Le peuple : Notre Père, qui es aux Cieux, que Ton nom soit sanctifié, que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la Terre comme an Ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain suressentiel, remets-nous nos dettes, comme nous les remettons aussi à nos débiteurs, et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du malin.

Le prêtre [à voix forte] : Car à Toi appartiennent la royauté, la puissance et la gloire, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Le chœur : Amen.

Par la Prière dominicale, nous nous adressons à Dieu, et nous L’appelons Père. « Quel excès d’amour », s’écrie saint Jean Chrysostome.

« Par quelles paroles rend-on dignement grâce à Celui qui nous a comblés de tant de biens! Considère, mon cher, le peu de valeur de ma nature et de la tienne. Examine notre origine et tu n’y trouveras rien que boue, cendre, poussière. Car après avoir été créés de la terre, nous retournerons en terre après la mort. Aussi, après avoir pensé à tout cela, admire la richesse inépuisable de la grande bonté de Dieu envers nous. Car toi, le terrestre, tu as reçu l’ordre d’appeler Père Celui qui est dans le Ciel. Le mortel s’adresse à l’Immortel, le corruptible à l’incorruptible, l’éphémère à l’Eternel ! »

Saint Grégoire de Nysse admire l’honneur qui a été donné à l’homme: « Quelle âme doit avoir celui qui appelle Dieu Père ! De combien de hardiesse il a besoin! Quelle sorte de conscience doit avoir l’homme, après avoir compris qui est Dieu, dans la mesure où cela est possible à l’homme… d’oser ensuite L’appeler son Père ! » Cet honneur a été donné à l’homme par le Sang de Jésus. C’est pourquoi, alors que s’approche le moment de la communion au Sang immaculé du Christ, les fidèles récitent la prière suivante lorsque la liturgie de saint Jacques est célébrée: « Rends-nous dignes, ô Maître, Seigneur Ami des hommes, avec hardiesse, sans condamnation, avec un cœur pur, une âme illuminée, le visage sans honte, les lèvres sanctifiées, d’oser T’invoquer, Toi le saint Dieu et Père et dire: Notre Père qui es aux deux. »

Le commencement de la Prière du Seigneur manifeste l’adoption selon la grâce que nous avons reçue par le baptême.

« Dès lors que nous sommes rendus dignes d’appeler Père, par grâce, Celui qui nous a créés par nature, nous apprenons à nous annoncer à nous-mêmes la grâce de la filiation. Ainsi, révérant l’invocation de Celui qui nous engendre par la grâce, nous nous efforçons de signifier dans la vie que nous menons les empreintes de Celui qui nous a fait naître: nous sanctifions Son Nom sur la Terre, nous L’imitons comme un Père, nous nous montrons Ses enfants par nos actes et nous magnifions dans ce que nous pensons ou dans ce que nous faisons le Fils du Père par nature, qui opère Lui-même cette filiation. »

Cette adoption, que nous recevons en cette vie dans l’Église, est l’image de l’adoption future et éternelle. « L’invocation sainte et très vénérable du grand et bienheureux Dieu le Père est le symbole de l’adoption personnelle et existentielle qui sera accordée par don et par grâce de l’Esprit saint; suivant cette adoption, puisque tout ce qui est propre aux hommes sera dominé et couvert par la venue de la Grâce, tous les saints recevront le titre de fils de Dieu et ils le seront. »

L’âme qui se meut vers le Royaume de Dieu, ornée de la beauté divine (car elle a gardé pure l’image et a atteint la ressemblance), est conduite par la grâce à l’adoption divine. Par cette adoption, l’âme qui « a Dieu pour seul Père mystérieusement et par grâce sera conduite à l’unité secrète de [Dieu] par la sortie de toutes choses. Elle éprouvera plus quelle ne connaîtra les choses divines, à tel point quelle ne voudra [plus] s’appartenir à elle-même ».

L’âme, en atteignant les profondeurs insondables de Dieu, se donne entièrement à Lui, « qui se sera Lui-même tout entier introduit en elle tout entière, impassiblement comme il sied à Sa Divinité, et II l’aura tout entière divinisée ». Tous les efforts humains pour faire ce qui est bien arrivent à leur fin. L’âme n’est plus active, mais passive. Elle reçoit sans cesse de Dieu la grâce de l’Amour infini. « Dans le siècle à venir, nous recevrons par grâce la transformation vers la déification et nous ne serons plus actifs, mais passifs. Et pour cette raison, nous ne cesserons d’être déifiés » par le Père qui aime l’humanité. Comme l’écrit saint Jean le Théologien : Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous Lui serons semblables (1 Jn 3, 2).