Le Seigneur dit: Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. Luc 22.31-32

 

Nous avons déjà démontré que l’apôtre Pierre n’était pas l’évêque de Rome lors de sa mort et le premier évêque de Rome Lin ordonné par les apôtres Paul et Pierre (ou uniquement par Paul (Tertullien)) n’avait certainement pas la « suprématie » imaginaire lorsque Pierre était encore vivant. Donc il y a un problème considérable du passage du « pouvoir de juridiction » imaginaire de l’apôtre Pierre vers les évêques de Rome.

 

A partir de ce seul passage Luc 22.31-32, l’Eglise de Rome essaye de créer toute une théorie de l’infaillibilité du pape de Rome. La « logique » est suivante :

  1. Le Seigneur prie pour l’apôtre Pierre et sa prière ne peut pas être vaine ;
  2. Donc, la foi de l’apôtre Pierre ne peut pas défaillir après la conversion ;
  3. Donc, l’apôtre Pierre est infaillible dans la foi ;
  4. Et ce don d’infaillibilité demeure pour toujours dans son successeur le pape de Rome.

 

D’abord, montrons que l’apôtre Pierre n’était pas infaillible. Tout homme est trompeur (Ps. 116.11) et l’apôtre a aussi commis des fautes dans la foi chez les Galates si bien qu’il était reproché et corrigé par l’apôtre Paul :

Lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens ; et, quand elles furent venues, il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis. Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie. Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas, en présence de tous: Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser? (Ga 2.11-14)

L’apôtre Pierre a obligé les chrétiens de suivre les traditions abandonnées des juifs, il ne marchait droit selon la vérité de l’Evangile ! C’est pour cela qu’il était reproché par l’apôtre Paul. Saint Augustin confirme que l’apôtre Paul ne ment pas aux Galates et l’apôtre Pierre s’est écarté de la vérité :

Il leur avait dit: «Je prends Dieu à témoin que je ne vous mens point en tout ce que je vous écris (3),» et cependant il n’aurait pas écrit en toute vérité, et il aurait usé avec ses fils, de je ne sais quelle dissimulation de condescendance en leur disant qu’il avait vu Pierre et Barnabé ne pas marcher selon la vérité de l’Evangile, qu’il avait résisté à Pierre en face, uniquement parce que Pierre forçait les gentils à judaïser ? Mais ne vaut-il pas mieux croire que l’apôtre Paul n’a pas écrit en toute vérité, que de croire que l’apôtre Pierre a fait quelque chose de mal ? S’il en est ainsi, disons, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’il vaut mieux croire que l’Evangile a menti, que de croire que Pierre ait renié le Christ (4), qu’il vaut mieux accuser de mensonge le livre des Rois, que de déclarer David, un si grand prophète, si excellemment choisi par le Seigneur Dieu, coupable d’avoir désiré et enlevé la femme d’un autre, et d’avoir commis, au profit de son adultère, un horrible homicide sur la personne du mari.

1. Ga 2,14. – 2. Ga 4,19. – 3. Ga 1,20. – 4. Mt 26,75.

LETTRE LXXXII. (Année 405)
Source anglaise :

En plus, dans son écart de la vérité, l’apôtre Pierre est comparé aux hérétiques ariens (!) dont ceux qui se sont repentis ont été pardonnés par l’Eglise comme l’apôtre.

« Après la persécution excitée par les Ariens, quand la paix, que l’Eglise catholique tient toutefois de son union avec le Seigneur, eut été rendue, même par les grands de ce monde, beaucoup d’évêques qui, dans cette persécution, étaient du parti d’Arius, préférèrent, après s’être corrigés, rentrer dans la foi catholique, condamnant ce qu’ils avaient cru ou feint de croire. L’Eglise catholique les reçut dans son sein maternel, comme elle y avait reçu Pierre lorsqu’il pleura après que le chant du coq l’eut averti de son reniement, et lorsqu’après de coupables feintes, il se fut corrigé à la voix de Paul. »

Du Combat chrétien, 30
CHAPITRE XXX. L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES LUCIFÉRIENS.

 

1. L’apôtre Pierre est comparé aux hérétiques.
2. « L’Eglise du Christ a reçu Pierre ». Ce n’est que plus grand qui peut recevoir plus petit, et non pas à l’inverse. Cela veut dire, que l’apôtre Pierre pouvait se détacher, s’excommunier de l’Eglise et dans le pouvoir de l’Eglise était de recevoir l’apôtre Pierre. L’Eglise est plus haute et plus grande que l’apôtre Pierre.
3. L’Eglise a reçu l’apôtre Pierre deux fois : après le triple reniement du Christ et après son hypocrisie et « de coupables feintes » auprès des Galates.

Et puis, si l’apôtre Pierre était infaillible, à quoi servait le Concile des apôtres qui avaient des discussions, des avis particuliers par rapport à l’acceptation des chrétiens des païens dans l’Eglise. Si l’apôtre Pierre avait été infaillible, il aura fallu juste demander son avis par rapport à cette question. Les débats des apôtres auraient donc été un spectacle. Mais on sait que c’était le Saint Esprit qui a parlé à travers le Concile des apôtres : « Il a paru bon au Saint-Esprit et à nous… »

Donc, l’apôtre Pierre n’était évidemment pas infaillible. Est-ce que cela veut dire que la prière du Seigneur Jésus Christ était vaine ? Non. Comme dit saint Jean Chrysostome :

« J’ai prié pour vous, afin que votre foi ne vienne point à manquer » (Luc, XXII, 32) ; c’est-à-dire, afin que vous ne périssiez pas entièrement et jusqu’à la fin. »

A la différence de l’apôtre Juda, l’apôtre Pierre n’a pas péri entièrement et jusqu’à la fin. A la différence de Juda, à un moment crucial de sa vie, il a trouvé les forces, non seulement de se repentir en reconnaissant sa faute (Mat.27.3) (car Juda s’est aussi repenti), mais aussi de se retourner vers le Christ avec l’espoir d’être pardonné. Et cela, ce sont les fruits de la prière du Seigneur.

Evidemment, n’étant pas infaillible, l’apôtre Pierre ne pouvait pas transmettre ce qu’il n’avait pas exclusivement à un de ses successeurs à Rome, tandis qu’il en avait beaucoup dans d’autres villes.

Regardons maintenant la véritable interprétation de ce passage par la sainte Eglise.

 

Saint Jean Chrysostome

Ah ! Pierre, que dites-vous? Votre Maître vous dit : « Vous ne pouvez pas », et vous répondez : Je puis ! Vous apprendrez donc, par votre propre expérience, que votre amour n’est rien sans la grâce d’en-haut. Et par là on voit clairement que ce fut pour l’utilité de Pierre; que le Sauveur permit sa chute. Pierre ayant dit avec trop de confiance et de hardiesse : « Je vous suivrai », Jésus-Christ voulut l’instruire en lui faisant connaître sa faiblesse. Or, comme il persévérait dans sa véhémence, Jésus-Christ, à la vérité, ne le porta point, ni le poussa point à le renoncer, mais il l’abandonna, afin qu’il connût sa faiblesse.

Jésus prédit qu’il serait livré et mis à mort. Pierre répondit : « Epargnez-vous à vous-même tous ces maux, cela ne vous arrivera point » (Matth. XXVI, 22); il en fut repris, et il ne se corrigea point; Jésus voulant lui laver les pieds, il s’y opposa et dit : « Vous ne me laverez jamais les pieds ! » (Jean, XIII, 8.) Et encore, son Maître lui dit : « Vous ne pouvez maintenant me suivre », et il répond « Quand même tous vous renonceraient, je ne vous renoncerai point ». (Jean, XIII, 35.) Comme donc il était visible que Pierre tombait dans l’arrogance et ne cherchait qu’à contester, son Maître l’avertit enfin de ne plus disputer ni s’opposer à ce qu’il veut. Saint Luc nous insinue ces choses, en rapportant que Jésus-Christ dit : « J’ai prié pour vous, afin que votre foi ne vienne point à manquer » (Luc, XXII, 32) ; c’est-à-dire, afin que vous ne périssiez pas entièrement et jusqu’à la fin. Le Sauveur nous apprend aussi qu’il faut pratiquer l’humilité en toutes choses, et il nous fait connaître que la nature humaine n’est rien par soi, « qu’elle n’est en soi que faiblesse et qu’infirmité ».

HOMÉLIE LXXIII. Sur Jean

 

Dans la première partie de ce passage, saint Jean Chrysostome parle du soin particulier que le Seigneur manifeste envers l’apôtre Pierre. Comme le premier apôtre avait beaucoup de confiance en soi qu’il exprimait plusieurs fois, le Christ permet sa chute pour soigner cette maladie. Cette chute est prédite dans ce passage.

 

Considérez combien Jésus-Christ a souffert pour ce troupeau : il s’est fait homme ,il a pris la forme d’un esclave , il a été bafoué , souffleté, enfin il a accepté la mort, et la mort la plus ignominieuse, puisqu’il a versé son sang sur la croix. Si donc vous voulez lui plaire, veillez sur ses brebis, recherchez le bien publie, travaillez au salut de vos frères. Rien n’est plus agréable à Dieu; aussi ailleurs il dit :Simon, Simon, Satan a demandé de vous cribler comme le froment; j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point. (Luc. XXII, 31.) Que me donnerez-vous en retour de mes soins et de ma sollicitude? Mais que demande le Sauveur? le même zèle qu’il a montré lui-même.Une fois converti, dit-il à Pierre, confirmez vos frères. Et saint Paul exprime la même pensée : Soyez mes imitateurs comme je le suis du Christ. (I Cor. IV, 16.) Comment êtes-vous imitateur du Christ, ô grand apôtre? En tâchant de plaire à tous en tout, en cherchant non ce qui m’est avantageux, mais ce qui est avantageux à plusieurs pour être sauvés. (I Cor. X, 33.) Et ailleurs il dit :Jésus-Christ n’a pas cherché à se satisfaire, mais à plaire à plusieurs. (Rom. XV, 3.) La marque distinctive ,le caractère propre du fidèle qui aime Jésus-Christ, c’est le zèle pour le salut de son prochain.

SIXIÈME HOMÉLIE. SUR SAINT PHILOGONE.

 

Dans ce passage, saint Jean Chrysostome ne voit aucun privilège spécifique donné à l’apôtre Pierre sur d’autres apôtres mais un exemple à imiter par tous les fidèles : le zèle pour le salut de son prochain. « Les frères », pour saint Jean, ne sont forcément pas les apôtres d’un point de vue de l’apôtre Pierre, mais tous ses prochains.

 

Et pour montrer que ce n’était que pour ce sujet, et pour abattre son orgueil, qu’il permit ce renoncement, voyez ce qu’il lui dit : « J’ai prié pour vous, afin que vous ne perdiez pas la foi » : ce qu’il lui dit pour le toucher davantage, en lui faisant voir que sa faute serait plus grande que celle de tous les autres disciples, et qu’il avait besoin d’un plus grand secours, et d’une prière toute particulière pour en obtenir le pardon. Car il avait commis un double crime dans ces paroles si hardies; le premier de résister à la parole expresse de son maître; et le second de se préférer aux autres disciples : et j’en ajouterais même un troisième, par lequel il s’attribuait tout comme venant de lui-même et de ses seules forces. Jésus-Christ voulant donc remédier à tant de plaies le laissa tomber, et c’est pour ce sujet que, sans parler aux autres, il s’adresse à lui en disant : « Simon, Simon, Satan vous a demandé afin de vous cribler comme on crible le blé », c’est-à-dire, « afin de vous tenter, de vous troubler, de vous effrayer; mais moi j’ai prié pour toi, afin que tu ne perdes point la foi ».

Pourquoi, si le démon a demandé permission de tenter tous les disciples, Jésus-Christ ne dit-il pas qu’il a prié son Père pour eux tous? Il est évident, comme je l’ai déjà dit, qu’il voulait le toucher plus vivement par des paroles si sensibles, et qu’il lui parlait en particulier, pour lui faire reconnaître que sa faute était plus grande que celle de tous les autres. Pourquoi Jésus-Christ ne dit-il pas: Mais je ne l’ai pas permis au démon, et qu’il dit : « Et moi j’ai prié », sinon parce qu’allant à sa passion il voulait parler plus humblement, et témoigner davantage la vérité de la nature humaine dont il était revêtu ?

 

…Jésus-Christ donc voulant guérir son disciple d’une maladie si, mortelle, et de tant de maux ensemble, ne le poussa pas à la vérité à le renoncer, Dieu nous garde de cette pensée; mais il retira sa grâce de lui, et fit voir jusqu’où allait la faiblesse de notre nature.

HOMÉLIE LXXXII. Sur Matthieu

 

 

Saint Cyril d’Aléxandrie

« I have supplicated therefore, He says, that your faith fail not. » Now by this then He shows, that if he had been yielded up to Satan to be tempted, he would have proved altogether unfaithful: since, even when not so yielded up, he proved weak from human feebleness, being unable to bear the fear of death. For he denied Christ, when a young girl troubled him in the high priest’s palace by saying, « And you also are one of His disciples. »

The Saviour then forewarned him what would have been the result had he been yielded up to Satan’s temptation: but at the same time He offers him the word of consolation, and says, « And do you also hereafter, when converted, strengthen your brethren: » that is, be the support, and instructor and teacher of those who draw near to Me by faith. And moreover, admire the beautiful skill of the passage, and the surpassing greatness of the divine gentleness! For, lest his impending fall should lead the disciple to desperation, as though he would be expelled from the glories of the apostleship, and his former following (of Christ) lose its reward, because of his proving unable to bear the fear of death, and denying Him, at once Christ fills him with good hope, and grants him the confident assurance that he shall be counted worthy of the promised blessings, and gather the fruits of steadfastness. For He says, « And do you also, when converted, strengthen your brethren. » O what great and incomparable kindness! The disciple had not yet sickened with the malady of faithlessness, and already he has received the medicine of forgiveness: not yet had the sin been committed, and he receives pardon: not yet had he fallen, and the saving hand is held out: not yet had he faltered, and he is confirmed: for « do you, He says, when converted, strengthen your brethren. » So to speak belongs to One Who pardons, and restores him again to apostolic powers.

Exegetical Sermon 144 on the Passion

Selon saint Cyril :

  1. « Affermis tes frères » veut dire que l’apôtre Pierre deviendra instructeur et enseignant de ceux qui (draw near to Me by faith), « s’approchent du Seigneur par la foi« . Les frères sont donc tous les fidèles instruits par l’apôtre Pierre, dont on peut lire entre autre dans les Actes des apôtres (Énée, centenier Corneille…)
  2. « Quand tu seras converti » est une prophétie par laquelle le Seigneur sauve l’apôtre Pierre de la future désespérance au moment de la chute.
  3. Par ces paroles du Christ, l’apôtre Pierre reçoit la « médecine du pardon », « la main du salut », « la promesse de la restauration dans l’apostolat ».

Le chef de l’école d’exégèse d’Aléxandrie, saint Cyril ne donne aucune même une très petite allusion sur l’infaillibilité ou la suprématie de l’apôtre Pierre!

 

Euthyme Zigabène

Mais j’ai prié pour toi afin que ta foi de défaille pas.
J’ai prié le Père, Il dit comme un homme, afin que ta foi ne défaille pas complètement pendant le temps de la renonciation.
Et quand tu seras converti, affermis tes frères.
« Converti », évidemment, après le reniement, par des pleurs amers, c’est-à-dire en se rétablissant dans l’apostolat. Par ses frères, le Seigneur sous-entend d’autres apôtres ou ceux qui croiront à travers lui (Pierre).

PG 129 1080-1

L’interprétation est très concrète et compréhensible.

 

Théophylacte d’Ohrid

« Mais j’ai prié pour toi. » Il parle de cette façon pour l’humanité, car, en tant que Dieu, avait-t-il besoin de prier? Moi, dit-il, j’ai prié, pour que ta foi ne défaille pas. Bien que tu ailles avoir des troubles, ta foi persistera ; bien que l’esprit du tentateur aille secouer les feuilles, la racine est vivante est ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. Il faudrait le comprendre ainsi : comme tu as reçu ma parole en premier, après avoir pleuré ton reniement et après s’être repenti, affermis les autres. Cela te convient car tu étais le premier qui M’a confessé la pierre et le fondement de l’Eglise (Mat 16.18). Mais ces paroles peuvent être adressées non seulement aux apôtres lesquels Pierre devait affermir, mais à tous les fidèles jusqu’à la fin du monde. Pierre ! S’étant converti, tu seras un formidable exemple de repentance et personne de ceux qui croient en Moi ne se désespérera, voyant toi qui étant apôtre M’as renié, pourtant, par la repentance a obtenu de nouveau sa force ancienne parmi tous les apôtres et parmi les élus de Dieu de l’univers entier.  Satan M’a demandé de te cribler et te gâcher comme le froment pur en y ajoutant de la boue, parce que, selon son habitude, il est jaloux de toi dans ton amour pour Moi. Il traitait Job de même manière. Mais je ne t’ai pas complètement laissé, pour que ta foi ne défaille pas absolument.  J’ai prié pour toi, et toi, une fois converti, ayant pleuré et s’étant repenti, sois un exemple pour les autres fidèles dans la repentance et l’espoir.

PG 123

Traduction russe

 

Selon Théophylacte d’Ohrid :

  1. Le Seigneur prédit à Pierre que sa foi persistera malgré les troubles;
  2. L’apôtre Pierre, une fois converti, sera un bon exemple pour tous les fidèles dans la repentance.

Aucune même une très petite allusion sur l’infaillibilité ou la suprématie de l’apôtre Pierre!

 

Éphrem le Syrien

J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. Il n’a pas dit : « J’ai prié pour toi pour que tu n’aies pas de tentations », mais « pour que ta foi ne défaille pas ».

Traduction russe

 

Syméon le Nouveau Théologien

Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. Que veut dire les paroles « affermis tes frères » ? Par ton propre exemple, rends les certains qu’il ne faut pas se désespérer quel que soit le péché commis ; car lequel des péchés est pire du tien, lorsque tu M’as renié, Moi, le Maître de toute chose ? Pourtant, Je t’ai pardonné aussitôt que tu t’es profondément repenti ; bien que tu n’eusses pas d’audace à cause de ton reniement, Je t’ai appelé par un Ange pour que tu viennes auprès de Moi avec d’autres apôtres sur la montagne de Galilée, sans te reprocher par un seul mot dans ton reniement. Pour cela, convertis-toi et affermis tes frères.

Sermon 82. Traduction russe

Saint Syméon le Nouveau Théologien parle lui-aussi de l’apôtre Pierre comme d’un exemple dans la repentance pour tous les fidèles. Aucune même une très petite allusion sur l’infaillibilité ou la suprématie de l’apôtre Pierre!

 

Saint Augustin d’Hippone

Aussi dit-il à Pierre, quand approchait l’heure de sa mort; « Satan a demandé à vous secouer comme la froment; mais moi, j’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille point; va et affermis tes frères (2) ». Ne nous a-t-il pas affermis par son apostolat, par son martyre, par ses épîtres? 

SERMON CCX. POUR LE CARÊME. VI. DU TEMPS CHOISI POUR LE CARÊME.

Sous « les frères », saint Augustin considère tous les fidèles et non pas les apôtres. Aucune une moindre allusion sur l’infaillibilité de l’apôtre Pierre ou de ses successeurs dans une ville particulière. L’apôtre Pierre a déjà affermi les fidèles par son apostolat, par son martyre, par ses épîtres

 

Saint Macaire le Grand

 

Les paroles du Sauveur adressées apparemment à Pierre: « Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » , saint Macaire le Grand cite comme si elles était adressées à tous les apôtres!

 

« Le prince de la ruse occupe tous les hommes par les affaires terrestres, tremble, gêne, conduit à la confusion et à l’anxiété, incline à avoir les pensées vaines, les désirs infâmes, les liens terrestres et mondains; captivant sans cesse, attrapant toute la race pécheresse d’Adam. Et le Seigneur a prédit aux APÔTRES la révolte future du Satan contre eux, en disant : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour VOUS, afin que Votre foi ne défaille point »

Macaire Le Grand. Parole 2. L’état triste du pécheur

Traduction russe

 


Conclusion sur les Pères

Que veut dire ces versets de Luc 22.31-32 pour les saints Pères de l’Eglise ?

Le Seigneur dit: Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. Luc 22.31-32

  1. Le Seigneur prie pour Pierre pour qu’il ne périsse pas entièrement et jusqu’à la fin (Jean Chrysostome);
  2. Le Seigneur nous fait ainsi connaître que la nature humaine n’est rien par soi (Jean Chrysostome);
  3. « Affermis tes frères » concerne tous les fidèles pour qu’ils aient du zèle pour le salut de son prochain. C’est la marque distinctive, le caractère propre du fidèle qui aime Jésus-Christ (Jean Chrysostome);
  4. Le Seigneur permit ce reniement pour abattre l’orgueil de l’apôtre Pierre (Jean Chrysostome);
  5. L’apôtre a commis trois crimes : 1°  de résister à la parole expresse de son Maître; 2° de se préférer aux autres disciples; 3° de s’attribuer tout comme venant de lui-même et de ses seules forces. Jésus-Christ voulant donc remédier à tant de plaies le laissa tomber. (Jean Chrysostome);
  6. « Affermis tes frères » concerne tous les fidèles pour qu’ils s’approchent du Seigneur par la foi (Cyril d’Alexandrie);
  7. Le Seigneur prédit la chute et le convertissement de Pierre pour le protéger de la désespérance. (Cyril d’Alexandrie);
  8. L’apôtre Pierre reçoit la « médecine du pardon », « la main du salut », « la promesse de la restauration dans l’apostolat » même avant la chute (Cyril d’Alexandrie);
  9. L’apôtre Pierre sera rétabli dans l’apostolat, il affermira d’autres apôtres ou tous les fidèles (Euthyme Zigabène);
  10. « Affermis tes frères » est destiné non seulement aux apôtres lesquels Pierre devait affermir, mais à tous les fidèles jusqu’à la fin du monde. (Théophylacte d’Ohrid);
  11. Le Seigneur prie pour que Pierre soit un exemple pour les autres fidèles dans la repentance et l’espoir. (Théophylacte d’Ohrid);
  12. Ayant renié le Maître, l’apôtre Pierre a commis le pire péché ; une fois converti, il sera un exemple dans la repentance pour tous les fidèles (Syméon le Nouveau Théologien);
  13. L’apôtre Pierre a déjà affermi les fidèles par son apostolat, par son martyre, par ses épîtres. (Saint Augustin d’Hippone)
  14. Ces paroles sont adressées à tous les apôtres (Saint Macaire le Grand)

Aucune même une très petite allusion sur l’infaillibilité ou la suprématie d’autorité de l’apôtre Pierre!

Père Wladimir Guettée s’exprime suite à ce passage :

Comment découvrir sous ce langage la moindre allusion à une suprématie d’autorité donnée à saint Pierre à l’occasion de sa chute ? Quelle hardiesse singulière est celle de nos Romains qui osent soutenir que le Seigneur eut l’intention d’établir une distinction en faveur de Pierre et de lui indiquer son élévation sur les autres apôtres, précisément au moment où il lui annonçait sa chute et son reniement!

 

De notre côté, citons aussi Aleksandr Lopukhin, un fameux théologien russe qui dit lui-aussi, que « affermis tes frères » ne concernent forcément pas les apôtres, mais tous les chrétiens, notamment les frères de l’apôtre Pierre selon la chair, cela veut dire les juifs. Simon, qui a sans doute retenu le commandement du Seigneur, l’a appliqué par rapport à ses frères les juifs ce qui est visible dans ses lettres (écrites de préférence aux fidèles des juifs en dispersion) :

 Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde. Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. 1 P 5.8-10

et encore :

Voilà pourquoi je prendrai soin de vous rappeler ces choses, bien que vous les sachiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente. 2 P 1.12

En même temps, on ne voit pas nulle part que l’apôtre Pierre appliquerait ce commandement envers les apôtres. Pourtant, nous voyons le contraire, lorsque l’apôtre Pierre était affermi par Paul :

Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas, en présence de tous: Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser? Ga 2.14

 

Déduire à partir des paroles « affermis tes frères » l’infaillibilité de l’apôtre Pierre et de ses successeurs à Rome est ainsi au moins, ne correspond pas à l’interprétation catholique de ce verset, au plus, est l’absurdité totale.

 

Finissons par la citation de saint Gorazd de Prague

« Le Seigneur Jésus Christ n’a pas établi par ces paroles Pierre comme le chef de tous les apôtres et de l’Eglise tout entière, mais Il voulais lui dire que, ayant renoncé son Maître, à la différence de Juda, il ne perdra pas sa foi et sera retourné vers Dieu. Par ce repentir, il va affirmer les autres dans la foi comme la Samaritaine et l’apôtre Paul ».

Saint Gorazd affirme après qu’il est impossible d’interpréter ces mots comme la communication des droits particuliers au seul apôtre Pierre par le Christ, car chaque chrétien honnête qui s’est tourné vers Dieu peut affermir ses proches dans la foi, peu importe que l’affermant soit inférieur, supérieur ou égal à l’affermi.

Fin et Gloire à Dieu!


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