“Ces saints martyrs vécurent sous l’empereur Dèce (vers 250) et le proconsul d’Orient Valérien. Carpe était le fils d’un prêtre des idoles. Il crut au Christ, fut baptisé et devint quelque temps plus tard évêque de l’église de Pergame, fondée par saint Jean le Théologien. Papyle était originaire de Thyatire. Catéchisé et baptisé par Carpe, il fut ordonné diacre et demeurait avec son évêque à Pergame pour y répandre la parole de Dieu. Comme ils n’avaient pas voulut obéir à l’édit de l’empereur, qui commandait de livrer aux autorités les vases et les vêtements sacrés, ils furent capturés et amenés devant le proconsul Valérien. Ils confessèrent sans crainte le Seigneur et déclarèrent être prêts à endurer toutes les souffrances plutôt que de renier le Christ pour adorer des idoles inanimées. Le magistrat, plein de colère devant leur assurance, les fit attacher derrière des chevaux et courir ainsi devant son char de Thyatire à Sardes, éloignées d’environ 60 km. Parvenu là, on les attacha à un chevalet et on leur écorcha la peau. Agathodore, un serviteur de Carpe, qui l’avait suivit, reçut d’un ange l’assurance que le temps était venu pour lui aussi de confesser le Christ Dieu par son sang. Il s’avança donc devant les bourreaux et proclama publiquement sa foi. Ces derniers s’emparèrent aussitôt de lui, ils l’étendirent sur le chevalet avec les deux autres martyrs, et le frappèrent de verges avec une telle violence qu’il en mourut. Suspendu au chevalet, Carpe souriait pendant qu’on lui faisait subir toutes sortes de supplices. Étonné le gouverneur lui en demanda la raison. Il répondit: «J’ai vu la gloire du Seigneur et je me suis réjouis!».
Papyle fut attaché à quatre pieux qu’on éleva à une grande hauteur et fut ainsi livré à la lapidation. Mais, par la protection de Dieu, il fut préservé indemne de cette épreuve et amené à nouveau devant le gouverneur avec Carpe. Traînés sur le dos dans les ronces, on leur en frappa ensuite le ventre, avant de les jeter en pâture aux fauves dans l’amphithéâtre. Mais là, ô miracle, un lion prit une voix humaine pour reprocher leur cruauté aux persécuteurs des saints martyrs du Christ. Ceux-ci, se bouchant les oreilles pour ne pas reconnaître ce que même les animaux sans raison confessaient, clouèrent des sandales de fer aux pieds des saints et les jetèrent dans une fournaise ardente. Avant d’expirer sous la brûlure des flammes crépitantes, Carpe s’écria: «Sois béni, Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui as daigné me faire, moi pécheur, compagnon de Ton héritage». Au moment où il rendait son âme à Dieu, une voix de femme se fit entendre: «Moi aussi, s’écria-telle, j’ai aperçu le glorieux festin, et je veux m’y asseoir pour y prendre part!» Malgré les vaines tentatives des ses proches, qui lui rappelaient ses devoirs envers son jeune enfant, Agathonique. (certains disent qu’elle était la sœur de Papyle), rejetant la faiblesse naturelle de son sexe, se précipita dans les flammes en s’écriant: «Seigneur, secours-moi, car j’ai fui vers Toi!» Puis elle expira et son âme partit vers les demeures célestes, pour jouir de la fraîcheur de la rosée divine avec ses compagnons.