Le prêtre qui va célébrer la divine Mystagogie doit au préalable être réconcilié avec tous et ne rien avoir contre quiconque; il doit garder son cœur, autant qu’il le puisse, de pensées mauvaises; depuis le soir précédent, il doit demeurer abstinent, et être vigilant jusqu’au temps de l’acte sacré.

Le prêtre est le ministre du mystère du salut de l’homme. Par son ministère, l’homme se sépare du péché et est conduit à Dieu. Car le but du ministère sacerdotal est « de donner des ailes à l’âme, de la ravir au monde et de la remettre à Dieu… D’installer le Christ dans les cœurs par l’Esprit et, c’est le principal, de diviniser l’homme ». Avec l’assistance du célébrant, l’homme s’élève à « la béatitude d’en-haut». Le ministère sacerdotal est l’incarnation de la prédication du prophète : Frères, approchez-vous des montagnes éternelles! (Mi 2, 9).

Par son ministère, le prêtre manifeste la nouvelle vie que nous a apportée le Christ, c’est-à-dire Sa propre vie. Et puisque la divine liturgie est le Mystère par lequel la vie du Christ est offerte aux fidèles, elle est simultanément aussi le centre du ministère sacerdotal.

Les conditions préalables pour que le prêtre s’approche du saint Autel sont la longanimité et l’amour. C’est ce que le Christ demande au célébrant comme, cela va de soi, à chaque fidèle : Si donc tu présentes ton offrande à l’Autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’Autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis viens présenter ton offrande (Mt 5, 23-24).

Saint Jean Chrysostome est émerveillé par l’amour du Christ : « Quel amour débordant pour l’homme! Le Christ considère que l’honneur qui Lui est offert est inférieur à l’amour envers notre prochain… “Que mon adoration s’interrompe, dit le Christ, afin que soit conservé l’amour envers ton frère.” » Par ces paroles, le Seigneur veut nous montrer « qu’il estime beaucoup l’amour et qu’il le considère comme un sacrifice supérieur à tout autre. Sans ce sacrifice, Il n’accepte pas les autres ». Ainsi, le Christ nous enseigne que « la sainte Table ne reçoit point ceux qui ont de l’inimitié entre eux».

C’est ainsi que le Pré spirituel rapporte cet événement de la vie de l’évêque Jean : celui-ci « avait un diacre… qui, un jour de fête, alors qu’il devait célébrer, s’emporta et l’insulta en face. Lorsqu’arriva le moment où ils devaient célébrer et revêtir leurs ornements, le diacre, éprouvant de la honte pour la parole qu’il avait proférée à l’évêque, ne vint pas concélébrer. Alors, l’évêque, comme un bon pasteur, partit à la recherche de la brebis perdue, en disant: “Aujourd’hui, il n’y aura pas de liturgie si le diacre Epiphane ne vient ici.” Lorsque le diacre vint ensuite, le bon pasteur l’embrassa et se prosterna devant lui comme s’il était lui-même coupable. Ensuite, après qu’ils eurent revêtu les ornements, il ordonna que l’on donne au diacre le rhipide* pour qu’il se tienne auprès de lui lors de la divine liturgie. Après le congé*, il invita le diacre à déjeuner… et le renvoya en paix. Les parents de l’évêque murmurèrent à propos de tout cela… Cependant, l’homme de Dieu les réprimanda en disant: “Vous oubliez que lorsque le Christ était insulté, Il n’insultait pas (1 P 2, 23; Mt. 5, 39), et lorsqu’il était frappé, Il ne rendait point les coups… Croyez-moi, mes enfants, lorsque j’offre le culte non sanglant, avant que je ne commence la prothèse, j’ai l’habitude d’adresser une supplication à Dieu pour moi et pour vous. Mais aujourd’hui, au moment où je commençais la prière, j’omis la supplication pour moi et pour vous et je priai, demandant à Dieu avec des larmes, d’avoir pitié du diacre et de lui pardonner. Et je vis immédiatement la Grâce divine descendant sur l’Autel. Si donc vous voulez être dignes d’une telle vision, offrez à Dieu le sacrifice non sanglant avec une sincère absence de rancune, car il n’existe pas d’autre voie qui vous conduise aussi rapidement à Lui” ».