Le premier Vatican donne à l’évêque de Rome le pouvoir suprême sur toute l’Eglise :

Subordination hiérarchique au Pape

Pastor Æternus : «  Nous enseignons et déclarons que l’Église romaine possède sur toutes les autres, par disposition du Seigneur, une primauté de pouvoir ordinaire, et que ce pouvoir de juridiction du Pontife romain, vraiment épiscopal, est immédiat. Les pasteurs de tout rang et de tout rite et les fidèles, chacun séparément ou tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier. Ainsi, en gardant l’unité de communion et de profession de foi avec le Pontife romain, l’Église est un seul troupeau sous un seul pasteur. Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s’écarter sans danger pour sa foi et son salut. »

 

Aucune autorité n’est supérieure au Pape

Pastor Æternus : «  Parce que le droit divin de la primauté apostolique place le Pontife romain au-dessus de toute l’Église, nous enseignons et déclarons encore qu’il est le juge suprême des fidèles et que, dans toutes les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut faire recours à son jugement. Le jugement du Siège apostolique, auquel aucune autorité n’est supérieure, ne doit être remis en question par personne, et personne n’a le droit de juger ses décisions. C’est pourquoi ceux qui affirment qu’il est permis d’en appeler des jugements du Pontife romain au concile œcuménique comme à une autorité supérieure à ce Pontife, s’écartent du chemin de la vérité. »

Le chapitre se termine par la formule canonique d’anathème : «  Si donc quelqu’un dit que le Pontife romain n’a qu’une charge d’inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l’Église, non seulement en ce qui touche à la foi et aux mœurs, mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier, ou qu’il n’a qu’une part plus importante et non la plénitude totale de ce pouvoir suprême ; ou que son pouvoir n’est pas ordinaire ni immédiat sur toutes et chacune des Églises comme sur tous et chacun des pasteurs et des fidèles, qu’il soit anathème. »

 

De même, le catéchisme catholique affirme :

880 Le Christ, en instituant les Douze,  » leur donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux  » (LG 19).  » De même que S. Pierre et les autres apôtres constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques, successeurs des apôtres, forment entre eux un tout  »

882 Le Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre,  » est principe perpétuel et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles  » (LG 23).  » En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer « 

936 Le Seigneur a fait de S. Pierre le fondement visible de son Église. Il lui en a remis les clefs. L’évêque de l’Église de Rome, successeur de S. Pierre, est  » le chef du Collège des Évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église toute entière sur cette terre « 

 


 

Pour l’Eglise de Rome, toutes ces privilèges universels proviennent de la primauté de juridiction de l’apôtre Pierre. Le premier apôtre qui est mort à Rome a exclusivement  offert pour toujours sa primauté de juridiction à tous ses successeurs de Rome.

Les Latins ont tendance à mélanger deux choses : la primauté de l’apôtre Pierre et son pouvoir « suprême, plénier, souverain de juridiction » sur tous les apôtres. Commençons par distinguer ces deux choses.

 

La suprématie d’autorité de Pierre dans la Bible

– L’apôtre Pierre avait-il la primauté parmi d’autres apôtres ?

– Oui. Il était le premier parmi les apôtres, la bouche des apôtres, le chef, le coryphée, la colonne et le Prince.

 

– Cette primauté, donne-t-elle à l’apôtre le pouvoir absolu dans l’Eglise ? L’apôtre Pierre avait-il pouvoir suprême, plénier, souverain de juridiction sur tous les apôtres?

– Non. Il n’avait pas le pouvoir de juridiction sur tous les apôtres. Les preuves bibliques sont suivantes :

1. L’apôtre Pierre n’a jamais donné d’ordres aux apôtres ; On ne voit pas que les apôtres soient subordonnés à Pierre. De même, le Seigneur n’a jamais établi un chef visible de l’Eglise.

 

2. Le Seigneur demande à Pierre de « affermer ses frères » (Luc 22.32). Mais si on comprend sous « les frères » les apôtres et non pas les juifs auxquels l’apôtre Pierre a prêché la Bonne Nouvelle en les affermant dans la foi et auxquels il a écrit ses lettres, même dans ce cas, le Seigneur dit : « affermis tes frères » et non pas « gouverne » ou « sois le chef sur tes frères ». Ce verset ne donne pas à l’apôtre Pierre le pouvoir suprême dans l’Eglise. Cf. cet article.

 

3. L’apôtre Pierre était critiqué par d’autres apôtres comme l’apôtre Paul (Ga 2:11-14).

Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas, en présence de tous: Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser? (Ga 2.14)

Saint Paul qui est devenu apôtre après les autres, aurait-il pu reprocher ainsi l’apôtre Pierre si ce dernier avait été le juge suprême de toute l’Eglise ?

 

4. Il était accusé ou reproché (!) par des chrétiens si bien qu’il devait se justifier (!) (Ac 11) ;

Et lorsque Pierre fut monté à Jérusalem, les fidèles circoncis lui adressèrent des reproches, en disant: Tu es entré chez des incirconcis, et tu as mangé avec eux. (Ac 11.2-3)

S’il avait été « le juge suprême de fidèles » et  « personne n’avait eu le droit de juger ses décisions », est-ce que les fidèles aurait pu le reprocher et l’apôtre aurait dû se justifier devant eux ?

(Q) Pourquoi l’apôtre Pierre se justifie, mais ne répond pas avec les paroles du catéchisme catholique : « Je suis Pasteur de toute l’Église, j’ai le pouvoir plénier, suprême et universel que je peux toujours librement exercer  » ?

 

5. L’apôtre Pierre était subordonné à l’Eglise. Entre autre, il était envoyé avec Jean par d’autres apôtres pour une mission en Samarie (Ac 8:14) ;

Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean.

 

6. L’apôtre Pierre s’appelait lui-même co-pasteur (συμπρεσβύτερος [sympresbuteros]), ancien comme les autres (1 P 5:1). On ne voit nulle part dans ses lettres une moindre allusion sur sa suprématie d’autorité. Si c’était dit seulement par l’humilité, comme disent souvent les Romains, alors c’est une humilité diabolique car elle empêche d’exposer le dogme doctrinal très important. La véritable humilité pouvait-elle agir de telle manière ? Evidemment, la vraie humilité de saint apôtre Pierre n’altère pas la vérité, le fait qu’il soit un coapôtre aux autres apôtres. La véritable humilité ne peut pas se manifester au détriment des dogmes de la foi.

A comparer avec le verset qui suit :

Et lorsque le souverain pasteur paraîtra.. (ἀρχιποίμενος) (1 P 5.4)

Le Christ est le seul souverain pasteur. L’apôtre Pierre est co-pasteur comme les autres.

 

7. Toutes les contestations des apôtres (qui est le plus grand parmi eux) étaient des meilleurs moments pour que le Seigneur dissipe les doutes concernant la primauté du pouvoir de l’apôtre Pierre. Pourtant, le Christ n’établit pas ce dogme ; au contraire, il incite ses disciples de ne pas chercher la primauté.

Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation: lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand? Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Luc 22.22-24

Pourquoi le Christ ne dit pas : « Pierre est le plus grand parmi vous ? » Pourquoi Jésus Christ omet ici « cette vérité » ?

Idem pour Mat. 20.21-27.

Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux frères. Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; Mat. 20.24-26.

De nouveaux, le Seigneur omet « la vérité » de la suprématie du pouvoir de Pierre.

Idem pour :

Ils arrivèrent à Capernaüm. Lorsqu’il fut dans la maison, Jésus leur demanda: De quoi discutiez-vous en chemin? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit: Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. Mc 9.33-35

Encore et encore, le Seigneur omet « la vérité » de la suprématie du pouvoir de Pierre.

Idem pour

Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères Mat 23.8.

Pourquoi durant ces événements, Dieu ne donne pas cet enseignement de la primauté de l’apôtre Pierre (et de ses successeurs) tellement important ? Peut-être parce qu’il n’est pas divin ?

 

8. Mat 16.18. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur ce rocher je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle.

Cette parole du Seigneur est la promesse de bâtir Son Eglise sur la foi en Sa divinité que l’apôtre Pierre a exprimée de la part de tous les apôtres. Elle ne donne pas le pouvoir suprême à Pierre. Cf. cet article.

 

9. Mat 16.19 Les Clefs du Royaume ont été remises à tous les apôtres et non seulement à l’apôtre Pierre. Cf. cet article.

 

10. « Pais mes brebis ». Suite au reniement triple de l’apôtre Pierre, le Seigneur remet l’apostolat à Simon. (Jn 21.15-17). Ici le Seigneur ne donne aucun pouvoir spécifique à l’apôtre Pierre. Cf. cet article.

 

11. Lors de tous les événements importants, l’ensemble des apôtres s’est réuni pour faire des décisions. Jamais un seul apôtre n’a pris des décisions tout seul, y compris l’apôtre Pierre.

  • Lorsqu’il fallait choisir un apôtre à la place de Juda (Ac 1.15-16);
  • Lorsque le Saint Esprit est descendu sur les apôtres (Ac 2.1-4);
  • Lorsqu’il fallait établie les diacres à l’aide des apôtres (Ac 6.1-6);
  • Lorsqu’il fallait définir les règles pour les païens (Ac 15.1-35);

Si l’apôtre Pierre avait eu la suprématie d’autorité, il aurait juste fallu demander son avis et en faire la décision finale ce qui n’était jamais le cas.

 

12. Tous les apôtres sont les fondements

Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire. (Eph 2.20)

 


 

 

Le Concile apostolique et la suprématie d’autorité de Pierre

– Pourquoi l’apôtre Pierre n’a pas présidé le Concile apostolique s’il avait le pouvoir suprême ?

– L’apôtre Pierre n’a pas présidé le Concile apostolique parce qu’il n’avait pas le pouvoir suprême. Les preuves sont suivantes :

 

1. La décision finale du Concile a été proposé par l’apôtre Jacques. Dans sa version définitive le décret du Concile a été accepté. Pierre reproche :

Pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter? (Ac 15.10)

il argumente :

Dieu a fait un choix parmi vous, afin que, par ma bouche, les païens entendissent la parole de l’Évangile et qu’ils crussent. Et Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint Esprit comme à nous; (Ac 15.7-8)

 

Mais, l’apôtre Pierre ne propose aucune décision concrète, tandis que l’apôtre Jacques propose une décision concrète en se référant aux prophètes (Ac 15.15) (!) et non pas à l’apôtre Pierre. Sa décision finale a été exprimée dans la forme autoritaire :

C’est pourquoi je suis d’avis qu’on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu… (Ac 15.19)

 

2. Le décret finale du Concile a été formulé de manière suivante :

2.1 Il est écrit de la part de toute assemblée, de toute l’Eglise, et non de la part de Pierre ou Jacques.

Ils les chargèrent d’une lettre ainsi conçue: Les apôtres, les anciens, et les frères, aux frères d’entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut! (Ac 15.23)

Il est écrit « Les apôtres, les anciens, et les frères » et non pas « Pierre/Jacques, les apôtres, les anciens et les frères ».

2.2 Néanmoins, le décret exprime entièrement la décision dans la formulation de Jacques (!):

Car il a paru bon au Saint Esprit et à nous de ne vous imposer d’autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité, choses contre lesquelles vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. Adieu. (Ac 15.28-29)

 

3. Pour que cette argumentation ne paraisse pas arbitraire, nous allons démontrer l’interprétation la plus autoritaire parmi les existantes sur les Actes des apôtres de saint Jean Chrysostome :

3.1

Voyez, en effet; Paul parle après Pierre, et personne ne lui impose silence. Jacques attend, et ne se hâte point de parler ; cependant il présidait l’assemblée...Jacques prit la parole et dit: « Siméon a raconté comment Dieu conçut d’abord ce dessein ». Pierre avait parlé avec plus de véhémence, mais Jacques s’exprime plus posément. C’est ce que l’on doit faire dans une haute position; il faut laisser dire par d’autres ce qui peut être pénible à entendre et parler avec plus de douceur. … Voilà un homme plein de bienveillance et une harangue plus parfaite encore, puisqu’elle termine le débat. 

Homélie 33 sur les Actes

Il est dit que l’apôtre Jacques occupait une haute position et a présidé le Concile, c’est pourquoi il a parlé avec douceur. La parole de Jacques termine le débat. Sa parole était dernière.

 

3.2

Qu’entend-il par ces mots: « Je juge? » (« Je suis d’avis » dans les traductions françaises dans Ac15.19) cela signifie : J’ai le droit de décider ainsi.

Homélie 33 sur les Actes

Saint Jean Chrysostome parle du pouvoir de l’apôtre Jacques.

Bien sûr, les Latins peuvent proposer une solution à cela, que tout ce qui était établi par le Concile était fait selon « l’accord silencieux » de l’apôtre Pierre ou que la décision finale de Jacques est devenu valable après la confirmation de Pierre ou que.. quelque chose d’autre. Mais les affirmations de la Sainte Ecriture et la Tradition sont, à notre avis, plus convaincantes que les enseignements de l’Eglise de Rome.

 


En quoi consiste la vraie primauté en dignité de l’apôtre Pierre ?

Selon les multiples oeuvres des saints Pères, l’apôtre Pierre avait la primauté en dignité ou selon l’honneur qui ne lui communiquait aucun droit de pouvoir par rapport à d’autres apôtres. Elle lui a été donnée pour mettre en relief l’unité de l’Eglise lors de Sa création et non pas pour lui remettre le pouvoir absolu. Par exemple, citons saint Augustin :

Or Pierre est le seul d’entre eux qui ait mérité de personnifier l’Eglise presque partout. C’est en vue de cette personnification, qu’il faisait seul de toute l’Eglise, qu’il mérita d’entendre: «Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ». Ces clefs en effet furent moins confiées à un homme qu’à l’unité même de l’Eglise. Ainsi donc ce qui montre la prééminence de Pierre, c’est qu’en lui se personnifiaient l’universalité et l’unité de l’Eglise lorsqu’il lui fut dit: «Je te donne» ce qui pourtant fut donné à tous les Apôtres. Pour vous convaincre que ce fut l’Eglise qui reçut les clefs du royaume des cieux, écoutez ce que le Seigneur, dans une autre circonstance, dit à tous ses Apôtres: «Recevez le Saint-Esprit»; il ajoute aussitôt: «Les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et retenus à qui vous les retiendrez ». C’est ce que désignent les clefs que rappellent ces mots: «Ce que vous délierez sur la terre «sera aussi délié dans le ciel, et ce que vous lierez sur la terre sera aussi lié dans le ciel». Mais dans la circonstance actuelle, c’est à Pierre seul qu’il s’adressa.

Pour la même raison aussi le Seigneur confia à Pierre, après sa résurrection, le soin de paître ses brebis. Il ne fut pas le seul des disciples pour mériter de paître le troupeau sacré, mais en s’adressant à lui seul, le Sauveur recommande l’unité, comme en lui parlant avant de parler aux autres, il rappelle que Pierre est le premier des Apôtres. 

SERMON CCXCV. FETE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. I. UNITÉ DE L’ÉGLISE.

 

Saint Cyprien de Carthage dit la même chose, quasiment avec les mêmes paroles :

Sur lui seul (l’apôtre Pierre), il (le Seigneur) bâtit son Église, à lui seul il confie la conduite de ses brebis. Quoique, après sa résurrection,. il donne à tous ses apôtres un pouvoir égal, en leur disant : Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie; recevez le Saint-Esprit les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez (Joan., XX), cependant, afin de rendre l’unité évidente, il a établi une seule chaire et, de sa propre autorité, il a placé dans un seul homme le principe de cette même unité. Sans doute les autres apôtres étaient ce que fut Pierre; ils partageaient le même honneur, la même puissance, mais tout se réduit à l’unité. La primauté est donnée à Pierre, afin qu’il n’y ait qu’une seule Église du Christ et une seule chaire. Tous sont pasteurs; mais on ne voit qu’un troupeau dirigé par les apôtres avec un accord unanime.

DE L’UNITÉ DE L’ÉGLISE


 

 

La Sainte Tradition sur l’égalité des apôtres

Les théologiens romains ne peuvent nier que les saints Pères aient enseigné généralement l’égalité des apôtres entre eux ; sur ce point, la tradition est unanime. On ne pourrait citer un seul des Pères de l’Église qui ait enseigné une autre doctrine. Citons quelques saints.

 

Saint Grégoire de Nysse :

« Nous faisons principalement aujourd’hui mémoire de ceux qui ont brillé par une grande et éclatante splendeur de piété; je veux dire : Pierre, Jacques et Jean, qui sont les princes de l’ordre apostolique… Les apôtres du Seigneur furent des astres qui éclairèrent tout ce qui se trouve sous le ciel. Leurs princes et chefs, Pierre, Jacques et Jean, dont nous célébrons aujourd’hui le martyre, souffrirent de différentes manières… Il est juste de célébrer le même jour la mémoire de ces hommes que nous venons de nommer, non pas seulement parce qu’ils furent unanimes dans leur prédication, mais à cause de l’ÉGALITÉ DE LEUR DIGNITÉ… »

Panégyrique de saint Étienne, PG 46

 

Saint Clément d’Aléxandrie:

«Voit-il ses disciples se disputer entre eux les premières places, il leur recommande la simplicité et l’égalité, en les avertissant

« qu’il leur faut devenir comme de petits enfants. »

Clem. Alexand., Stromat., liv. V, S 5.

 

Saint Cyril d’Aléxandrie

« Pierre et Jean ont été égaux en honneur et en dignité. »

ld., Lettre à Nestorius.

 

Saint Cyprien de Carthage 

Sans doute les autres apôtres étaient ce que fut Pierre; ils partageaient le même honneur, la même puissance, mais tout se réduit à l’unité. La primauté est donnée à Pierre, afin qu’il n’y ait qu’une seule Église du Christ et une seule chaire. Tous sont pasteurs; mais on ne voit qu’un troupeau dirigé par les apôtres avec un accord unanime.

DE L’UNITÉ DE L’ÉGLISE

 

Saint Jean Chrysostome

De même que par l’incirconcision il (apôtre Paul) désigne les gentils, de même ce sont les Juifs qu’il désigne par la circoncision. Il montre qu’il EST L’ÉGAL DES APÔTRES, et c’est au premier d’entre eux et non aux autres qu’il se compare, afin de prouver qu’ils étaient TOUS ÉGAUX EN DIGNITÉ. Après avoir fourni cette preuve de leur unité de vues, il a parlé désormais avec plus d’assurance et de liberté.

GALATES II

 

Il (l’apôtre Paul) a exalté les apôtres , il s’est abaissé ensuite; par un mouvement contraire, il s’est exalté au-dessus d’eux afin d’établir l’égalité , (car il a remis l’égalité en se montrant d’une condition tout ensemble au dessus et au dessous) , et par là il s’est rendu digne de foi ; eh bien! ce n’est pas tout , il ne congédie pas encore les fidèles, il leur montre encore le lien étroit qui l’unit aux apôtres, indiquant la concorde selon le Christ. Il ne le fait pas toutefois de manière à perdre sa dignité , il se met au même rang que les apôtres : ce n’est qu’ainsi qu’il devait parler dans l’intérêt de la prédication. Il a donc pris un soin égal d’éviter deux dangers, celui de paraître mépriser les apôtres, celui de trop s’abaisser, en s’inclinant devant les apôtres, aux yeux des fidèles qui lui étaient soumis. Voilà pourquoi, ici encore, il parle d’eux comme étant leur égal; il dit: « Soit que ce soit moi, soit que ce soient eux qui « vous prêchent, voilà ce que nous prêchons ». Instruisez-vous auprès de, qui vous voudrez; il n’y a entre nous aucune différence. Il ne dit pas : Si vous ne voulez pas me croire, croyez-les ; non, il se pose lui-même comme digne de foi, comme étant par lui-même une autorité suffisante, de même que les autres apôtres sont par eux-mêmes des autorités suffisantes. En effet, la différence de personnes ne signifiait rien, l’autorité étant égale.

HOMÉLIE XXXIX.

 

Saint Vincent de Lérins

Rigueur qui fait trembler ! pour confirmer l’attachement à la foi première, il (Paul) ne s’est pas épargné lui-même, ni ses coapôtres (coapostolis). 

Le Traité de Pérégrinus

 

 

Saint Grégoire le Grand sur l’égalité de Pierre et Paul

Dans un autre endroit, saint Grégoire regarde saint Paul comme ayant droit, aussi bien que saint Pierre, au titre de premier apôtre. En rapportant, dans ses Dialogues, la mort du prêtre Martin, il raconte que ce saint homme voyait Pierre et Paul qui l’appelaient au ciel : « Je vois, je vois, disait Martin, je vous remercie, je vous remercie. » Comme il répétait souvent ces paroles, ses amis qui étaient autour de lui, lui demandaient à qui il parlait. Il fut étonné de cette demande et dit : « Est-ce que vous ne voyez pas ici les saints apôtres ? N’apercevez-vous pas Pierre et Paul, les premiers des apôtres ?(Saint Grégoire, Dialogues, liv. IV, ch. xi.)  »

 

« L’apôtre Paul par rapport à Pierre, le premier des apôtres, dans la primauté apostolique est un frère.  »
«Numquidnam nescis quoniam Paulus apostolus Petro apostolorum primo in principatu apostolico frater est?»
(PL 77 col 213C)

 

Sur l’égalité des évêques

Concile de Compègne de 757

«Les évêques sont les vicaires du Christ et les porteurs des clefs de la Royaume des cieux»

«Episeopi quos constat esse vicarios Christi, et clavigeros regni caelorum»

Source

 

Saint Cyprien de Carthage

Notre Seigneur, dont nous devons révérer et garder les commandements, réglant ce qui concerne les égards dus à l’évêque, et le plan de son Église, parle dans l’évangile et dit à Pierre : « Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel ». (Mt 16,18-19). De là découle, à travers la série des temps et des successions, l’élection des évêques et l’organisation de l’Église : l’Église repose sur les évêques et toute sa conduite obéit à la direction de ces mêmes chefs. Les choses ayant été ainsi établies par Disposition divine, je m’étonne de l’audace téméraire de certains qui m’ont écrit, en affectant de parler au nom de l’Église, alors que l’Église est établie sur les évêques, le clergé et ceux qui sont restés fidèles.

Lettre 33

 

Saint Jérome de Stridon

It is not the case that there is one church at Rome and another in all the world beside. Gaul and Britain, Africa and Persia, India and the East worship one Christ and observe one rule of truth. If you ask for authority, the world outweighs its capital. Wherever there is a bishop, whether it be at Rome or at Engubium, whether it be at Constantinople or at Rhegium, whether it be at Alexandria or at Zoan, his dignity is one and his priesthood is one. Neither the command of wealth nor the lowliness of poverty makes him more a bishop or less a bishop. All alike are successors of the apostles.

Lettre à Evangelus

 


 

La Transmission du « pouvoir suprême » aux évêques de Rome

– Basé sur l’Ecriture, pourrait-on prouver que l’apôtre Pierre a remis à son successeur le pouvoir suprême de juridiction sur toute l’Eglise ?

On ne peut pas prouver la transmission « du pouvoir suprême », même s’il existait, à l’évêque de Rome exclusivement.

(Q) Quelle est la différence entre l’évêque de Rome et l’évêque d’Antioche ordonné par Pierre ? Evode d’Antioche a été ordonné par Pierre, puis l’apôtre Pierre et Paul ont ordonné saint Pancrace de Taormine en Sicile, puis d’autres évêques, et enfin l’évêque Lin à Rome selon le témoignage de saint Irénée. Pourquoi Lin est le successeur de Pierre et Evode ou Pancrace ne le sont pas ? Pourquoi saint Clément de Rome est un successeur de Pierre et saint Ignace d’Antioche ne l’est pas ? Saint Jean Chrysostome voit aussi, entre autre, Ignace d’Antioche comme un successeur de Pierre.

 

Saint Irénée de Lyon dit :

Donc, après avoir fondé et édifié l’Eglise, les bienheureux apôtres (Pierre et Paul (!)) remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux. 

Contre les hérésies 3.3

D’abord, le troisième évêque de Rome était Clément, donc le premier, selon saint Irénée était Lin. Ensuite, l’apôtre Pierre était vivant lorsque Lin avait été déjà l’évêque de Rome.  Cela veut dire que l’apôtre Pierre n’était pas l’évêque de Rome, notamment après avoir ordonné Lin ! Il était mort en tant que l’apôtre de tout l’univers, et non pas en tant que l’évêque de Rome. Pourquoi, dans ce cas, Pierre a remis sa « suprématie d’autorité » à l’évêque de Rome ?

Dans cet héritage de la « suprématie d’autorité », nous n’avons aucune preuve dogmatique ni historique que l’évêque de Rome soit supérieur et ait quelque chose de plus que d’autres successeurs de Pierre ne l’avaient pas. La seule différence est que l’apôtre Pierre est mort à Rome.

(Q) Pourtant, le seul fait que l’apôtre Pierre est mort à Rome n’est pas évidemment suffisant pour reconnaître les privilèges exclusifs de Rome obtenus par le droit divin. L’apôtre Pierre as-t-il pu transmettre par sa mort à l’évêque de Rome quelque chose de plus par rapport à ses autres évêques-successeurs ?

(Q) Si par la mort du premier apôtre, le siège de Rome devient hiérarchiquement première et reçoit les privilèges spéciaux pour ses évêques, alors l’évêque de Jérusalem aurait-il dû avoir le pouvoir suprême, car le Seigneur y était mort ?

(Q) Si l’apôtre Pierre était retourné à Antioche et avait été mort à Antioche, qu’est-ce qu’il serait resté de cette théorie de la mort communicant le droit divin ? Toute l’Ecclésiologie reliée au lieu de la mort de l’apôtre change dans ce cas ?

 Saint Nil Cabasilas dit : 

«Pierre a ordonné à Antioche un évêque, à Alexandrie – un autre, ailleurs – encore un autre ; l’évêque de Rome n’a pas de tels droits. Pierre a ordonné l’évêque de Rome, mais l’évêque de Rome ne peut pas faire de quelqu’un d’autre un évêque… Ce que Pierre enseignait était les paroles du Saint Esprit Lui-même ; est-ce que cela s’applique au pape ? Non, on ne peut pas dire que le pape était héritier de Pierre en tout ; il était son héritier dans les mêmes choses que tous ceux qui étaient ordonnés par l’apôtre étaient héritiers, c’est-à-dire dans le pouvoir de lier et de délier, de baptiser et d’enseigner, de retourner les errants sur le droit chemin… »

L’apôtre Pierre n’as pas pu transmettre à l’évêque de Rome son ministère apostolique, car il est unique et ne concerne que ceux qui étaient envoyés par le Christ directement.

Il monta ensuite sur la montagne; il appela ceux qu’il voulut, et ils vinrent auprès de lui (Mc 3.13).

L’apôtre Pierre n’as pas pu transmettre à l’évêque de Rome sa primauté en dignité, car Pierre était le premier parmi les apôtres ce qui est sa propre prérogative.

(Q) L’évêque de Rome Lin (Anaclet, Clément) qui a « reçu » « la primauté de juridiction » de l’apôtre Pierre et « le droit de juger toute l’Eglise et ne pas être jugé par personne » devient ainsi supérieur à l’apôtre Jean Théologien qui était encore vivant à Ephèse (les années 67-100) ? Comment un évêque ordoné par l’apôtre peut juger un autre apôtre ?

(Q) Si tous les évêques de Rome héritent ce qu’a possédé Pierre (« la suprématie d’autorité »), de même tous les évêques d’Ephèse héritent ce qu’a possédé l’apôtre Jean (le bien-aimé disciple du Seigneur). Pourtant, on n’appelle pas les évêques d’Ephèse les bien-aimés évêques du Seigneur. Est-ce l’absurdité?

De même:

Jésus, voyant venir à lui Nathanaël, dit de lui: Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n’y a point de fraude. (Jn 1.47)

Veut-il dire que dans tous les successeurs de l’apôtre Nathanaël il n’y aurait pas de fraude ?

(Q) Si la mort de l’apôtre Pierre en tant que « l’évêque Rome » donne les droits particuliers du pouvoir au siège de Rome, pourquoi cette prérogative ne s’applique pas aux successeurs de Pierre qui héritent tout de lui ? Saint Clément, le troisième pape de Rome est mort en Crimée. Suite à cette logique, ce successeur de Pierre aurait dû transmettre les mêmes droits du pouvoir au siège de la Crimée, selon le lieu de sa mort. Sinon, pourquoi la mort de l’apôtre Pierre communique les droits particuliers, et la mort de son successeur qui hérite tous les privilèges de l’apôtre ne le fait pas ?

Dans l’Histoire de l’Eglise d’Eusèbe de Césarée, nous voyons que Lin était le premier évêque de Rome ce qui prouve que Pierre n’était ni pape ni évêque de Rome, mais l’apôtre :

Or, Eusèbe s’exprime ainsi

(Hist. eccl., liv. III, ch. II) : « Après le martyre de Paul et de Pierre, Linus fut le premier qui reçut l’épiscopat de l’église de Rome. »

(Liv V, CHAPITRE VI)« Après avoir fondé et édifié l’église, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de la gouverner: c’est ce Lin dont Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Il eut pour successeur Anaclet.[2] Après lui, au troisième rang depuis les apôtres, Clément obtint l’épiscopat; il avait vu les bienheureux apôtres et les avait approchés ; »

(Liv. III,ch. Iv) : « Clément fut établi troisième évéque de Rome. » 

(Liv. III, ch. xv) : « Anaclet (ou Clet), ayant été évêque douze ans, eut pour successeur Clément »

(Liv. IV, ch. 1): « Évariste ayant été évêque huit ans, Alexandre reçut l’épiscopat, ayant ainsi le cinquième rang de succession de Pierre et de Paul. »

«  En ce temps, Clément était encore chef de l’église des Romains ((!) pas de toute l’Eglise) et lui aussi venait au troisième rang après Paul et Pierre ; Lin avait été le premier évêque et Anaclet le second. » Liv III. CHAPITRE XXI

D’abord, il est indifférent pour Eusèbe de placer Paul avant Pierre ou Pierre avant Paul, lorsqu’il s’agit de la fondation de l’Église de Rome; les évêques sont successeurs de l’un aussi bien que de l’autre, et ni l’un ni l’autre n’est compté parmi les évêques de Rome.

On doit remarquer que le saint docteur Irénée et Eusèbe de Césarée mettent saint Paul sur la même ligne que saint Pierre. Si donc l’on veut établir l’épiscopat de saint Pierre à Rome, il faudra établir de même, celui de saint Paul ; Rome aura eu ainsi deux apôtres-évêques en même temps.

Tertullian énumère les évêques de Rome dans le même ordre que saint Irénée, et désigne Linus comme le premier et Anaclet comme le second (Tertull., Cont. Marcion, liv. IV.).  Tertullian ne fait même remonter pour Rome la succession de Pierre, par l’ordination, qu’à Clément, troisième évêque de cette ville :

«Que ceux, dit-il, qui se vantent de remonter aux temps apostoliques montrent, par la succession de leurs évêques, qu’ils tirent leur origine d’un apôtre ou d’un homme apostolique, comme l’Église de Smyrne montre que Polycarpe a été ordonné par Jean, ou comme l’Eglise de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre (Tertull., des Prescriptions, ch. xxxII.). »

On pourrait induire de là que Linus et Anaclatus furent ordonnés par saint Paul, qui aurait organisé l’Église romaine avant Pierre. Saint pape Grégoire le Grand appelle les Romains comme disciples de Paul.

Evidemment, l’évêque de Rome Lin n’avait pas « la suprématie » lorsque l’apôtre Pierre était vivant. Et Pierre, même s’il avait eu la suprématie, n’était pas l’évêque de Rome au moment de sa mort, car cet évêque était Lin. Nous avons ainsi deux bouts du fil et il n’est impossible de les relier que par la mort de Pierre qui communiquerait l’autorité supplémentaire à Lin exclusivement et automatiquement et non pas à d’autres successeurs de Pierre comme Evode d’Antioche ou saint Pancrace de Taomine. (Q) D’où vient cette idée absurde de la mort communicant l’autorité exclusive ? Sur quoi elle se base ? Comment la prouver ?

(Q) Comment relier le « suprématie » du successeur de l’apôtre Pierre avec la ville de Rome ? Saint pape Grégoire le Grand ne considérait pas le siège de Rome comme le siège unique de saint Pierre ; il reconnaissait expressément que les sièges d’Alexandrie et d’Antioche étaient, aussi bien que celui de Rome, le siège du premier des apôtres, et que ces trois sièges n’en faisaient qu’un.

«Quoiqu’il y ait de nombreux apôtres, le seul siège du prince des apôtres a prévalu par sa principauté, lequel siège existe en trois lieux … Donc, puisqu’il n’y a qu’un siège unique du même apôtre, et que trois évêques sont maintenant assis sur ce siège, par l’autorité divine, tout ce que j’entends dire de bien de vous, je me l’impute à moi-même. »

 

Enfin saint Grégoire donne à penser que saint Pierre n’a pas été évêque de Rome. En voici un autre qui vient les confirmer :

« Il est certain, dit-il, qu’au temps où les saints apôtres Pierre et Paul souffrirent le martyre, des fidèles vinrent d’Orient pour redemander les corps de ces apôtres, qui étaient leurs compatriotes. On conduisit les corps jusqu’au deuxième mille et on les déposa à l’endroit dit les Catacombes. Mais lorsqu’on voulut les soulever pour continuer le chemin, le tonnerre et la foudre jetèrent une telle épouvante parmi ceux qui essayaient de le faire, que jamais depuis on n’a osé tenter de les emporter (Lettres de saint Grégoire, liv. IV, lettre 30). »

Les Orientaux pouvaient revendiquer le corps de saint ! Pierre, parce qu’il était de leur pays, et que les Romains ne songeaient même pas à leur répondre que son corps leur appartenait à meilleur titre puisqu’il avait été leur évêque.

 

En effet, l’Eglise de Rome, voulant avoir le pouvoir absolu sur toute l’Eglise a créé cette théorie avec la suprématie d’autorité de l’apôtre Pierre et bien sûr avec le passage exclusif de cette suprématie à tous les évêques de Rome pour toujours. Pourtant, évidemment, il y avait, comme nous avons montré, des problèmes avec l’association de l’apôtre Pierre avec la ville de Rome. Nous savons que Pierre a prêché :

  • en Samarie ( Ac 8:14) ,
  • à Lydda (Act 9:32),
  • à Joppa (Ac 9:43),
  • Césarée (Ac 10: 24),
  • Antioche (Galates 2:11)
  • Babylone (1 Pierre 5: 13), la ville près d’Aléxandrie

Et saint pape Grégoire le Grand dit que Pierre à prêché 7 ans à Antioche et il n’est venu à Rome que pour y mourir. Comment donc associer l’apôtre Pierre uniquement et exclusivement à la ville de Rome ? La plus ancienne chronique des papes « Liber Pontificalis »ne mentionne pas parmi les évêques de Rome l’apôtre Pierre ce qui est cohérent avec Eusèbe de Césarée et Tertullian qui appellent Lin comme le premier évêque de Rome.

 

Cela montre de même que l’apôtre Pierre n’a pas pu transmettre sa « suprématie » au siège de Rome, car il n’était pas canoniquement lié avec lui au moment de sa mort.

 

En général, il y a deux tentatives de relier la « suprématie » de Pierre avec les papes de Rome.

 

La première  tentative

La première est via le siège de Rome. C’est une tentative la plus répandue et décrite par les théologiens romains. Voici ce qu’un théologien Ludwig Ott dans son livre fameux des dogmes catholiques dit :

The dogma merely states that the Pontiff of Rome at any time is, in fact, the holder of the Primacy. On what legal title the association of the Roman Pontiff’s Chair with the Primacy rests, is not defined. The more usual theological viewpoint is that it rests not on the historical fact that Peter worked and died as Bishop of Rome, but on positive ordinance of Christ or that of the Holy Ghost-that it is, therefore, of Divine origin. If the connection of the Primacy with the See of Rome were of Church Law only, then a separation of the Primacy from the Roman Bishop’s Chair by the Pope, or by the General Council would be possible: but since it is of Divine Law, a separation is impossible.

en français:

Le dogme indique simplement que le Pontife de Rome est, à tout moment, en effet, le détenteur de la Primauté. Il n’est pas défini sur quel titre juridique repose l’association de la chaire du Pontife de Rome avec la Primauté. Le point de vue habituel des théologiens est que cette association ne repose pas seulement sur le fait historique que Pierre a prêché et est mort en tant qu’évêque de Rome, mais sur l’ordonnance positive du Christ ou celle du Saint-Esprit, qu’elle est donc d’origine divine. Si la connexion du Primauté avec le Siège de Rome était seulement de la Loi canonique, alors une annulation de la Primauté de l’Evêque Romain par le Pape ou par le Concile œcuménique serait possible:  mais comme il s’agit de la Loi Divine, cette annulation est impossible.

Ludwig Ott dit honnêtement qu’on ne sait pas d’où vient l’association de la primauté de juridiction avec le siège de Rome. C’est comme ça parce que c’est comme ça. Et c’est provient de la loi divine et non pas de la loi canonique, parce que dans ce deuxième cas, on pourrait annuler cette association.  Ludwig Ott dit honnêtement aussi que juste le fait de la mort et de la prédication de l’apôtre Pierre ne suffit pas pour transmettre sa primauté. Il faut une ordination divine. Le problème que cette ordination divine et exclusivement pour le siège de Rome n’existe pas. On le voit ni dans la Sainte Ecriture, ni dans la sainte Tradition, ni dans les documents historiques. On le voit que dans la croyance des Latins en la supériorité du siège de Rome.

Cette tentative de transmettre la primauté de l’apôtre Pierre à l’évêque Lin via le siège de Rome a été réfuté ci-dessus. Au moment de sa mort, l’apôtre Pierre n’était pas l’évêque de Rome, car cet évêque était déjà Lin et Pierre n’était pas donc canoniquement associé au siège de Rome. Il est mort comme l’apôtre de tout l’univers et sa liaison avec le siège de Rome était la même qu’avec d’autres sièges des villes où il a ordonné les évêques.

 

La deuxième tentative

La deuxième tentative de transmettre la « primauté de juridiction » de l’apôtre Pierre à l’évêque de Rome est par la transmission directe et personnelle. L’apôtre Pierre a transmis son charisme de la primauté à l’évêque Lin de Rome sans l’intermédiaire du siège de Rome. C’est un avis particulier parmi les Latins et d’habitude ils essayent, comme dit Ludwig Ott, de passer la transmission par le siège de Rome. Cependant, cette deuxième tentative est aussi inconsistante que la première. Tout simplement, parce que nous ne voyons nulle part de témoignages de cette transmission directe du charisme de la primauté de Pierre à Lin, nous ne la retrouvons dans aucun document historique, dans aucun acte, chez aucun saint et père de l’Eglise. Sur quoi se base cette hypothèse? Sur la croyance aveugle ? D’où sait-on que l’apôtre Pierre a personnellement transmis sa « primauté de juridiction » à Lin? De nouveau, c’est comme ça parce que c’est comme ça et ceci ne peut pas être autrement parce que c’est comme ça. Pour cette transmission du charisme de la primauté, nous devrions avoir un rite ou même un sacrement particulier, car il s’agit de la communication du ministère particulier comme une ordination. Aucune source historique n’en parle.

En plus, ce charisme particulier qui transmettrait de l’homme à l’homme, où se trouve-t-il lorsque son détenteur est mort sans la transmettre à son successeur ? Sur qui réside-t-il ? Sur un évêque mort ou il est suspendu au ciel en attendant l’élection du nouveau pape ?
En vérité, détruire la véritable Eglise terrestre du Christ est très simple. Pour cela, il faut tuer tous les évêques de l’Eglise orthodoxe, seulement quelques centaines des hommes. Dans ce cas, la succession apostolique et la transmission du don de Saint Esprit donné par l’imposition de mains s’arrêteraient et l’Eglise terrestre cesserait de vivre. Mais durant les persécutions même les plus cruelles, jamais les persécuteurs n’ont tué tous les évêques. Nous faisons confiance au Christ et gardons Sa promesse que les portes de l’enfer ne détruiront pas l’Eglise. Comme dit saint Cyprien de Cartage, cela signifie entre autre que des évêques véritables du Christ vivront toujours dans l’Eglise jusqu’au second avènement du Seigneur, même s’ils seront cachés à cause des persécutions.
En ce qui concerne le charisme particulier de la primauté, s’il avait existé, il se serait arrêté d’exister lors la mort d’un évêque de Rome qui n’avait pas transmis ce charisme avant sa mort. Le fait que ce sont les hommes qui élisent le pape de Rome après la mort du pape précédant prouve aussi qu’il n’existe pas de charisme particulier qui se transmettrait de l’évêque à l’évêque depuis l’apôtre Pierre. La plupart des théologiens romains plus rusés le comprennent et cherchent ainsi les privilèges pour le siège de Rome par le droit divin.

 


 

 

 

La vraie primauté en dignité du siège de Rome

En vérité, la primauté en dignité du siège de Rome n’était pas par la succession de l’apôtre Pierre, mais elle était remise lors du IV Concile de Chalcédoine. Voici ce que Saint Grégoire le Grand qui a condamné la papauté moderne écrit à ce sujet :

« C’est une chose certaine que ce titre  (évêque universelle) a  été offert au pontife romain par le vénérable concile de Chalcédoine pour honorer le bienheureux Pierre, prince des apôtres. Mais aucun d’eux n’a consenti à se servir de ce titre particulier, de peur que, si l’on donnait quelque chose de particulier à un seul, tous les prêtres fussent privés de l’honneur qui leur est dû. Comment, lorsque nous n’ambitionnons pas la gloire d’un titre qui nous a été offert, un autre a-t-il la présomption de le prendre lorsqu’il ne lui a été offert par personne?» ·

Ce passage de Grégoire est très-remarquable. Ce saint affirme d’abord que c’est un concile qui a offert aux évêques de Rome l’honneur d’être appelés universels; ce concile en eût-il agi ainsi dans le but d’honorer ces évêques, s’il eût cru que de droit divin ils avaient une autorité universelle ? Saint Grégoire assure de plus que le concile voulut honorer les évêques de Rome par honneur pour saint Pierre; il ne croyait donc pas que l’autorité universelle leur vînt par succession de cet apôtre. L’Église de Rome se glorifie avec raison de saint Pierre, parce qu’il l’a illustrée par son martyre. Ce fut donc en souvenir de ce martyre, et pour honorer le premier des apôtres, que le concile général de Chalcédoine aurait offert aux évêques de Rome un titre honorifique. Comment concilier avec ces faits constatés par le pape saint Grégoire les prétentions des évêques actuels de Rome, qui se croient investis de droit divin, non pas seulement du titre d’évêque universel, de Père commun des fidèles, mais d’une souveraineté universelle ?

D’autres preuves sur la primauté en dignité du siège de Rome sont là.

L’Eglise avait le droit du juger la pape, ce qui était fait lors du Ve (et VIe) Concile Oecuménique. Le pape Vigile a été excommunié par le Concile si bien qu’il devait de repentir. Cf. cet article.


Conclusions

  1. Saint apôtre Pierre était le premier des apôtres, le chef, le prince, mais il n’avait pas la suprématie et le pouvoir de juridiction sur toute l’Eglise. Tous ces titres que les saints Pères d’ailleurs attribuent aussi à l’apôtre Paul, Jean et Jacques sont honorifiques;
  2. L’apôtre Pierre n’a pas pu transmettre ce qu’il n’avait pas. Même s’il l’avait, il y a des problèmes considérables avec la transmission elle-même :
    1. L’apôtre Pierre a ordonné des évêques, ses successeurs dans plusieurs villes, y compris Antioche et Aléxandrie.
    2. L’apôtre Pierre n’était pas l’évêque de Rome au moment de sa mort.
    3. Le premier évêque de Rome était Lin, ordonné par les apôtres Paul et Pierre (Irénée de Lyon) ou l’apôtre Paul seul (Tertullian). L’évêque Lin n’avait pas la « suprématie » sur toute l’Eglise avant la mort de Pierre évidemment, ni après la mort de Pierre, au moins, parce que l’apôtre Jean Théologien était encore vivant ; au plus, parce que la mort elle-même ne peut rien communiquer.
    4. L’idée que la mort de l’apôtre Pierre communique l’autorité suprême à un de ses successeurs qui se trouvait dans la même ville où cette mort s’est déroulée est absurde et ne se base ni sur l’Ecriture ni sur la Tradition.
  3. Le rôle de l’apôtre Paul n’était pas inférieur à celui de l’apôtre Pierre dans son ministère apostolique à Rome. Les évêques de Rome sont successeurs de l’un aussi bien que de l’autre.
  4. En vérité, la primauté selon l’honneur du siège a été remise à l’évêque de Rome par les Pères durant les Conciles Oeucuméniques, grâce à la grandeur impériale de cette ville et non pas par la succession de l’apôtre Pierre, comme dit Saint Grégoire le Grand. Le canon 28 du Concile du Chalcédoine dit la même chose : « Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l’ancienne Rome la préséance, parce que cette ville était la ville impériale« 

1 commentaire

Guy Fourchet · 25 novembre 2020 à 7 h 19 min

Bonjour
Le texte sur la suprématie de Pierre est très intéressant.
Pourriez-vous me le transmettre.
Fraternellement.
Guy Fourchet

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