”Originaire de Chotoun en Bohême, saint Procope fut éduqué dans les lettres slaves à Prague, puis il devint prêtre marié, et servait les Mystères divins en menant une vie chaste et honorable. Brûlé par l’amour du Christ, il renonça à tout attachement à ce monde et reçut l’habit monastique au monastère bénédictin de Brevnov. Après quelque temps, il obtint l’autorisation de retourner dans sa patrie pour y mener dans la solitude les combats des héros de la foi. Il fixa son choix sur une grotte isolée, située au-dessus de la rivière Sazava, où demeuraient des milliers de démons.
Malgré son désir de rester caché, sa réputation se répandit bientôt dans la région. Ses paroles pleines de grâce arrosaient, comme une ondée bienfaisante, les cœurs desséchés et éprouvés, et elles élevaient vers le ciel les esprits en quête de divine connaissance. Il accueillait avec joie les pauvres et les mendiants, et se faisait pour eux l’incarnation de la providence de Dieu. Nombreux étaient ceux qui, désireux de l’imiter, renonçaient au monde, et saint Procope les couvraient de ses ailes comme une poule sa couvée (cf. Mat. 23, 27). Il réunit ainsi un certain nombre de disciples, parmi lesquels se trouvaient son fils, Jimram, et son neveu, Vitus, en vue de leur faire mener la vie cénobitique selon la Règle de saint Benoît. Il fonda pour eux une église dédiée à la Mère de Dieu et au saint Précurseur (1009); mais certains autres continuaient cependant de mener la vie érémitique. Les démons, qui n’avaient pas cessé leurs attaques contre le saint, tant qu’il était seul, se retirèrent dès lors en poussant des lamentations.
La renommée des miracles de l’homme de Dieu parvint à la connaissance du duc de Bohême Oldrich (Ulderic) qui contribua au développement du monastère. Après la mort de ce dernier
(1034), son fils Bretislav ler (1037-1055), qui était précédemment duc de Moravie, prit saint Procope comme père spirituel et, après l’avoir contraint à accepter la bénédiction abbatiale, il fit du monastère de Sazava le centre de la restauration de la liturgie orthodoxe en langue slave, telle qu’elle avait été autrefois diffusée par saints Cyrille et Méthode et leurs disciples, afin de soustraire son pays aux influences allemandes. Brillant comme le soleil dans le temple de Dieu, saint Procope fut gratifié par le Seigneur du don de prophétie : Il prédit la date de son décès et annonça à ses disciples qu’après son départ de ce monde la communauté allait être dispersée et persécutée pendant six années par le successeur de Bretislav, mais que finalement les moines retrouveraient la paix et pourraient regagner leur monastère. Saint Procope s’endormit le 25 mars 1053, et fut enseveli avec honneur dans l’église qu’il avait fondée. Un aveugle recouvra alors la vue, et le culte de saint Procope commença aussitôt à se diffuser dans toute la Bohême.
Vitus, le neveu du saint, prit la succession; mais, au bout de deux ans, le prince ayant quitté cette vie, des envieux répandirent des calomnies contre le vertueux abbé et sa communauté, et les accusèrent auprès du nouveau souverain, Stipigniev, d’utiliser la langue slave à des fins sectaires, aussi exigèrent-ils qu’ils soient remplacés par une communauté utilisant le latin. Vitus et ses frères se réfugièrent en Hongrie, tandis que le duc établissait à leur place un abbé allemand et une communauté de rite latin. Dès le premier jour de leur installation, alors que les intrus se présentaient à l’église pour l’office des matines, saint Procope leur apparut et les chassa en les menaçant de châtiments du ciel. Comme l’abbé ne tenait pas compte de cet avertissement, le saint lui apparut de nouveau, le quatrième soir, répéta ses ordres en précisant qu’il avait fondé ce monastère pour ses fils spirituels, et il le frappa violemment avec son bâton pastoral. Lors de l’avènement de Vratislav II (1061), qui prit ensuite le titre de roi de Bohême, le nouveau souverain rappela Vitus et ses moines et rétablit les usages slaves dans le monastère. Il en demanda la confirmation au pape Grégoire VII, mais celle-ci lui fut refusée. C’est ainsi que la liturgie slave fut bientôt abandonnée dans cette contrée et le fils de Vratislav, Bretislav II (1097), fit remplacer les moines slaves par une colonie de bénédictins romains. Saint Procope n’en continuait pas moins de manifester sa présence par quantité de miracles, et son culte se développa de telle sorte qu’il devint le patron de la Bohême [Dans l’Église latine, sa fête est célébrée le 4 juillet.]. Ses saintes reliques se trouvent à Prague.