”Saint Philibert naquit vers 615 près d’Eauze en Aquitaine. Son père, un noble de cette région, étant devenu évêque, il fut élevé dans la piété et la crainte de Dieu. Envoyé à l’âge de treize ans à la cour du roi Dagobert, il se lia d’amitié spirituelle avec saint Éloi (cf. 1er déc.), saint Wandrille (cf. 22 juil.) et saint Ouen alors nommé Dadon (cf. 24 août), qui lui communiquèrent leur amour pour la vie monastique. Au bout de quatre ans, il se retira au monastère de Rebais, qui avait été fondé par Dadon et qui était dirigé par saint Aile (Agile), disciple de saint Colomban (cf. 21/23 nov.). À cette école, il progressa rapidement dans toutes les vertus de la vie ascétique, et lorsque le saint abbé mourut, il fut désigné pour lui succéder (650). Son exigence mécontenta cependant certains moines, qui voulurent l’expulser. Ces rebelles furent bientôt châtiés par la colère divine ; mais, estimant qu’il s’agissait d’un signe de Dieu, Philibert quitta alors le monastère. Après avoir visité les différents monastères qui vivaient sous l’influence du monastère de Luxeuil, il se retira dans la région de Rouen, où son ami Dadon était devenu évêque. C’est probablement avec l’appui de ce dernier qu’il obtint du roi Clovis II et de la reine sainte Bathilde (cf. 30 janv.) un domaine pour fonder un monastère dans la forêt de Jumièges (655), non loin de Fontenelle, où saint Wandrille avait fondé le sien quelques années plus tôt. Il organisa sa communauté conformément aux traditions de saint Colomban, enrichies des enseignements des Pères orientaux et de la Règle de saint Benoît qui commençait à se répandre en Gaule. Les moines étaient astreints à une ascèse sévère et se dépensaient en de lourds travaux pour défricher la forêt. Mais la direction spirituelle du saint attirait sans cesse de nouvelles recrues, si bien que la communauté atteignit le nombre de neuf cents moines, et qu’un couvent féminin fut fondé en sa dépendance, à Pavilly, à une vingtaine de kilomètres de Jumièges, dirigé par sainte Austreberte († 704) qui avait reçu le voile des mains de saint Omer.
Tout entier tourné vers Dieu, le saint se consacrait aussi à l’évangélisation des paysans de la région, et il rachetait les esclaves qu’on emmenait en bateaux vers l’Angleterre. Informé de la conduite immorale du maire du palais Ébroïn [Cf. la notice de S. Léger, 2 oct.], de ses injustices et de ses crimes, Philibert se rendit à la cour pour lui faire des reproches en face (674). Ébroïn, plein de haine, se vengea en répandant des calomnies contre le saint, et réussit à le brouiller avec saint Ouen et à le faire emprisonner. Saint Ouen reconnut cependant bientôt l’innocence de son ami et le fit libérer. Aspirant à la quiétude, le saint quitta le royaume de Neustrie, soumis à la tyrannie d’Ébroïn, pour se rendre en Aquitaine, où il y restaura le prieuré de Quinçay, près de Poitiers, là où sainte Radegonde avait jadis reçu la relique de la sainte Croix (cf. 13 août). Puis, ayant placé son disciple saint Achard († 15 sept. 687) à la tête de cette communauté, il se retira dans l’île d’Héro, sur la côte vendéenne, et y fonda, avec des moines venus de Jumièges, le monastère de Noirmoutier qui donna ensuite son nom à l’île. Après la mort d’Ébroïn, les moines de Jumièges et saint Ouen s’empressèrent de rappeler le saint auquel ils réservèrent un accueil triomphal. Philibert restaura le bon ordre dans la communauté, fonda deux nouveaux monastères et, après quelques mois, il regagna Noirmoutier, après avoir installé Achard comme abbé de Jumièges. Il passa le reste de ses jours dans la paix à Noirmoutier, contribuant activement au développement des monastères de la région, et remit son âme à Dieu, le 20 août 685. Après avoir subi maintes péripéties durant les invasions, ses reliques sont vénérées depuis le Xe siècle dans la grande église abbatiale de Tournus. Témoins de ces pérégrinations, plus de soixante églises en France sont dédiées à saint Philibert.