”La sainte martyre Anthouse était la fille d’un couple de païens fort riches et honorés de Séleucie : Antonin et Marie (ou Martyria). Ayant entendu vanter la réputation de l’évêque de Tarse, Athanase, qui convertissait un grand nombre de personnes par sa prédication et par ses miracles, la jeune fille fut prise d’un grand désir de connaître cet homme de Dieu. Après avoir essuyé un premier refus de la part de sa mère, qui craignait la réaction de son second mari, Paulin, un païen endurci, elle renouvela sa demande en prétextant vouloir rendre visite à sa nourrice qui demeurait en Cilicie. Sa mère la confia alors à deux eunuques, Charissime et Néophyte, et, sous bonne escorte, elle entreprit le voyage. En chemin, ils rencontrèrent fortuitement l’évêque Athanase, et reconnaissant aussitôt le personnage qu’elle avait vu en rêve quelque temps auparavant, la jeune fille se jeta à ses pieds et lui demanda de l’instruire dans la foi et de la baptiser. Comme il n’y avait pas d’eau en cet endroit, le saint évêque la prit à part et, s’étant mis en prière, il fit jaillir une source, dans laquelle il la baptisa au Nom de la Sainte Trinité, ainsi que ses deux serviteurs Charissime et Néophyte. Deux anges apparurent alors sous forme de soldats resplendissants pour la revêtir de la tunique blanche des néophytes. Après avoir reçu d’Athanase l’enseignement nécessaire à la vie nouvelle qui s’ouvrait devant elle, Anthouse lui remit ses riches vêtements pour qu’il en distribue le revenu aux pauvres, et elle continua sa route munie de sa bénédiction. Quand elle arriva chez sa nourrice, celle-ci s’étonna de la voir toute transformée et, apprenant qu’elle venait d’être baptisée, elle la renvoya aussitôt, de peur d’être accusée d’avoir joué un rôle quelconque dans cette conversion. La réaction de sa mère, à son retour au logis, ne fut pas moins violente, et après avoir poussé des cris de colère, elle alla rapporter les faits à son époux.
Anthouse en profita pour s’enfuir, et elle alla retrouver son père spirituel, Athanase, qui lui remit le voile des vierges consacrées puis l’initia à la voie qui mène, par la croix, à la perfection de la vie chrétienne. Elle se retira dans le désert, où elle resta vingt-trois ans en compagnie des bêtes sauvages qui lui apportaient le peu de nourriture dont elle avait besoin. Quant à l’évêque Athanase, arrêté au cours de la persécution déclenchée par Valérien (vers 259), il comparut devant l’empereur et subit de nombreuses tortures, à l’issue desquelles il eut la tête tranchée. Un pieux chrétien déposa son corps dans un sarcophage d’argent et alla ensuite le porter à Jérusalem. Charissime et Néophyte, voyant que leur maîtresse était partie pour le désert et que saint Athanase avait remporté la couronne du martyre, se livrèrent d’eux-mêmes à Valérien en se déclarant chrétiens, et jetèrent l’anathème sur les idoles et leurs adorateurs. Après avoir résisté vaillamment aux supplices et ayant répliqué avec assurance à tous les arguments des tyrans, ils achevèrent leur témoignage en étant décapités.
Préservée de la persécution dans sa grotte, sainte Anthouse endura cependant de nombreuses tentations de la part du Malin qui lui apparaissait sous la forme d’un moine et l’invitait à se joindre à sa prière. Mais discernant ses machinations, la bienheureuse le repoussait par l’invocation du Nom du Christ. Un jour qu’elle était en prière, un grand tremblement de terre se produisit et un ange lui apparut au sein d’une lumière éclatante, pour lui annoncer qu’elle allait recevoir la couronne de l’incorruptibilité en récompense de ses combats. Elle se dressa alors sur la pierre où elle avait l’habitude de s’appuyer pour prendre son bref repos, et elle remit ainsi son âme à Dieu, toute tendue vers les biens du Royaume céleste.
Le corps de la sainte demeura caché quatre années dans la grotte, jusqu’à ce que Dieu en informe la bienheureuse Polychronia, une autre vierge qui pratiquait l’ascèse dans la montagne. Quand celle-ci parvint à la grotte, une panthère attrapa de ses crocs son vêtement et la conduisit dans le fond de l’antre, où elle trouva le corps de sainte Anthouse encore chaud, comme si elle venait de s’endormir. Après l’avoir baigné de ses larmes, elle courut prévenir le célèbre ascète Abraham qui vint ensevelir le corps de la sainte, avec trois autres frères. Quelque temps après, un ange lui ordonna de fonder près de la grotte de sainte Anthouse une église et un monastère, et ce sanctuaire devint par la suite une source de miracles pour les fidèles de la contrée.