Le nom entier de cet ouvrage est « Le Traité de Pérégrinus pour l’antiquité et l’universalité de la foi catholique contre les nouveautés profanes de toutes les hérésies ». Ecrit au Ve siècle par saint Vincent, moine du monastére de Lérins au sud de la France, le traité exprime le principe de  « consensus patrum » qui définit la véritable Tradition de l’Eglise :

Et, dans l’Église catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c’est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l’étymologie du mot lui-même, qui enveloppe l’universalité des choses.

 

 

vincent

 

 

 

Les citations pratiques

1. Les preuves bibliques de la nécessité de s’adresser aux Pères :

Rappelle à ton souvenir les anciens jours, Passe en revue les années, génération par génération, Interroge ton père, et il te l’apprendra, Tes vieillards, et ils te le diront. Dt 32.7

Prête l’oreille, et écoute les paroles des sages; Prov 22.17

Mon fils, n’oublie pas mes enseignements, Et que ton coeur garde mes préceptes; Prov 3.1

Bien aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Jud 1.3

Ne déplace pas la borne ancienne, Que tes pères ont posée. Prov 22.28

 

 

2. Deux sources pour la recherche de la vérité : La Sainte Ecriture et la Sainte Tradition

Souvent donc, quand j’enquêtais, avec beaucoup d’application et la plus grande attention, auprès de nombreux personnages éminents par leur sainteté et leur savoir, pour savoir comment je pourrais, par une méthode sûre, générale pour ainsi dire, et constante, discerner la vérité de la foi catholique d’avec les mensonges de la perversité hérétique, de tous j’ai reçu à peu près cette réponse d’après laquelle, si moi ou tout autre, voulait prendre sur le fait les sophismes des hérétiques, éviter de tomber dans leurs pièges, et demeurer dans une foi saine, en restant sain et sans atteinte, il fallait, avec l’aide de Dieu, abriter cette foi derrière un double rempart : d’abord l’autorité de la loi divine, ensuite la tradition de l’Église catholique.

 

3. La nécessité de la Tradition de l’Eglise

C’est évidemment que l’Écriture sacrée, en raison simplement de sa profondeur, tous ne l’entendent pas dans un seul et même sens : les mêmes énoncés sont interprétés par l’un d’une façon, par l’autre d’une autre, si bien qu’on a un peu l’impression qu’autant il y a de commentateurs, autant il est possible de découvrir d’opinions. Novatien l’explique d’une façon, Sabellius d’une autre façon ; Donat d’une autre encore ; Arius, Eunomius, Macédonius ont leur opinion ; Photin, Apollinaire, Priscillien ont la leur ; la leur encore Jovinien, Pélage, Célestius ; la sienne enfin Nestorius. Et c’est pourquoi il est bien nécessaire, en présence du si grand nombre de replis d’une erreur aux formes si diverses, que la ligne de l’interprétation des livres prophétiques et apostoliques soit dirigée conformément à la règle (norma) du sens ecclésiastique et catholique.

 

4. Trois critéres de la véritable Tradition : l’universalité, l’antiquité, le consentement général

Et, dans l’Église catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c’est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l’étymologie du mot lui-même, qui enveloppe l’universalité des choses. Et il en sera finalement ainsi, si nous suivons l’universalité, l’antiquité, le consentement général. Nous suivrons l’universalité, si nous confessons comme uniquement vraie la foi que confesse l’Église entière répandue par tout l’univers ; l’antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; le consentement enfin si, dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les docteurs.

Le sixième Concile Oeucuménique le confime dans la règle 19 :

19. Que les chefs des diocèses doivent donner à leur clergé et à leur peuple un enseignement religieux, conforme à la tradition des saints pères inspirés de Dieu.

Les chefs des diocèses doivent certes chaque jour, mais spécialement le dimanche, instruire le clergé et le peuple dans la vraie foi, en choisissant dans la sainte Ecriture les pensées et les jugements de vérité, sans aller à l’encontre des définitions déjà édictées ou de la tradition des pères inspirés de Dieu. Et s’il s’élève une difficulté à propos d’un passage de l’Ecriture, qu’ils ne l’interprètent que selon l’enseignement transmis par les lumières et les docteurs de l’Eglise dans leurs écrits; qu’ils cherchent plutôt à se distinguer sur ce point, que de composer des discours à eux et, pris une fois ou l’autre au dépourvu, de dépasser les bornes de ce qui est permis ; en effet, l’enseignement des pères précités permettra aux peuples de distinguer qui est important et à préférer, de ce qui est nuisible et à rejeter ; ils réformeront ainsi leur vie vers le mieux et ne seront pas pris par le péché d’ignorance, mais au contraire, attentifs à la doctrine, ils se tiendront en éveil pour ne pas succomber au mal par crainte des peines qui les menacent.

 

 

5. Quelle est la méthode concrète pour retrouver l’enseigment véritable de l’Eglise ?

Que fera donc le chrétien catholique, si quelque parcelle de l’Église vient à se détacher de la communion de la foi universelle ? – Quel autre parti prendre, sinon de préférer, au membre gangrené et corrompu, la santé du corps tout entier ?  Et encore, si quelque contagion nouvelle s’efforce d’empoisonner, non plus seulement une petite partie de l’Église, mais l’Église tout entière à la fois ? — Dans ce cas aussi, son grand souci sera de s’attacher à l’antiquité, qui, évidemment, ne peut plus être séduite par une nouveauté mensongère, quelle qu’elle soit. – Et si, dans l’antiquité même, une erreur se rencontre, qui soit celle de deux ou trois hommes, ou d’une ville, ou même d’une province ? – Alors, il aura grand soin de préférer, à la témérité ou à l’ignorance d’un petit nombre, les décrets (s’il en existe) d’un concile universel tenu anciennement de façon universelle.  – Et si quelque opinion vient enfin à surgir où ne se trouve rien de ce genre ? — Alors, il s’appliquera à consulter, à interroger, en les confrontant, les opinions des ancêtres, de ceux d’entre eux notamment qui, tout en vivant en des temps et des lieux différents, mais demeurés fermes dans la communion et dans la foi de l’unique Église catholique, y sont devenus des maîtres autorisés ; et tout ce qu’il saura avoir été soutenu, écrit et enseigné non pas par un ou deux, mais par tous ensemble, d’un seul et même accord, ouvertement, fréquemment, constamment, un catholique se rendra compte qu’il doit lui-même y adhérer sans hésitation.

 

6. Saint Ambroise de Milan parle de la foi des Pères qu’on ne peut pas altérer ! 

Et, au troisième livre du même ouvrage : « Conservons donc, dit-il, les préceptes des ancêtres, et ne violons pas, rendus audacieux par la témérité de l’ignorance, les sceaux héréditaires. Ce livre prophétique et scellé, ni les anciens, ni les puissances, ni les anges, ni les archanges n’ont osé l’ouvrir : au Christ seul a été réservée la prérogative de l’expliquer. Ce livre sacerdotal, qui d’entre nous oserait en briser le sceau qui a été scellé par les confesseurs et consacré par le martyre de tant de gens ? Ceux qui ont été contraints d’en rompre le sceau l’ont ensuite scellé, après avoir condamné la fraude ; ceux qui n’ont pas osé lui faire violence sont devenus confesseurs et martyrs. Comment pourrions-nous renier la foi de ceux dont nous célébrons la victoire ? » Oui, dis-je, nous les célébrons, ô vénérable Ambroise, et, en les louant, nous les admirons !

Allusion sur « De fide » lib. 2, cap. 4: opp. p. 3. f. 109

 

7. Les martyrs, les docteurs et les confesseurs ont détruit la nouveauté profane par l’autorité de la sainte antiquité

C’est un grand exemple que celui de ces bienheureux, et tout à fait divin, digne aussi d’être repris par tous les vrais catholiques dans une infatigable méditation : en effet, rayonnant, comme le chandelier à sept branches, des sept lumières du Saint Esprit, ils ont en effet révélé à la postérité le principe très lumineux grâce auquel, plus tard, dans tous les vains propos des erreurs, l’audace d’une nouveauté profane serait laminée par l’autorité de la sainte antiquité.

 

8. Une façon dont les hérétiques créent leur nouveauté profane

Ce jugement me semble avoir été promulgué de façon divine, en raison surtout de la perfidie de ceux qui, en s’ingéniant à déguiser leur hérésie sous le nom d’un autre, vont bien souvent rechercher des écrits quelque peu emberlificotés de quelques anciens, qui, en raison de leur obscurité, s’adaptent à peu près à leur propre dogme, si bien que, ce je ne sais quoi qu’ils avancent, ils donnent l’impression de n’être ni les seuls, ni les premiers, à le penser.

 

 

9. L’importance de garder la foi inaltérée est plus haute que toute chose, dit l’apôtre Paul

Comme quelques hommes de ce genre parcouraient les provinces et les cités, et, tout en colportant leurs vénales erreurs, étaient parvenus jusqu’aux Galates, et comme, les ayant écoutés, les Galates, frappés d’une sorte de nausée de la vérité, avaient rejeté la manne de la doctrine apostolique et catholique, et s’étaient laissés charmer par les méprisables nouveautés de l’hérésie ; alors l’autorité de la puissance apostolique se manifesta en décrétant, avec la plus grande sévérité : Même si nous-même ou un ange du ciel vous évangélisait autrement que nous ne vous avons évangélisés, qu’il soit anathème ! Pourquoi dit-il, même si nous-même ? Pourquoi pas ‘même si moi…’ ? C’est qu’il veut dire : lors même que Pierre, lors même qu’André, lors même que Jean, lors même enfin que tout le chœur des apôtres vous évangéliserait autrement que nous ne vous avons évangélisés, qu’il soit anathème ! Rigueur qui fait trembler ! pour confirmer l’attachement à la foi première, il ne s’est pas épargné lui-même, ni ses collègues dans l’apostolat (co-apôtres) ! C’est encore trop peu . Même si un ange du ciel , dit-il, vous évangélise autrement que nous ne vous avons évangélisés, qu’il soit anathème ! Il ne lui a pas suffi, pour la défense de la foi transmise une fois pour toutes , de mentionner la nature de l’humaine condition, sans y joindre aussi l’éminente nature angélique. Même si nous-même, dit-il, ou un ange du ciel… Non que les saints anges du ciel puissent encore pécher ; mais il veut dire : s’il arrivait même ce qui ne peut arriver, quel que soit celui qui tente de modifier la foi transmise une fois pour toutes, qu’il soit anathème !

 

10. Pourquoi Dieu laisse vivre les hérésies ?

S’il s’élève au milieu de toi un prophète ou un songeur qui t’annonce un signe ou un prodige, et qu’il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t’a parlé en disant: Allons après d’autres dieux, -des dieux que tu ne connais point, -et servons-les! tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur, car c’est l’Éternel, votre Dieu, qui vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre coeur et de toute votre âme. Dt 13.1-3

Le bienheureux Moïse écrit donc dans le Deutéronome : S’il s’élève au milieu de vous un prophète, ou quelqu’un qui prétende avoir eu une vision…  » – c’est-à-dire un docteur établi dans l’Église, dont ses disciples ou ses auditeurs pensent qu’il enseigne à partir de quelque révélation. Et ensuite ? … et qu’il prédise un signe et un prodige, et que ce qu’il a annoncé arrive … c’est évidemment une sorte de maître illustre qu’il désigne ainsi, d’une science telle qu’il semble à ses propres fidèles capable non seulement de connaître les choses humaines, mais encore de prévoir celles qui dépassent l’homme : tels furent, d’après la façon dont leurs disciples les vantent, Valentin, Donat, Photin, Apollinaire, et autres du même genre. Et après ? … et qu’il vous dise : allons, suivons les dieux étrangers que vous ignorez, et servons-les… Quels sont ces dieux étrangers , sinon des erreurs étrangères ? que vous ignoriez , c’est-à-dire nouvelles et inouïes. Servons-les , c’est-à-dire croyons-y, suivons-les. Et quelle conclusion ? … Tu n’écouteras point les paroles de ce prophète ou visionnaire. Et pourquoi, je vous prie, Dieu n’empêche-t-il pas d’enseigner ce qu’il défend d’écouter ? Parce que, répond Moïse , le Seigneur votre Dieu vous tente, pour qu’il apparaisse si vous l’aimez ou non, de tout votre cœur et de toute votre âme. On voit donc plus clairement que le jour pourquoi, de temps à autre, la divine Providence souffre que certains docteurs des églises prêchent de nouveaux dogmes : C’est, dit-il , afin que le Seigneur votre Dieu vous tente…

 

Je ne me suis pas proposé de combattre des erreurs particulières, mais de présenter quelques exemples pour montrer de façon claire et évidente ce que dit Moïse : que si jamais un docteur de l’Église, prophète à son tour dans l’interprétation des mystérieuses vérités des prophètes, essaie d’introduire quelque nouveauté dans l’Église, c’est que la divine Providence le permet pour nous éprouver.

 

11. Contre l’altération des dogmes

Tout ce qui, dans le champ de l’Église de Dieu, a été semé par la foi des pères, il faut que cela même soit cultivé et surveillé par le zèle des enfants, que cela même fleurisse et mûrisse, que cela même se développe et soit conduit à sa perfection. Il est légitime que, avec le développement des temps, ces anciens dogmes de la philosophie céleste soient dégrossis, limés, polis, mais il est criminel qu’ils soient altérés, criminel qu’ils soient tronqués, criminel qu’ils soient mutilés. Ils peuvent recevoir plus d’évidence, plus de lumière et de précision, oui ; mais il est indispensable qu’ils gardent leur plénitude, leur intégrité, leur sens propre.

 

12. Le but des Conciles

Enfin, quel but s’est-elle jamais efforcée d’atteindre par les décrets des conciles, sinon de faire que, ce qui était cru auparavant en toute simplicité, cela même soit cru de façon réfléchie ; que, ce qui auparavant était prêché un peu mollement, cela même soit prêché avec plus d’ardeur ; que, ce qui auparavant, était honoré en toute décontraction, cela le soit avec plus d’attention ? Voici ce que toujours, et sans plus, même sans être provoquée par les nouveautés des hérétiques, l’Église catholique a fait par les décrets de ses conciles : ce qu’elle avait reçu des ancêtres par l’intermédiaire de la seule tradition, elle l’a consigné aussi en des documents écrits pour la postérité, résumant quantité de choses en quelques mot, et, le plus souvent, pour en éclaircir l’intelligence, en caractérisant par des termes nouveaux et appropriés tel article de foi qui n’avait rien de nouveau.

 

13. Encore une fois sur la méthode de trouver la vraie Tradition

Mais on va dire : ‘Si les paroles, les phrases et les promesses divines sont utilisées par le diable et ses disciples, dont les uns sont de faux apôtres, les autres de faux prophètes et de faux-maîtres, et finalement tous des hérétiques, que vont faire les catholiques et les fils de l’Église mère ? Comment, dans les Écritures, distingueront-ils la vérité du mensonge ?’ Eh bien, ils s’appliqueront à faire avec grand soin ce que nous ont transmis ces saints et savants personnages, comme nous l’avons écrit au début de ce Commonitorium, interpréter le canon divin selon les traditions de Église universelle et selon les règles du dogme catholique. Au sein de cette Église catholique et apostolique, il faut absolument qu’ils suivent la totalité, l’antiquité, le consensus, et s’il arrive qu’une partie se dresse contre la totalité, la nouveauté contre l’antiquité ou la dissension d’un ou de plusieurs contre le consensus universel ou du moins la plus grande partie des catholiques, qu’ils préfèrent l’intégrité du tout à la corruption de la partie ; dans cette même totalité, qu’ils préfèrent la religion de l’antiquité à la profanation que constitue la nouveauté, et que, dans l’antiquité, à la témérité d’un seul ou d’un petit nombre, qu’ils préfèrent avant tout, s’il y en a, les décrets généraux d’un concile universel ; enfin, si ce n’est pas possible, qu’ils suivent, ce qui est presque la même chose, les avis de maîtres nombreux et importants. Si, avec l’aide du Seigneur, nous observons tout cela avec fidélité, retenue et application, nous débusquerons sans grande difficulté toutes les erreurs des hérétiques en train de se lever.

 

14. Un exemple  : Troisième Concile à Ephèse où les Pères réalisent les trois critères

Pour ne pas donner l’impression que nous présentons tout cela plus par notre propre présomption que par l’autorité de Église, nous avons apporté l’exemple du saint concile qui s’est tenu il y a à peu près trois ans, en Asie, près d’Éphèse, sous le consulat des clarissimes Bassus et Antiochus. Quand il y eut discussion sur la définition définitive des règles de foi, afin d’empêcher que là-bas ne vienne s’insinuer quelque nouveauté profane du genre de celle de Rimini, voici ce qui, aux yeux de tous les évêques qui s’étaient rassemblés, a semblé le plus conforme au catholicisme, à la foi, et le mieux à faire : c’est que soient promulguées dans l’assemblée les sentences des saints pères dont il était établi que les uns, des martyrs, les autres, des confesseurs, avaient tous été et étaient restés des évêques catholiques, afin que, en respectant les règles, et de façon solennelle, à partir de leur consensus et de leur décision, soit confirmé le caractère sacré du dogme ancien, et condamné le blasphème de la nouveauté profane. Quand il eut été ainsi fait, cet impie de Nestorius fut déclaré, à juste titre et à bon droit, opposé à l’antiquité catholique, tandis que le bienheureux Cyrille était reconnu en accord avec la sacro-sainte antiquité…

Ainsi, quand on eut fait la lecture de la lettre de saint Capreolus, évêque de Carthage, qui ne demandait et ne sollicitait rien d’autre que le rejet de la nouveauté et la défense de l’antiquité, l’évêque Cyrille prit la parole et proclama que celui-ci ne lui paraissait pas s’écarter de cet avis. Il dit, en effet, à la fin des Histoires : « Et la lettre, dit-il, qui a été lue, celle du vénérable et très religieux Capreolus, évêque de Carthage, est ajoutée pour apporter crédit aux historiens. En voici clairement le propos : il veut que soit confirmé le dogme de la foi antique, que la nouveauté et les ajouts superflus et divulgués de façon impie soient réprouvés et condamnés. Tous les évêques clamèrent : Telles sont les paroles de tous, c’est cela que nous avons tous dit, tel est le vœu de tous. » Alors, ces paroles de tous, ces vœux de tous, qu’était-ce, sinon que soit conservé ce qui a été transmis de l’antiquité, que soit rejeté ce qui a été ajouté récemment? Après cela, nous avons admiré et proclamé combien avaient été grandes l’humilité et la sainteté de ce concile, telles que des évêques en si grand nombre, pratiquement tous des métropolites, d’un si grand savoir et d’une si grande science qu’ils pouvaient presque tous faire des exposés sur tous les dogmes, auxquels, pour ces raisons, le fait d’être rassemblés semblait conférer le pouvoir d’oser et de décider quelque chose par eux-mêmes, ces évêques n’ont pourtant apporté aucune nouveauté, aucune opinion préconçue, ne se sont attribué aucun pouvoir, mais ils se sont soigneusement gardé de transmettre à la postérité quelque chose qu’ils n’auraient pas reçu de leurs pères; et ainsi, ils ont non seulement bien réglé la situation pour le présent, mais ils ont encore donné des exemples à ceux qui allaient venir ensuite, pour qu’à leur tour ils respectent les dogmes de l’antiquité sacrée et condamnent les inventions d’une profane nouveauté. Nous avons enfin prononcé une imprécation contre la présomption criminelle de Nestorius, parce qu’il proclamait haut et fort qu’il était le premier et le seul à comprendre l’Écriture sacrée, et que l’avaient méconnue ceux qui, avant lui, chargés d’une fonction d’enseignement, avaient traité des sujets divins, c’est-à-dire tous les évêques, tous les confesseurs et les martyrs, dont les uns avaient expliqué la loi de Dieu, les autres avaient donné leur assentiment ou leur foi à ceux qui l’exposaient; et également parce qu’il soutenait que l’Église se trompait et s’était toujours trompée, elle qui, à son avis, avait suivi et suivait des docteurs ignorants et dans l’erreur.

 


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