“Saint Gall naquit en Irlande de parents riches et pieux qui l’envoyèrent pour ses études au célèbre monastère de Bangor fondé par saint Comgall (cf. 10 mai). Il y embrassa avec zèle la vie ascétique qui mène à la vraie connaissance de Dieu, et fut compté parmi les douze moines qui accompagnèrent saint Colomban en Gaule (cf. 23 nov.). Il suivait son père spirituel dans ses tournées missionnaires, et l’assistait dans la prédication et dans la destruction des idoles. Lorsque Colomban fut condamné à l’exil à la suite des intrigues de la reine Brunehaut, saint Gall, saint Eustaise (cf. 29 mars) et d’autres moines de Luxeuil trouvèrent refuge auprès du roi d’Austrasie. Colomban les ayant rejoints, ils remontèrent le Rhin et pénétrèrent en Suisse, sur les bords du lac de Zurich, où ils se heurtèrent aux habitants barbares et idolâtres qui essayèrent de les tuer. Parvenus au lac de Constance, près de Brégentz, ils s’y installèrent autour d’une chapelle dédiée à sainte Aurélie, qui avait été occupée par les païens et abritait leurs idoles impies. Saint Gall, qui
connaissait la langue des habitants de ce lieu, leur prêcha avec zèle l’Évangile et, brisant devant eux les statues, il en jeta les morceaux dans le lac. Ils purifièrent l’endroit de tout culte idolâtre et la vie monastique put s’y développer. Saint Gall avait pour obédience la confection des filets et celle d’aller à la pêche pour fournir du poisson à la communauté grandissante. Un jour, le démon du lac de Constance, répondant au démon de la montagne, qui l’avait appelé à son aide contre les moines, se mit à crier : « Cet étranger me presse dans les eaux et dévaste mon domaine. Et je ne parviens pas à le tromper, car le Nom de Dieu est toujours à sa bouche et, veillant continuellement sur lui-même, il se rit de nos pièges! » Les païens ayant accusé les serviteurs de Dieu auprès du seigneur du lieu, saint Colomban prit le parti de passer en Italie avec ses disciples (612).

Empêché par la maladie, Gall resta là, et une fois guéri il se mit à la recherche d’une nouvelle solitude pour y mener la vie hésychaste avec quelques compagnons. Un jour il délivra du démon, par sa prière, la fille du duc Gonzon, Frideburge, qui avait été fiancée au roi franc Sigebert. En remerciement, celui-ci lui offrit un terrain en bordure du lac de Constance. Le jour des noces royales étant arrivé, Frideburge déclara qu’elle désirait consacrer sa virginité à Notre Seigneur Jésus-Christ. Le roi s’en remit à la volonté de Dieu et, revêtant sa fiancée des habits de reine, il la présenta à l’autel en disant : « Avec les mêmes ornements qui vous ont été préparés pour moi, je vous donne en épouse au Christ Dieu! » Présent à une grande assemblée d’évêques et de seigneurs réunie à Constance, Gall y refusa l’élévation à l’épiscopat et proposa son disciple Jean, malgré la résistance et la tentative de fuite de ce dernier. Il assista à la consécration du nouvel évêque, puis retourna dans sa solitude, où il bâtit une église entourée de douze cellules pour ses disciples. À la mort de saint Eustaise, les moines de Luxeuil envoyèrent une députation auprès de saint Gall pour lui proposer l’abbatial de ce grand monastère. Mais l’homme de Dieu refusa en disant qu’il préférait servir les autres plutôt que de commander. Il continua donc sa vie dans sa petite communauté, sans abandonner la pêche et l’humble service de ses frères. Il s’endormit paisiblement, en 640, à l’âge de 99 ans. Le monastère de Saint-Gall devint par la suite un des principaux centres de rayonnement de la tradition colombanienne, réputé non seulement pour la qualité spirituelle de ses moines, mais aussi pour sa riche bibliothèque et ses ateliers de copistes.