Le Christ a dit lors de la Sainte Cène: Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le Royaume de mon Père (Mt 26, 29). En conséquence, la divine liturgie, qui est l’avant-goût du Banquet du Royaume, unit la dernière Cène au Royaume de Dieu. Dans l’espace de temps compris entre la Cène Mystique et le Royaume à venir, la divine liturgie est célébrée, c’est-à-dire la mémoire vivifiante de la Cène, de tout ce qui a été fait pour nous, et du Royaume lui-même.

Dans la divine liturgie, nous vivons les choses à venir comme étant déjà présentes. Nous nous souvenons de façon sacramentelle de tout ce qui a eu lieu et de tout ce qui n’a pas encore été accompli, et nous qualifions tout cela par les mots « ce qui a été fait » : «Faisant mémoire (…) de tout ce qui a été fait pour nous, de la Croix, du tombeau, de la résurrection au troisième jour, de l’ascension aux Cieux, de la session à la droite, du second et glorieux avènement », nous offrons le Sacrifice eucharistique.
Par la divine liturgie, nous pénétrons dans un autre temps qui n’est pas mesuré par les divisions : du passé, du présent et de l’avenir. Le futur (c’est- à-dire le Royaume à venir) jette de la lumière sur le passé, et est offert à nous comme un présent lumineux. Ainsi, dans la divine liturgie, les choses premières et dernières, le commencement et la fin, l’Alpha et l’Oméga sont présents simultanément. « Cette vie à venir a été comme déversée dans la présente et mêlée à elle. » Nous attendons la résurrection des morts et nous vivons déjà au Ciel : « Ce Mystère transforme la Terre en Ciel . » Dans la grâce de la divine liturgie, les choses à venir ont été accomplies, car le Christ est « au-dessus de l’espace et du temps et des propriétés des événements ». Dans la divine liturgie, nous vivons le mystère du Christ, qui est venu, viendra et est maintenant (Jn 4, 23).