”Ces saints martyrs vécurent sous le règne de Dioclétien et le gouvernement de Flavien (vers 304). Citoyen romain et soldat, Tarachus était déjà avancé en âge. Sa patrie était Claudiopolis en Isaurie. Probus était citoyen de la ville de Side en Pamphylie, et Andronique était issu d’une noble famille d’Éphèse. Lorsqu’on eut découvert qu’ils étaient chrétiens, on s’empara d’eux à Pompéiopolis, en Cilicie, puis on les déféra au tribunal du gouverneur Numérien Maxime, à Tarse, ensuite à Mopsueste, puis une troisième fois dans la ville d’Anazarbe. Les menaces du juge restant sans effet devant l’attitude résolue de Tarachus, il lui fit briser la machoire à coups de pierres, sans pitié pour son âge. Quand on amena Probus, il dit à Maxime de ne pas perdre de temps en un interrogatoire inutile et lui demanda de passer sans plus tarder à la torture. Cruellement fouetté à coups de nerfs de bœuf, il répondit au juge, qui lui demandait d’avoir pitié de lui-même: «Ce sang répandu est pour moi une huile et un parfum, dont je m’oins avec joie pour de nouveaux combats!» Andronique, le plus jeune, ayant lui aussi témoigné de son empressement à souffrir pour gagner la vie éternelle, fut suspendu à une potence; on lui incisa les jambes avec des lames effilées, puis on lui brûla les côtes en jetant ensuite du sel sur les plaies.
Quelques jours plus tard, on les fit de nouveau comparaître. Tarachus fut suspendu la tête en-bas audessus d’un brasier dégageant une épaisse fumée. Après quoi on lui versa un âcre mélange de vinaigre, de sel et de moutarde dans les narines, avant de le jeter en prison. Comme Probus se moquait des idoles et de leurs adorateurs, il fut placé sur des fers rougis au feu, puis, après lui avoir arraché le cuir chevelu, on lui plaça des charbons ardents sur le crâne et on lui coupa la langue. Andronique à son tour fut mis à l’épreuve, mais ne cessa pas toutefois de se moquer de ses tortionnaires. Comme on lui introduisait de force dans la bouche des viandes et du vin offerts aux idoles, il tourna en dérision la stupidité du magistrat qui croyait l’avoir vaincu, en déclarant que pour les chrétiens seule l’apostasie volontaire est une souillure et une défaite. Finalement, le lendemain du troisième interrogatoire, Maxime organisa des jeux de bêtes et de gladiateurs, en prévoyant l’exécution des trois martyrs comme clou du spectacle. Incapables de marcher, à cause des supplices endurés auparavant, ils furent portés jusque dans l’arêne et livrés aux bêtes féroces, qui avaient déjà fait plusieurs victimes ce jour là. Contrairement à toute attente, un ours redoutable vint lécher paisiblement les plaies d’Andronique, comme pour le consoler, et une lionne alla jouer avec Tarachus. Furieux devant ce spectacle qui déclenchait l’admiration de la foule, le gouverneur Maxime fit couper en morceaux les trois athlètes du Christ par ses gladiateurs, au milieu de l’amphithéâtre. La nuit venue, grâce à l’intervention de Dieu, de pieux chrétiens purent tromper les gardes et allérent ensevelir les restes des trois martyrs dans une caverne de la montagne.