Le prêtre déploie l’ileton* (corporal) sur l’Autel et, à voix basse, récite la première prière pour les fidèles : Nous Te rendons grâce, Seigneur, Dieu des Puissances, car Tu nous as accordé de nous tenir maintenant encore devant Ton saint Autel et de nous prosterner en implorant Tes miséricordes pour nos péchés et pour les ignorances de Ton peuple. Accepte, ô Dieu, notre prière; rends- nous dignes de T’offrir nos prières, nos supplications et nos sacrifices non sanglants pour tout Ton peuple; et rends-nous aptes, par la puissance de Ton Saint-Esprit, nous que Tu as établis pour ce ministère, à T’invoquer en tout temps et en tout lieu, sans encourir de condamnation ni de reproche, avec le témoignage d’une conscience pure, afin que, nous exauçant, Tu nous sois propice, dans Ta grande bonté.(A voix forte) : Car à Toi conviennent toute gloire, honneur et adoration, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Le chœur : Amen.

La chasteté et la pureté de l’âme du prêtre sont les conditions préalables pour qu’il célèbre les saints Mystères sans condamnation. Autrement, « en mêlant les ténèbres à la lumière, la fétidité au parfum, celui-ci aura assurément en partage le malheur et la perdition en raison de ce sacrilège ». Saint Jean Chrysostome dit que l’âme du prêtre doit être plus pure que les rayons du soleil :

« Réfléchis quelles doivent être les mains, instruments de tels Mystères, quelle langue doit être celle qui élève les paroles de l’invocation du Saint-Esprit! Et l’âme qui a reçu tant de grâce du Saint-Esprit, combien doit-elle être plus sainte et plus pure que tout autre chose! »

Toutefois, la pureté qui est exigée du célébrant des Mystères est en substance un don du Saint-Esprit et de l’amour du Christ. Cette vérité est exprimée aussi dans la prière correspondante de la liturgie de saint Basile : Rends-nous aptes à ce ministère par la puissance du Saint-Esprit. Le prêtre rend donc grâce au Seigneur car II l’a rendu digne d’accourir vers Ses entrailles de miséricorde et il Le supplie de le rendre digne d’offrir le sacrifice eucharistique. Le Seigneur, qui est l’abîme de la miséricorde, prend pitié de Son célébrant lorsque celui-ci à son tour se distingue par « l’abîme de l’humilité ». Cette humilité rend le prêtre digne de célébrer la sainte anaphore. C’est pourquoi saint Théognoste conseille au célébrant: « Humilie-toi comme si tu étais une brebis destinée à l’abattoir, considérant réellement tous les hommes comme supérieurs à toi » et « considère-toi comme poussière et cendres (Gn 18, 27) ».

Par l’humilité, le prêtre prend conscience qu’il se trouve devant l’Autel à la place du Christ. De même que lors de la Cène Mystique, le Seigneur était le célébrant du Mystère qui est le salut du monde, ainsi, dans la divine liturgie également, c’est Lui qui « accomplit tout et transmet » les saints Mystères au fidèle.

L’Amen que chante le peuple à la fin de la première prière des fidèles signifie qu’eux aussi, à l’instar du célébrant, ressentent la sublimité du ministère sacerdotal : « C’est pourquoi tout le peuple qui se trouve à l’extérieur du sanctuaire sacré aussi compatit et prie avec le prêtre. » Cet Amen affirme la solidarité du fidèle avec le combat et l’angoisse du célébrant