Le prêtre prend dans ses mains la même prosphore, ou une seconde, et découpe avec la lance la petite partie triangulaire du sceau en disant: En l’honneur et mémoire de notre toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie. Par ses prières, agrée, Seigneur, ce sacrifice sur Ton Autel céleste.

Puis, enlevant avec la lance la parcelle de la Mère de Dieu, le prêtre la place à droite de l’Agneau et dit : A ta droite se tient la Reine, en vêtements tissés d’or, parée de couleurs variées.

Dans l’office du Temps, que nous avons évoqué plus haut, le célébrant a demandé à la Mère de Dieu, bénie par-dessus tout, de devenir la porte qui mène à la Vie. Maintenant, par le célébrant, nous demandons sa très sainte intercession, afin que notre offrande soit acceptée.

La Mère de Dieu est l’Autel immaculé sur lequel est offert le Sacrifice eucharistique. Elle est le lieu où son Fils Unique repose par les saints Mystères. Car « Où donc ailleurs le Christ, cette nouvelle Victime, devait-il toujours se trouver, si ce n’est en Celle qui Lui donna naissance… puisqu’un autre lieu plus saint que Celui-ci ne pourrait exister » ?

La Mère de Dieu est le lien du Ciel et de la Terre, Elle se tient entre l’homme qui offre un sacrifice de louange (He 13, 15) et Dieu qui reçoit l’offrande. Du Christ, la tête du corps de l’Église, jaillit tout don parfait (Je 1, 17) ; et par la Mère de Dieu, qui est la nuque du Corps, le don divin parvient aux fidèles, les membres du Corps. « La Mère de Jésus, qui porte directement la tête, le Christ, est une médiatrice entre la tête et le Corps de l’Eglise. D’une certaine façon, Elle est le lien qui joint les deux comme une nuque… Par conséquent, comme la tête [le Christ] est la seule voie qui mène au Père… cette sainte nuque [la Mère de Dieu] est aussi une voie, la seule qui mène chacun à la tête de tout », le Christ.

Par son ministère dans la divine économie, la Mère de Dieu est devenue la bienfaitrice de toute la création. Le Ciel et la Terre, les hommes et les anges ont reçu la bénédiction de la Mère de Dieu. La Vierge « a fait se lever la lumière même pour les anges et elle leur a donné la possibilité de devenir plus sages et plus purs qu’avant, de connaître mieux la bonté et la sagesse de Dieu… De cette façon, la Vierge a créé un ciel nouveau et une terre nouvelle. Ou bien, plutôt, c’est Elle-même qui est la nouvelle terre et le nouveau ciel » (Ap 21, 1).

Il y a deux raisons pour lesquelles nous considérons la Vierge comme nouvelle terre et nouveau ciel. Premièrement, parce qu’Elle a contenu en son sein « Celui que les Cieux immenses ne peuvent contenir ». Deuxièmement, en raison de sa pureté. En conséquence, il est clair que « ce que le prophète David appelle “le Ciel du Ciel” et qui, comme il le souligne, se rapporte uniquement au Dieu unique, disant le Ciel du Ciel est au Seigneur (Ps 113, 24) est la Vierge bénie ».

Si, cependant, la Vierge était « le Ciel du Ciel » alors quelle vivait sur terre, au Ciel, sa place est analogue. La Très Sainte Mère de Dieu est la Reine du Ciel. Pour cette raison, la toute-sainte dormition était une solennelle célébration du Ciel, présidée par le Christ Lui-même. Saint Jean Damascène dit, en s’adressant au Christ :

« Descends, descends, ô Souverain, viens payer à Ta Mère la dette qu’Elle mérite pour T’avoir nourri… Adresse-lui un doux appel : Viens, ô belle, ma bien-aimée (Ct 2, 10)… Tu m’as fait part de tes biens : viens jouir avec moi de ce qui m’appartient : approche et partage la puissance royale avec Celui qui, né de toi, vécut avec toi dans la pauvreté. »

La joie du Ciel ne connaissait pas de limite lorsqu’il reçut la Reine. L’hymnographe de l’Église célébra l’événement :

« A ta rencontre, au chant des hymnes, en une solennité pleine d’allégresse, les puissances s’avancent, semblant dire: Quelle est celle-ci, qui monte dans tout son éclat, qui apparaît comme l’aurore, belle comme la Lune, resplendissante comme le Soleil ?… Le Roi t’a introduite dans sa chambre… (Ct 8, 5 ; 6, 10 ; 1,4)… Tu es parvenue jusqu’au trône royal de ton Fils Lui-même, que tu vois de tes propres yeux. Tu te réjouis et te tiens près de Lui… Tu bénis le monde, tu sanctifies tout l’univers. »

Le célébrant, alors qu’il place la parcelle de la Mère de Dieu à droite de l’Agneau et prononce le verset du psaume A Ta droite se tient la Reine, manifeste l’honneur que le Christ rend à Sa Très-Pure Mère : « Telle une Reine en ses habits brodés d’or, resplendissants par l’éclat de l’Esprit, ô Toute-Pure, ton Fils t’a placée à Sa droite. »