”Né en 1886 dans le village de Jdénia, dans la Russie carpathique (Ruthénie), aujourd’hui à la frontière entre la Pologne et la Slovaquie, mais qui était alors rattachée à l’empire austro-hongrois, saint Maxime Sandovitch montra dès ses premières années une grande piété. À l’école, il se levait de bonne heure pour lire dans sa chambre les offices et chanter des hymnes ecclésiastiques. Son désir était de devenir prêtre ou moine, c’est pourquoi, dès l’achèvement de ses études secondaires, il entra comme novice dans un monastère uniate de sa région natale. Il fut cependant vite déçu du mode de vie que l’on menait dans cet établissement, et, au bout de trois mois, il le quitta pour se rendre au monastère de Potchaev, en Ukraine occidentale, célèbre tant pour l’austérité de son typikon et la vie spirituelle des Pères, que pour son témoignage de la tradition orthodoxe [cf. notice de S. Job de Potchaev, au 28 oct.]. Alors qu’il était encore novice, le métropolite de Kiev, Antoine Khrapovitsky, vint rendre visite au monastère et demanda à l’higoumène de prendre avec lui un novice, dans le but de le faire étudier dans son séminaire et de l’ordonner ensuite, pour desservir les communautés des Carpates, composées d’uniates ukrainiens revenus à l’Orthodoxie. Le sort tomba sur Maxime, qui dut abandonner son idéal de vie monastique pour suivre l’évêque.
Il acheva ses études au séminaire de Jitomir et, après avoir épousé une Biélorusse, il fut ordonné par le métropolite (1911). Commençant aussitôt son activité pastorale, il célébra à Grab, non loin de son village natal, la première liturgie orthodoxe depuis le passage de la Russie carpathique à l’uniatisme au XVIIIe siècle. Comme il rendait visite à sa maison familiale, il fut arrêté et condamné à une forte amende et à huit jours de prison. Le Père Maxime n’en fut pas ébranlé et continua à célébrer dans les villages voisins, ce qui entraîna d’autres condamnations, pour lui et les fidèles qui l’aidaient dans son ministère. Emprisonné à Lvov, en mars 1912, il passa en jugement, pendant deux ans, sous l’inculpation d’être orthodoxe, d’utiliser des livres ecclésiastiques écrits en russe et de collaborer avec la Russie ennemie des Autrichiens. Malgré les accusations mensongères qu’on accumulait contre lui, les mauvais traitements, l’isolement et les tourments de toutes sortes, il fut acquitté, lui et ses compagnons, en juin 1914, et, en mauvaise santé, il put rentrer dans son village. Mais dès qu’éclata la Première Guerre mondiale, en août, il fut de nouveau arrêté par les autorités austro- hongroises, cette fois, avec sa femme qui était enceinte, son père et les Orthodoxes de son village. Emprisonné à Gorlitsé, le chef-lieu de la région, on le fit sortir de son cachot, le 6 septembre 1914, et après que le juge lui eut signifié, sans autre explication, qu’il était condamné à mort, on le fusilla dans la cour de la prison, sous les yeux de tous les détenus orthodoxes rassemblés. En s’effondrant à terre, le valeureux témoin du Christ s’écria : « Vive la sainte Orthodoxie! » Un de ses bourreaux, pris de colère, se précipita alors sur lui, et l’acheva à coups de poignard. Ce n’est qu’en 1922 que son corps put être transféré à Jdénia, son village, où il fut enterré près de l’église. Son tombeau attira dès lors un grand nombre de pèlerins, et son culte se développa parmi les Orthodoxes carpato-russes, même après la déportation de ce peuple, dont saint Maxime représente le symbole de l’identité nationale et religieuse.