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Avant-propos de l’auteur de ce recueil
Une fois, des brigands vinrent chez un vieux moine anachorète et lui dirent: «Nous allons prendre tout ce qu’il y a dans ta cellule. » Il répondit: «Prenez tout ce dont vous avez besoin, mes enfants. » Ils prirent presque tout ce qu’il y avait dans la cellule et s’en allèrent. Mais ils ne trouvèrent pas la bourse contenant l’argent, qui était cachée. Le starets prit alors cette bourse et courut derrière eux en criant: «Mes enfants! Prenez cette bourse que vous avez oubliée. » Étonnés, les brigands non seulement ne prirent pas la bourse, mais rendirent tout ce qu’ils avaient pris, en se disant l’un à l’autre: « Cet homme est vraiment un homme de Dieu. » Le fait se produisit en Palestine au VI siècle après Jésus-Christ et nous est rapporté par saint Jean Moschus en même temps qu’un grand nombre d’autres paroles et faits édifiants de moines orthodoxes qu’il avait recueillis auprès de témoins directs. Le vieux moine n’a pas prêché à ses hôtes malvenus, il ne les admonesta pas, ne les menaça pas, ne les exhorta pas. Alors qu’est-ce donc qui les contraignit à changer leur attitude et à réparer le mal qu’ils avaient fait? Ils virent en lui un homme différent – un homme de Dieu. Seul un homme enrichi par la présence constante de Dieu peut être à ce point détaché des biens de ce monde et de l’argent qui asservissent l’humanité. Seul un homme à la foi profondément enracinée peut conserver dans son âme une tel paix et une telle bienveillance tandis qu’il est victime d’un tort si manifeste. Mais ce qui les toucha le plus, ce fut l’amour que le starets leur manifesta. En effet seulement un homme qui est devenu semblable à Dieu peut éprouver un tel amour pour des inconnus qui sont venu le voler, seul un tel homme peut mettre sincèrement leurs intérêts audessus des siens. Ce qui s’est passé avec les brigands n’aurait pu l’être si la foi du moine avait été limitée simplement à des rites, des règles et des belles paroles au sujet de Dieu – sans une expérience réelle de la vie en Christ. Les brigands virent un homme dans lequel les paroles de l’Évangile devinrent des actes. L’Église Orthodoxe appelle de tels hommes les Pères de l’Église. Cette Église ancienne a pris soin, pendant deux mille ans, de préserver de toute altération la vérité reçue des apôtres et l’expérience de la communion vivante avec Dieu. Pour cette raison l’Église Orthodoxe a pu enfanter spirituellement un grand nombre de saints qui furent les détenteurs de cette expérience de la vie paradisiaque déjà sur terre. Le livre que vous avez en main a été composé afin de donner au lecteur la possibilité de se familiariser avec la vie spirituelle de l’Orient chrétien. Vous y trouverez plus de trois cents paroles de plus de cinquante grands spirituels orthodoxes de Palestine, Syrie, Égypte, Grèce, Russie, Serbie, Monténégro, Géorgie. Étant donnée que, pendant le premier millénaire de l’ère chrétienne, l’Église d’Occident faisait aussi partie de la famille des Églises Orthodoxes, on trouvera dans notre recueil des récits et maximes des saints de cette époque qui vivaient sur des territoires appartenant aujourd’hui à l’Italie, l’Angleterre, la France, la Tunisie. Leurs vies et leur enseignement constituent l’héritage spirituel commun de l’Église Orthodoxe. La plus ancienne des maximes rapportées dans ce recueil date de la deuxième moitié du premier siècle, la plus récente, de la deuxième moitié du XXème siècle. Où qu’ils vécurent, en quelque époque que ce soit, quels qu’ils soient, les saints orthodoxes partagent la même réalité spirituelle. C’est pourquoi leurs paroles se complètent harmonieusement. C’est ce constat qu’a exprimé saint Ignace Briantchaninov au XIXème siècle: « Quand en une claire nuit d’automne je contemple le ciel pur, parsemé d’une multitude d’étoiles, toutes émettant une même lumière, je me dis: ainsi sont les écrits des saints pères. Quand par un jour d’été je contemple la vaste mer, couverte d’un grand nombre de navires, tous naviguent, portés par le même vent, vers un même but, au même débarcadère, je me dis qu’ainsi sont les écrits de nos Pères. Quand j’écoute un chœur dans lequel les voix différentes sont unifiées dans une élégante harmonie et qui chantent un même chant je me dis qu’ainsi sont les écrits de nos saints pères. » (Saint Ignace Briantchaninov). Je crois que ce modeste recueil d’aphorismes de nos saints Pères intéressera les lecteurs et sera utile non seulement aux chrétiens orthodoxes, mais aussi à tous ceux qui recherchent l’authentique. Plusieurs des maximes contenues dans ce recueil m’ont aidé moi-même, m’ont apporté des solutions à des questions qui me tourmentaient, m’ont permis à donner un sens à ce qui se passait dans ma vie. Pour cette raison j’ai voulu, au moyen de ce livre, partager avec vous ce qui m’est cher.
Diacre Georges Maximov le 8 janvier, 2011