”D’après une ancienne tradition ecclésiastique, au moment de quitter ce monde pour rejoindre son Fils et son Dieu, la Très Sainte Mère de Dieu légua ses deux robes à deux pauvres femmes juives qui l’avaient servie. Ces dernières gardèrent précieusement ces reliques, qui furent transmises de génération en génération jusqu’à ce que Galbios et Candide s’emparent de l’une d’elles, au moyen d’une pieuse ruse, sous le règne de Léon Ier, et la déposent dans l’église des Blachernes (cf. 2 juil.). La Ceinture de la Mère de Dieu, qui s’était retrouvée, on ne sait comment, dans l’évêché de Zèla, proche d’Amasée dans l’Hélénopont, fut transférée à Constantinople sous le règne de Justinien (vers 530), et déposée dans l’église des Chalkoprateia, qui était située non loin de Sainte-Sophie. [Les informations données par les sources hagiographiques sont fort confuses et contradictoires. Nous présentons ici la version du Synaxaire de Constantinople, confirmée par le Ménologe Impérial (Xe s.). Mais, un peu plus bas, la même notice, reprenant celle du Ménologe de Basile II, mentionne que le transfert aurait eu lieu au temps d’Arcade, fils de Théodose (395-408). On sait d’autre part que la construction de l’église des Chalkoprateia fut entamée par Pulchérie, mais achevée au temps de Léon Ier . Probablement détruite par un tremblement de terre, elle fut restaurée par Justin II (565-578), qui la dota richement et fit bâtir une chapelle pour abriter la sainte Ceinture. Le Synaxaire mentionne, au 12 av., une autre mémoire du transfert de la Ceinture, de Zèla à la capitale, mais la situe au lXe s. Cette date est certainement erronée, car on conserve des hymnes liturgiques composées, au VIIe s., par S. Maxime le Confesseur, en l’honneur de cette fête, et une homélie prononcée par S. Germain de Constantinople, au siècle suivant.] On y célébrait en ce jour la dédicace de l’église et les deux insignes reliques qu’elle contenait : la sainte Ceinture et les langes de Notre Seigneur.

De longues années après (vers 888), l’épouse de l’empereur Léon VI le Sage, Zoé, se trouvant gravement malade sous l’instigation d’un esprit malin, fut avertie au cours d’une révélation qu’elle obtiendrait sa guérison par l’imposition de la Ceinture de la Mère de Dieu. L’empereur fit aussitôt briser les scellés de la châsse (soros) qui contenait la relique, et on y découvrit avec admiration la sainte Ceinture, aussi neuve et éclatante que si elle avait été tissée la veille. On trouva à côté un document indiquant exactement la date où elle avait été apportée à Constantinople, et comment l’empereur lui-même l’avait déposée dans la châsse qu’il avait scellée de ses propres mains. L’empereur Léon baisa la relique avec vénération et la remit au Patriarche. Et dès que le prélat eut déployé la Ceinture sur la tête de l’impératrice, celle-ci fut délivrée de sa maladie. Tous rendirent gloire au Christ Sauveur et à sa Très-Sainte Mère, et on replaça la relique dans la châsse, après que l’impératrice reconnaissante l’eut rehaussée de fils d’or.

On raconte que le tsar de Bulgarie Asên (1187-1196), ayant vaincu l’empereur Isaac II Ange (1190), s’empara de la croix dans laquelle se trouvait un morceau de la sainte Ceinture, et qu’un prêtre avait jetée dans le fleuve pour qu’elle échappe à la profanation [Constantin Acropolite, Chronique (PG 140, 1009)]. Reprise par les Serbes, la sainte relique fut ensuite offerte par le saint prince Lazare († 1389, cf. 15 juin) au monastère athonite de Vatopédi, où elle se trouve encore vénérée aujourd’hui, dégageant un suave parfum et accomplissant quantité de miracles.
Cette Ceinture, qui a serré les chastes entrailles qui portaient le Créateur et qui a été humectée des gouttes du lait dont fut nourri Celui qui est la Vie du monde, demeure pour tous les croyants un gage de salut. Elle les incite à ceindre tous les mouvements de la chair et à imiter la chasteté d’âme et de corps de la Très-Sainte Vierge et Mère, afin d’être jugés dignes de porter, à leur tour en leur cœur, le Christ qui ne cesse de se faire pour nous « petit enfant ».