Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci? Il lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux. Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? Pierre lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois: M’aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. Jn 21.15-17

En grec :

ὅτε οὖν ἠρίστησαν λέγει τῷ Σίμωνι Пέτρῳ ὁ Ἰησοῦς Σίμων Ἰωάννου ἀγαπᾷς με πλέον τούτων λέγει αὐτῷ ναί κύριε σὺ οἶδας ὅτι φιλῶ σε λέγει αὐτῷ βόσκε τὰ ἀρνία μου
λέγει αὐτῷ πάλιν δεύ­τερον Σίμων Ἰωάννου ἀγαπᾷς με λέγει αὐτῷ ναί κύριε σὺ οἶδας ὅτι φιλῶ σε λέγει αὐτῷ ποίμαινε τὰ προ­́βατά μου
λέγει αὐτῷ τὸ τρίτον Σίμων Ἰωάννου φιλεῖς με ἐλυπήθη ὁ Пέτρος ὅτι εἶπεν αὐτῷ τὸ τρίτον φιλεῖς με καὶ λέγει αὐτῷ κύριε πάν­τα σὺ οἶδας σὺ γινώσκεις ὅτι φιλῶ σε λέγει αὐτῷ ὁ Ἰησοῦς βόσκε τὰ προ­́βατά μου
En français, il est traduit avec le seul verbe « aimer ». Tandis qu’en grec, il y a plusieurs termes pour décrire les aspects de l’amour : ἐρᾶν, φιλεῖν, στέργεῖν, ἀγαπᾶν.
  1. Sterghen, l’amour comme affection ou attachement à quelqu’un, comme par exemple entre les membres d’une famille;
  2. Filen, l’amour pour les amis,
  3. Eran, l’amour passionnant, comme entre l’homme et la femme. Ce verbe n’est pas utilisé dans la Sainte Ecriture.
  4. Agapan, l’amour divin, le plus haut amour pour Dieu et pour les choses sacrées. Avec ce verbe, il est écrit Dieu est l’amour. ὁ θεὸς ἀγάπη ἐστίν.

Ainsi, le Seigneur demande à l’apôtre Pierre : ἀγαπᾷς με, m’aimes-tu par l’amour le plus haut dont je suis digne en tant que Dieu ? L’apôtre Pierre répond : je suis ton ami. Il n’ose plus à se venter comme autrefois en disant : « Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas.  » Mc. 14.31. L’apôtre Pierre répond maintenant plus humblement. Le Seigneur répond de même sa question : ἀγαπᾷς με, m’aimes-tu par l’amour le plus haut ? L’apôtre Pierre répond : [Non], je suis ton ami. Et la troisième fois, le Seigneur met un doute dans l’amour même amical de Pierre en lui demandant : Simon, Pierre, es-tu mon ami [au moins] ? Et l’apôtre Pierre s’est donc attristé car il était humilié par le Seigneur suite à son triple reniement et a reçu la leçon de ne pas se venter. Là, il répond timidement : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je suis ton ami. Je n’ose plus à dire que je t’aime ἀγαπῶ, mais tu sais que je suis ton ami φιλῶ .

 

 

Comment le Saint Esprit qui a donné la Sainte Ecriture interprète Jn 21.15:17 à travers Ses saints ?

Saint Jean Chrysostome

« Ne voyons-nous pas aussi que Jésus-Christ dit à saint Pierre: « Si vous m’aimez, paissez mes brebis (Jean, XV) », et que par trois diverses fois, il lui dit que ce sera là la marque par laquelle il témoignera qu’il l’aime. On NE DOIT PAS regarder ces paroles comme étant dites SEULEMENT POUR LES PASTEURS DE L’EGLISE. Elles le sont pour chacun de nous, à qui Jésus-Christ n’a commis qu’un petit troupeau, mais qui pour être petit ne doit pas être négligé, puisque Jésus-Christ dit lui-même que son Père céleste y trouve son plaisir et ses délices. Chacun de vous dans sa famille a quelques-brebis. Qu’il ait soin de les conduire et de les nourrir. Aussitôt qu’un père est levé du lit, qu’il ne pense à autre chose jusqu’au soir qu’à faire et à dire ce qui peut contribuer au bien et à l’avancement de sa famille. Qu’une femme ait le même soin. Il est bon qu’elle pense à son ménage, mais qu’elle s’applique encore davantage au salut de toute sa maison, et qu’elle ait soin que chacun se sauve et travaille à gagner le ciel. »

HOMÉLIE LXXVII. SUR MATTHEIU

 

 

 

Saint Augustin d’Hippone

Pour la même raison aussi le Seigneur confia à Pierre, après sa résurrection, le soin de paître ses brebis. Il ne fut pas le seul des disciples pour mériter de paître le troupeau sacré, mais en s’adressant à lui seul, le Sauveur recommande l’unité, comme en lui parlant avant de parler aux autres, il rappelle que Pierre est le premier des Apôtres.

Ce qui a été recommandé et commandé à Pierre ne l’a pas été à Pierre seulement, mais encore aux autres Apôtres, qui ont entendu cela, qui s’y sont attachés et montrés fidèles, principalement celui qui a donné son sang et qui est aujourd’hui honoré avec lui, je veux dire l’apôtre saint Paul. Donc ils ont entendu tous cela et ont pris soin de nous le transmettre pour nous le faire entendre. Nous vous paissons, on nous paît aussi avec vous.

 

SERMON CCXCV. FETE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. I. UNITÉ DE L’ÉGLISE.

 

 

«  Quand le Christ demande à Pierre qu’Il voulait faire un bon pasteur : « Pierre m’aimes-tu ? Pais mes brebis », Il ne le dit pas seulement à Pierre, mais à Son Corps. Ainsi, les frères, le Christ était Pasteur, et Il l’a donné à Ses membres : Pierre est pasteur, et Paul et les autres apôtres, et les bons évêques le sont. »

 

«Ideo Petro quem facere volebat pastorem bonum, non in ipso Petro, sed in corpore suo ait: Petre, amas me? pasce oves meas 

Et quidem, fratrеs, quod pastor est, dedit et membris suis; 
nam et Petrus pastor, et Paulus pastor, et caeteri Apostoli pastores, et boni Episcopi pastores»

 

TRACTATUS 47

 

« C’est donc pour recommander cette unité aux bons pasteurs, que le Seigneur a évité de parler des pasteurs au pluriel. Sans aucun doute, je l’ai déjà remarqué, Pierre, Paul et les autres Apôtres étaient de bons pasteurs, ainsi que les saints évêques qui les ont remplacés, ainsi que le bienheureux Cyprien. Oui, ils étaient tous de bons pasteurs: et pourtant le Seigneur ne leur a point parlé de plusieurs bons pasteurs, mais d’un seul. «Je suis, dit-il, le bon pasteur.» »

« Pierre est donc et pasteur et bon pasteur. Il n’est rien sans doute, comparé à la puissance et à la bonté du Pasteur des pasteurs; il est pourtant pasteur aussi et même bon pasteur, et ceux qui lui ressemblent sont bons pasteurs également. »

 

SERMON CXXXVIII. L’UNITÉ DE L’ÉGLISE.

 

Saint Cyril d’Alexandrie

Therefore, by his thrice-repeated confession the thrice-repeated denial of the blessed Peter was done away, and by the saying of our Lord, « Feed my lambs, » we must understand a renewal as it were of the apostleship, already given unto him, washing away the disgrace of his fall that came betwixt, and obliterating his faint-heartedness, that arose from human infirmity.

 

And, by dwelling on this passage, instructors in religion may arrive at the knowledge that they cannot please the Chief Shepherd,that is Christ, unless they take thought for the health ofthe sheep of His fold, and their continuance in well-being.

 

Cyril of Alexandria, Commentary on John, LFC 43, 48 (1874/1885). Book 12. Vol. 2 pp. 589-708. 

 

Saint Cyril d’Alexandrie dit que :

  1. par la triple confession de l’apôtre Pierre, sont triple reniement est aboli;
  2. les paroles « Pais mes brebis » signifient le renouvellement de l’apostolat qui était déjà donné à l’apôtre Pierre;
  3. A travers la réflexion de ces paroles, les instructeurs reçoivent le savoir qu’ils ne peuvent pas satisfaire le Chef des pasteurs, le Christ s’ils ne prennent pas soin de Ses brebis.

 

Saint Basile le Grand

« Le Christ dit :  » Pierre, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ?  » (Jn 21, 15-16). Il donne le pouvoir égal à tous les Pasteurs et Docteurs qui suivent. La preuve en est que tout le monde a le même droit, comme Pierre, de lier et de délier »

 

« Les règles ascétiques pour les ermites et ceux qui vivent aux monastères »

(source russe)

 

Saint Cyprien de Carthage

« Bien qu’il y ait beaucoup de pasteurs [des évêques], pourtant nous paissons le seul troupeau; nous devons réunir et garder tous les brebis que le Seigneur a acquis par Son Sang et Ses passions. »

For although we are many shepherds, yet we feed one flock, and ought to collect and cherish all the sheep which Christ by His blood and passion sought for;

Epistle 66

Ambrosiaster

«En ce moment-là, ces brebis et ce troupeau ont été remis non seulement à l’apôtre Pierre; mais Il les a reçus avec nous tous, et nous tous [les évêques] les avons reçus.»

Da Dig. Sacerd. cap. II

 

Saint Macaire le Grand

«Ainsi, les apôtres et les ouvriers des âmes intelligents ont été établis (1 Cor. 4.1), ceux qui ne font pas la gestion des maisons visibles, mais des cœurs humains. Car comme un constructeur entre dans la maison et y nettoie tout en la décorant pour satisfaire le hôte, de même la parole apostolique, étant entrée dans les cœurs des fidèles, construit l’âme en la décorant pour satisfaire et y faire entrer le Hôte céleste. Ils étaient nommés les pasteurs : « Pais mes brebis » (Jn. 21.15), – dit le Seigneur à Pierre.  De même, ils étaient les premiers qui ont reçu les clefs du Royaume. Car le Seigneur dit à Pierre: « Je te donnerai les clefs du Royaume » (Mat.16.19»

 

Parole 27. Sur ce que le visible est l’image de l’invisible divin (source russe)

 

 

Théodoret de Cyr

L’interprétation de Jér.3.14

« Revenez, enfants rebelles, dit l’Éternel; Car je suis votre maître. Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, Et je vous ramènerai dans Sion. »

 

Le Seigneur a élu les saints apôtres « un d’une ville, deux d’une famille » et les a établis comme des pasteurs d’après Son cœur. C’est pourquoi Il a dit à divin Pierre : « Simon, le fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pais mes brebis ».

 

L’interprétation du prophète Jérémie (source russe)

 

Saint Bède le Vénérable

« Ce qui est dit à Pierre : « Pais mes brebis », est dit à tout le monde. Car les autres apôtres étaient ce qu’était Pierre, bien qu’à Pierre la primauté soit remis pour établir l’unicité. Ainsi, tous sont les pasteurs, mais le seul est troupeau qui a été pu par le consensus unanime de tous les apôtres, et par la suite, par le soin unanime de leurs successeurs. »

 

«Quod enim Petro dictum est, Pasce oves meas, omnibus utique dictum est. Hoc namque erant caeteri apostoli quod fuit Petrus, sed primatus Petro datur, ut unitas Ecclesiae commendetur. Pastores sunt omnes, sed grex unus ostenditur, qui et ab apostolis omnibus tunc unanimi consensione pascebatur, et deinceps a successoribus eorum communi cura pascitur.»

 

Parole sur la mémoire des saints Pierre et Paul PL XCIV, 218-219

 

Aphraate le Sage persan

La parole aux pasteurs de l’Eglise :

«Vous, les pasteurs, soyez comme le Pasteur assidu [le Christ], le Maître de tout le troupeau, qui s’en préoccupait tellement… Il s’est donné pour les brebis. Il a choisi et instruit les glorieux pasteurs [les apôtres] en remettant dans leur mains les brebis et en leur donnant le pouvoir sur tout Son troupeau. Car il a dit à Simon : « Pais mes brebis » Ainsi,  Simon  passait les brebis, et ayant fini son terme,  il a remis le troupeau à vous [à tous les pasteurs] et il est parti. Vous aussi, passez-les et instruisez-les bien.»
Source: Demonsratio X, de pastoribus

 

 

Conclusions

 

  1. Saint Jean Chrysostome affrime que les paroles  »pais mes brebis » concernent tous les chrétiens à qui au moins même un tout petit brebis est confié.
  2. Saint Augustin d’Hippone dit aussi que ces paroles concernent tous les apôtres, car ils sont tous des pasteurs. A Pierre elles sont adressées pour le rétablir dans l’apostolat suite au triple reniement.
  3. Saint Cyril d’Alexandrie voit dans ces paroles triples le rétablissement de l’apôtre Pierre dans l’apostolat que d’autres apôtres avaient.
  4. Saint Basile le Grand affirme que tous les pasteurs ont le même droit de lier et délier les péchés.
  5. 10 Pères de l’Eglise interprètent unanimement que les paroles « Pais mes brebis » concerne de même manière tous les apôtres, et elles ne sont pas exclusives pour l’apôtre Pierre. Nous avons le consensus patrum pour cette question.

 

 


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