interdisant à quiconque sous peine de mort de leur venir en aide, même pour les choses les plus nécessaires. Grâce à Dieu, les saints n’endurèrent pas longtemps cet exil, car Léon fut bientôt assassiné et remplacé par Michel II (820-829).
Pendant le règne de ce dernier les persécutions contre les Orthodoxes connurent une accalmie, mais l’on en restaura pas pour autant officiellement le culte des saintes icônes; et lorsque son fils Théophile (829-842) prit la succession, les persécutions reprirent avec une ampleur et une férocité encore inégalées. Saints Théodore et Théophane furent à nouveau torturés et souffrirent pour l’amour de la foi orthodoxe la faim, la soif, les moqueries, les coups, les prisons et l’exil dans l’île d’Afousia. L’empereur, qui connaissait leur indomptable courage, les fit comparaître et torturer en sa présence pendant quatre jours, puis il leur fit marquer sur le front au fer rouge douze vers iambiques, indiquant la cause de leur condamnation [C’est de là que vient leur surnom de «Graptoi» qui signifie «marqués»]. Ils furent ensuite exilés à Apamée en Bithynie, où ils firent l’admiration de tous par leur orthodoxie, leur ascèse et la perfection de leur charité. C’est là qu’épuisé par les mauvais traitements et son âge avancé Théodore remit son âme à Dieu. Il ne put cependant être enterré, car l’empereur avait ordonné que leur corps restent sans sépulture. Resté seul, Théophane fut ensuite exilé à Thessalonique, où il fit briller le flambeau de son enseignement orthodoxe quelque temps après la mort de Théophile. Lorsque la pieuse impératrice Théodora et son fils Michel restaurèrent le culte des saintes icônes, Théophane put enfin être rappelé de son exil avec les autres confesseurs. Le patriarche de Constantinople, saint Méthode, le fit sacrer métropolite de Nicée en 842.
C’est là qu’il passa en paix les dernières années de sa vie, à paître avec sagesse son troupeau spirituel et à composer une quantité considérable de canons poétiques et d’hymnes, que l’on chante jusqu’à nos jours pour les fêtes du Seigneur et celles des saints. [Saint Théodore le «Marqué» est célébré le 27 décembre. Leur père devint moine aussi au monastère de SaintSabas, sous le nom de Jonas. Il est commémoré le 21 septembre.]