Demandons au Seigneur une fin de vie chrétienne, sans douleur, sans honte, paisible, et une défense valable devant le redoutable tribunal du Christ.
Faisant mémoire de notre Toute-Sainte, Immaculée, Bénie pardessus tout…
Le chœur : [Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous], A Toi, Seigneur.
L’homme qui vit dans l’Église ne craint pas de regarder la mort en face.
s’y est préparé par le repentir et par la divine liturgie, il vit dès à présent la vie future. Un tel homme sait que le temps qui suit le repentir « est plein de contentement et d’allégresse, que la joie de son cœur se rit de la mort et que l’enfer ne la domine pas, parce quelle [la joie] ne connaît pas de fin ».
Pour ceux qui se sont véritablement repentis et ont aimé le Christ, la mort n’est pas l’entrée dans les ténèbres de l’inexistence, mais le portail de la chambre nuptiale du Maître, l’enfantement à la vie nouvelle. Saint Ignace le Théophore, alors qu’il était sur le chemin de Rome, où il avait été condamné à être jeté aux lions, écrivit aux chrétiens de cette ville qui s’efforçaient de faire annuler la sentence de condamnation :
« Il est meilleur pour moi de mourir pour le Christ Jésus que de régner sur les extrémités de la Terre… C’est Lui que je cherche, qui est mort pour nous ; Lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche.
Pardonnez-moi, frères; ne m’empêchez pas de vivre, ne veuillez pas que je meure. Celui qui veut être à Dieu, ne le livrez pas au monde, ne le séduisez pas par la matière. Laissez-moi recevoir la pure lumière; quand je serai arrivé là [près de Dieu], je serai un homme [de Dieu]. » Pour les saints, ce que nous appelons vie est la mort, et la prétendue mort conduit à la vie: « Il est bon que je me couche loin du monde, et que j’aille vers Dieu, pour me lever en Lui. »
Nous lisons dans le Paterikon, au sujet de la dormition d’un Ancien:
« Dans la région d’Arselaon habitait Abba Michel. Lorsqu’il devint gravement malade et fut sur le point de mourir, il dit à son disciple Eustathe: “Mon enfant, apporte-moi de l’eau pour me laver les mains et que je reçoive la communion.” Après avoir communié, il lui dit: “Tu sais, mon enfant, que ce lieu est dangereux et escarpé en raison de la pente raide où se trouve la tombe, et si je meurs en-haut, tu prendras des risques pour me faire descendre et m’enterrer. Aussi, aide-moi et nous pourrons descendre lentement.” Lorsqu’ils descendirent, l’Ancien pria, embrassa son disciple et lui dit: “Sois en paix, mon enfant, et prie pour moi.” Et après s’être étendu dans la tombe, il partit vers le Seigneur plein de joie et d’allégresse ! »
Les saints qui ont « accompli la liturgie de [leur] vie »‘ » partent, pleins de paix, vers le Seigneur. Ils s’approchent de la mort « pleins de joie et radieux », car celle-ci est « le commencement d’une vie meilleure, le prélude d’une existence plus spirituelle, le passage d’un état inférieur à un état supérieur ». Pour les saints, la mort est « le commencement et la voie du changement pour le meilleur ».
Le monde est « sujet au changement… et à la corruption par le passage du temps » ». Mais la mort conduit le saint à « une stabilité continuellement en mouvement et à une forme de mouvement sans changement générée éternellement autour de l’inchangé, le seul et unique Dieu ».