”Ce saint nouveau-martyr naquit en 1879 en Moravie. D’abord prêtre catholique romain, il s’intéressa aux sources du christianisme chez les Slaves, à la mission des saints Constantin et Méthode en Moravie, et fut un des promoteurs d’un mouvement de réforme au sein de l’Église Catholique. Après la Première Guerre mondiale et la formation de la Tchécoslovaquie (1919), il prit part à une délégation envoyée à Rome pour demander l’autonomie religieuse de cette Église locale et l’autorisation de célébrer la liturgie en langue tchèque. Devant le refus du siège romain, environ huit cent mille chrétiens, parmi lesquels se trouvait le P. Matthieu Pvlik et d’autres prêtres, demandèrent à l’évêque Dosithée du Patriarcat orthodoxe de Serbie, qui était très actif parmi les Carpatho-Russes, précédemment unis à Rome, de les recevoir dans l’Église Orthodoxe.

En 1920, à la suite d’une visite de l’évêque Dosithée à Prague, le Père Matthieu se convertit à l’Orthodoxie. Un an plus tard, il fut consacré évêque pour les Orthodoxes de Moravie-Silésie par le Patriarche de Serbie Dimitris, et reçut le nom de saint Gorazd, disciple de saint Méthode (cf. 27 juillet).
Fidèle à l’exemple de ces grands missionnaires, il accomplit une œuvre pastorale considérable, qui contribua pour une large part à la restauration de l’Orthodoxie en Tchécoslovaquie, malgré la défection d’une partie de ceux qui avaient été les promoteurs de ce mouvement religieux, mais qui trouvaient trop « lourdes » les exigences de l’Église Orthodoxe. Soufflant avec patience les critiques, les calomnies et les tribulations de toutes sortes, l’évêque Gorazd organisa plusieurs paroisses en Moravie et en Bohème, et fit construire onze églises dans lesquelles on célébrait les offices en tchèque, selon des traductions faites par lui. Il publia un livre de prières pour le peuple, le Trebnik (livre du prêtre), un catéchisme et divers ouvrages d’édification en tchèque. Il jouissait de la confiance et de l’estime du Patriarche serbe et il envoya un grand nombre de jeunes gens se préparer au sacerdoce en Serbie.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, sept résistants tchèques qui, après l’assassinat du représentant du Reich, avaient trouvé asile dans la crypte de la cathédrale orthodoxe de Prague, furent exécutés. On arrêta les deux prêtres de la cathédrale et les autorités d’occupation se préparaient à de violentes représailles envers toute l’Église Orthodoxe. L’évêque Gorazd se livra alors de lui-même aux Nazis pour épargner ses prêtres, en se déclarant prêt à assumer au prix de sa vie les conséquences de cet événement. Arrêté le 25 juin 1942, il fut torturé et mourut fusillé le 4 septembre, scellant ainsi dans son sang les fondements de l’Église autonome de Tchécoslovaquie. Malgré son sacrifice volontaire des représailles furent menées contre l’Église Orthodoxe: on ferma les églises et les prêtres furent envoyés en camps de concentration en Allemagne.