”Zacharie était lévite, descendant d’Abiathar le grand-prêtre, et vivait à Jérusalem avec sa femme Elisabeth, de la classe d’Aaron. Tous deux étaient justes. Ils observaient tous les commandements du Seigneur avec amour, mais ils étaient restés sans enfant jusqu’à leur grand âge.
Or, comme Zacharie occupait la charge de grand-prêtre, le jour de la grande fête de l’Expiation (début du mois de septembre cf. Lev. 16), alors qu’il était entré seul dans le sanctuaire pour y fair brûler l’encens, il vit lui apparaître, à droite de l’autel de l’encens, l’Archange Gabriel. Rayonnant de lumière divine, celui-ci annonça au vieillard que Dieu avait entendu ses prières et celles de son épouse Elisabeth, et qu’il accordait à leur vieillesse un fils, qui leur faudrait appeler Jean. L’envoyé de Dieu ajouta: « Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère et marchera au devant du Seigneur pour lui préparer un peuple bien disposé » (Luc 1, 16). Zacharie, frappé de stupeur à cette vue, marqua quelques hésitations pour croire à l’annonce de l’Ange, aussi celui-ci le frappa-t-il de mutisme jusqu’à la naissance du Précurseur, afin de lui apprendre à ne pas douter des promesses divines qui défient l’ordre de la nature.
Le jour de la naissance de l’enfant, Zacharie retrouva la parole en écrivant le nom de Jean sur une tablette et, rempli de l’Esprit-Saint, il entonna alors le cantique prophétique: « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple et opéré sa délivrance. Il a suscité pour nous une puissance de salut dans la maison de David son serviteur, — ainsi qu’il l’avait dit par la bouche de ses saints prophètes de jadis — (…) Et toi petit enfant, tu seras tenu pour un prophète du Très-Haut, car tu précéderas le Seigneur pour lui préparer la voie, pour faire connaître à son peuple le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la bonté miséricordieuse de notre Dieu, avec laquelle il va nous visiter, astre d’en-haut à son lever, pour éclairer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et guider nos pas sur le chemin de la paix » (Luc 1, 68 sv.).
Après la naissance du Christ, Zacharie ne craignit pas de déclarer ouvertement la virginité de Marie et de montrer qu’elle est vraiment Mère de Dieu, lorsqu’il lui demanda de se placer dans l’endroit du temple où se tiennent les vierges. C’est pour cette raison qu’il s’attira la haine des Juifs. De plus, lorsque le roi Hérode — ayant appris la naissance du «roi d’Israël» et craignant de voir en celui-ci un concurrent de son pouvoir terrestre — envoya ses soldats assassiner les enfants de Bethléem, Zacharie cacha Jean, alors âgé de six mois, avec sa mère Elisabeth dans une grotte de l’autre côté du Jourdain. Les Juifs saisirent l’occasion pour le dénoncer à Hérode, lequel donna l’ordre de le poursuivre jusque dans l’intérieur du temple. Il fut assassiné à l’endroit même qu’il avait désigné à la Mère de Dieu pour qu’elle se tienne en témoignage de sa virginité, et son sang coula jusqu’à l’intérieur du sanctuaire, manifestant ainsi leur forfait devant Dieu. Des prêtres vinrent prendre son corps et l’enterrèrent avec ses pères. À partir de ce moment eurent lieu dans le temple de Jérusalem des prodiges et des signes, qui révélaient l’abolition prochaine du culte et de la Loi. Les prêtres n’eurent plus de vision d’Anges envoyés par Dieu. La grâce de la prophétie se retira d’eux: ils ne purent plus prononcer d’oracles, ni donner comme auparavant au peuple des éclaircissements sur les points difficiles de la Sainte Écriture. [Ce récit de la mort de Zacharie rapporté par les synaxaires se fondent sur la tradition apocryphe et le témoignage de quelques Pères de l’Église. Il permet d’assimiler le père du Précurseur au Zacharie fils de Barach, assassiné entre le sanctuaire et l’autel, que le Christ donne comme exemple avec Abel des justes victimes de l’ingratitude du peuple (Mat. 23, 35). Mais il est beaucoup plus probable que le Christ fait là allusion à Zacharie, fils du prêtre Yehoyada, qui, pour avoir condamné les transgressions du peuple, fut lapidé par ordre du roi de Juda Josias (638-608 av. J.C.) dans le parvis du temple (cf. 2 Chroniques 24, 20-22).]