Ensuite, le prêtre et le diacre vont tous deux se laver les mains, chacun disant : Je me laverai les mains parmi les innocents, et je ferai le tour de Ton Autel, Seigneur, afin d’entendre le son de Ta louange et de raconter toutes Tes merveilles. Seigneur, j’ai aimé la beauté de Ta demeure et le lieu où réside Ta gloire. Ne fais pas périr mon âme avec les impies, ni ma vie avec les hommes avides de sang. Ceux dont les mains sont chargées d’iniquités ; leur main droite est pleine de présents. Pour moi, j ’ai cheminé dans l’innocence: délivre-moi, Seigneur, et aie pitié de moi. Mon pied se tient dans la droiture; dans les églises, je Te bénirai, Seigneurs.

L’homme qui vit dans le péché sans se repentir ne peut glorifier le Seigneur. Il est une terre étrangère à Dieu. Comme les Juifs ne pouvaient chanter un cantique du Seigneur sur une terre étrangère (Ps 136, 4), de même l’homme qui se trouve sous l’empire des passions ne peut louer les merveilles de Dieu. « Si la loi mosaïque commandait le silence à des captifs, devenus esclaves des hommes en terre étrangère, combien plus doivent observer le silence ceux qui sont esclaves du péché et vivent une vie étrangère à Dieu. » Réellement, « le péché est une aliénation à l’égard de Dieu ».

Le célébrant du Seigneur a le sentiment que par sa vie, bien des fois, il a blessé l’amour de Dieu. Et bien qu’il ait reçu la rémission des péchés par la confession, il se sent indigne de louer les merveilles de Dieu. La sensibilité spirituelle du célébrant est exprimée dans la prière de la sainte anaphore : « Qui serait donc capable de parler de Ta puissance, de faire entendre toutes Tes louanges ou de raconter toutes les merveilles que Tu fis au cours des âges ? »

Nous devons nous approcher du saint Autel avec des « pensées purifiées ». C’est précisément cette pureté que symbolise le lavement des mains. Cet acte « signifie cela : en ayant la conscience, l’esprit et le cœur purs, qui sont les mains de notre âme, approchons de la sainte Table avec crainte et douceur ». C’est avec les mains que nous accomplissons toute œuvre. Étant donné, en conséquence, que « les mains sont le symbole de l’action, en les lavant nous faisons allusion au caractère pur et irréprochable de nos actions ».

Se référant à l’usage des chrétiens de son époque, qui se lavaient les mains alors qu’ils entraient dans l’église, saint Jean Chrysostome demande:

« Nous laverions-nous les mains lorsque nous entrons dans l’église, mais non le cœur ? Les mains parlent-elles ? C’est l’âme qui prononce les paroles de la prière, et c’est elle que Dieu regarde… Prier avec l’esprit non lavé est le pire de tous les maux. » « Ceux qui ont part à la célébration des très saints Mystères doivent être entièrement purs des derniers phantasmes qui encombrent leur âme, et célébrer les mystères divins aussi proches que possible de la pureté même de ces mystères. Ainsi seront-ils illuminés par les claires visions divines » du Mystère eucharistique.

L’œuvre de la purification de notre âme est accomplie par le Christ, si nous le voulons, de la même façon qu’il le fit lors de la dernière Cène lorsqu’il ceignit le linge et lava les pieds des disciples. A cette occasion, Il dit clairement à Pierre qui, par pieuse déférence envers le Christ, n’acceptait pas qu’on le lavât : Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec Moi (Jn 13, 8). Il n’y a de place à la Cène eucharistique, avec le Christ, que pour ceux qui ont accepté avec un humble respect que le Maître accomplisse en eux la purification de l’esprit et du cœur:

« Si quelqu’un ne s’est pas lavé et purifié, par la grâce du Christ, de la souillure du péché et des fautes, il ne participera pas à la vie qu’accorde le Christ et ne goûtera pas au Royaume des Cieux. Car ce n’est pas aux impurs qu’il est permis de pénétrer dans les demeures célestes, mais à ceux qui ont la conscience pure par l’amour envers le Christ. »

À chaque fidèle qui s’approche pour participer à la divine liturgie et communier, le Seigneur dit: Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. Cela veut dire que si tu ne t’approches pas préalablement de moi avec le repentir du fils prodigue, pour que Je te reçoive à nouveau dans ma Maison, tu ne peux avoir part à la Table des noces royales, la divine liturgie. Il convient donc que nous approchions du Mystère du lavement de l’âme, c’est-à-dire la confession.

Ainsi, purs d’âme et de corps, nous pourrons nous rassembler autour du saint Autel pour entendre les hymnes angéliques et y ajouter notre action de grâces. Nous pouvons raconter les œuvres de l’amour de Dieu. En reconnaissant notre dette pour tous les bienfaits que nous avons reçus de Dieu, « nous Lui offrons l’Eucharistie et nous recevons la communion, rendant grâce parce qu’il a délivré le genre humain de l’erreur et, tandis que nous n’avons plus d’espoir et que nous étions sans Dieu dans le monde, Il a fait de nous Ses frères et Ses cohéritiers » (Ep 2, 12; Rm 8, 17).

Avec l’âme pleine de reconnaissance, nous racontons les œuvres de l’amour et de la sagesse de Dieu, laquelle accomplit « les grandes merveilles » : « Par la mort est venue la vie et par le péché, la justice. Par la malédiction est venue la bénédiction et par le déshonneur, la gloire. » Rendant grâce pour tout cela, nous nous approchons du trône de la Grâce.